Après que...

Tribune libre 2008


Après que les forêts furent données par les gouvernements québécois à
autant de pillards, malfaiteurs et dévastateurs industriels que les
papetières multinationales dont j'évite le nom, voilà que l'idée est lancée
de produire des combustibles à base de biomasse végétale pour alimenter nos
saintes voitures individuelles. Un autre excellent prétexte pour en finir
avec la forêt boréale québécoise.
Après que l'inactivité de ces mêmes gouvernements n'ait apporté aucune
solution viable pour pallier à l'exode rural, voici qu'il déclenche une
véritable manigance nationale pour que les grands consortiums étrangers
remportent la mascarade des appels d'offres dans le secteur de l'énergie
éolienne, plutôt que d'accorder les ressources nécessaires aux villes et
villages régionaux qui en auraient grandement bénéficié. Pour en finir
avec les régions...
Après que les premiers pas du Québec aient été faits en matière
d'extraction pétrolière, une absurdité quand nous savons qu'il sera brûlé
dans des moteurs à explosion, voici qu'un port méthanier sera bâti près
d'un quartier résidentiel, en face de l'île d'Orléans, lieu touristique
unique, dans un fleuve dangereux aux récifs nombreux, et qui plus est,
alimenté par des gazolières étrangères, politiquement instables, aux
installations énergétiques plus que douteuses. Préparez vos salopettes et
vos bottes d'eau, gare au premier cargo russe qui sombrera, échappant son
St-méthane dans notre St-Laurent!
Et que dire de nos agriculteurs, qui ont donné coeur et âme pour nourrir
ces 7 millions d'habitants et qui se retrouvent pris entre les serres
pesantes de la mondialisation. À grands sillons labourés, ils finissent,
dans la déception, de puiser à la terre ses dernières ressources pour en
tirer quelque profit, alors que la relève a des visées alternatives,
écologiques, et une incapacité de réaliser ses rêves dans un monde
agricole possédé par les grandes filiales de l'alimentation. Un pas de plus
pour en finir avec la noble paysannerie...
Au Québec, nous aimons l'absurdité. Nous ne nous faisons plus manger la
laine sur le dos car il ne nous reste qu'un servile duvet, bon à rembourrer
les taies de l'inconscience où nous dormons comme des larves. Nous aimons
la pluie noire des maladies, la stérilité d'une terre que nos ancêtres ont
travaillé pour nous, la pollution d'un fleuve qui est la veine et la clef
de voûte de notre peuple, et plus que tout, nous n'aimons pas, nous
n'aimons plus vivre ensemble, dans le respect des êtres et des choses.
Aux poubelles, ce pays! Il n'en restera bientôt que des relents
d'escarbilles, et quelques tisons ça et là, sous la fumerolle qui
témoignera de la disparition de nos convictions. En route avec les
wennebagos pour Fort Loderdale, manger de la poutine sur la plage de Miami,
et chantonner des airs de Vigneault avec nos Crocs dans les pieds, une
bédaine de bière pour se souvenir, et des vieilles raquettes qu'on vendra à
un antiquaire centenaire qui ne se souvient plus de son nom.


-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mai 2008

    Le plus absurde, cher monsieur, c'est de continuer à voter pour un parti (PQ) qui dit qu'il aa faire éventuellement l'indépendance, mais qui évacue de son discours la cause même qui devrait alimenter son existence.
    Relire les discours de Bourgault.
    Pierre B.