400 ans de rencontres

Depuis que les célébrations du 400e anniversaire de Québec ont pris leur envol, certains accusent le gouvernement du Canada d'avoir «usurpé» les fêtes et déformé l'histoire à son profit.

Pratte, les mots me manquent...


Depuis que les célébrations du 400e anniversaire de Québec ont pris leur envol, certains accusent le gouvernement du Canada d'avoir «usurpé» les fêtes et déformé l'histoire à son profit. On a notamment déploré la présence de Michaëlle Jean à La Rochelle et dénoncé les propos de Stephen Harper selon lesquels la fondation de Québec marque le début de l'histoire du Canada. Hier, des souverainistes ont tenu un spectacle parallèle aux cérémonies officielles.

Ce courant exprime une conception caricaturale de notre histoire. Comme si la Nouvelle-France était un paradis et que depuis la Conquête, les francophones d'Amérique avaient été plongés dans un enfer dont ils ne sortiront que le jour de l'indépendance. Or, ce n'est pas minimiser les souffrances et les combats des Québécois francophones que de souligner combien ce que nous sommes aujourd'hui est tributaire de nos rapports - parfois difficiles, parfois fructueux - avec les Britanniques puis les Canadiens anglais.
L'histoire est souvent écrite en noir et blanc. La réalité, elle, est peinte de couleurs multiples et nuancées. «Québec nous fournit l'occasion d'explorer le début de toutes nos rencontres et de tous nos métissages entre Français, Anglais, Irlandais, Amérindiens», disait hier la Gouverneure générale. Les Québécois ont beaucoup de mal à reconnaître à quel point ces rencontres, en particulier celle avec les Anglais, ont été déterminantes pour notre culture, nos institutions, notre façon de penser, notre architecture...
Le groupe à l'origine du spectacle «Off-400e», Commémoration Québec 1608-2008, dit vouloir donner à l'histoire la place qui lui revient au cours de cet été festif. Toutefois l'histoire dont il est question est tronquée de tout ce qu'il y a de positif dans les relations entre les deux peuples fondateurs du Canada. Ces gens ont imaginé une épopée française pure, débarrassée de toute trace de la présence anglaise autre que vile, ce que Biz de Loco Locass appelle les «scories» de notre histoire. Pour ces militants, le fer doit être replongé dans la plaie jour après jour, même les jours de fête. L'antique blessure ne doit jamais guérir, sinon comment justifier l'amputation?
Ainsi, ils n'auront pas remarqué le discours du premier ministre du Canada, qui a réaffirmé hier avec force la reconnaissance de la nation québécoise, une «vérité fondamentale du Canada», un «fait historique irréfutable». N'est-ce pas là un progrès à souligner plutôt qu'une usurpation?
Il ne s'agit pas, répétons-le, d'ignorer les injustices - terribles - et les luttes, opiniâtres. Il s'agit d'admettre que tout ne fut pas sombre et qu'en définitive ces quatre siècles de rencontres ont fait de nous un des peuples privilégiés de la planète. Il s'agit aussi, comme l'a dit Mario Dumont, de savoir «baisser la garde» de temps en temps afin de célébrer notre réussite. De fêter tous ensemble, tous Québécois.

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André Pratte878 articles

  • 308 197

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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