20 mai 1980, Et puis, 30 ans après?

Référendum du 20 mai 1980 - 30 ans plus tard

Aujourd'hui même, il y a trente ans, pour la première fois de son histoire, le peuple québécois se prononçait sur son avenir. Toujours auparavant, son sort fut scellé par l'"indirect rule", ce régime qui veut qu'en tant que colonie, ce sont les élites indigènes qui prennent les grandes décisions et gèrent le territoire au profit de la nation coloniale. L'"indirect rule" fit la fortune de l'Angleterre. Le 20 mai 1980 , le Québec vit une révolution dans les pratiques politiques: le peuple lui-même débattit de son statut et de la loi fondamentale le régissant, la constitution. La réponse importa peu. Le processus accrédita la démocratie populaire. Dorénavant, le peuple lui-même allait décider de son avenir. Par les urnes et non par les armes.
C'est là une autre originalité québécoise! On ne connaît pas de peuple n'ayant jamais été indépendant qui ait conquis sa souveraineté politique par les urnes. Toutes elles l'ont conquises par les armes. Seules des nations ayant été d'abord indépendantes et ensuite soumises de force à des tutelles étrangères ont récupéré leur souveraineté par les urnes. Ce fut le cas des pays baltes et de ceux des balkans.
Le Québec ne fut jamais indépendant. Il est le seul à vouloir s'affranchir sans armes par un processus totalement démocratique. En entretenant, faut-il le dire, quelques illusions sur le respect des règles égalitaires de la part de ceux qui s'objectent à son projet. Néanmoins, sa réussite tiendra à son respect intégral des règles qu'impose la démocratie moderne.
Gesca publie aujourd'hui un sondage fédéraliste dont il tire la manchette que la souveraineté est dépassée. Il masque en même temps les résultats de son propre sondage qui confirme qu'en cinq ans les opinions qui se déplacent au Québec le sont à l'avantage de la souveraineté. Mais l'objectif précis de Gesca est d'accréditer qu'il 'y a de moins en moins d'intérêt pour la question nationale. Et c'est vrai, compte tenu, notamment, de la dépréciation de la pratique politique à laquelle Jean Charest a superbement contribué et du cynisme que son comportement a engendré.
Cela étant, les peuples comme les individus aspirent viscéralement à l'indépendance. On ne connaît aucun peuple qui y ait renoncé après en avoir joui. Le Québec y parviendra par un processus large de maturation. Le temps importe moins. La trajectoire de fond, davantage. Le sondage des fédéralistes nous réconforte.


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