Où étiez-vous le 20 mai 1980

Une vraie et triste histoire vécue

Je crois que Monsieur Lévesque avait raison et que ce 20 mai 1980, nous avions vraiment dit: « à la prochaine fois ».

Référendum du 20 mai 1980 - 30 ans plus tard

(le 20 mai 2010, Vigile était malheureusement sur le derrière.
Heureux de le voir de retour)
Où étiez-vous ce 20 mai 1980 ?
Moi, je m'en souviens comme si c'était hier.

Ce 20 mai 1980, il faisait beau comme aujourd'hui. Un soleil radieux, un été naissant.
Très tôt, j'avais été voter sur la rue Marianne (je crois) à Montréal.
C'était le vote plus important de ma vie. Bien plus que pour n'importe quelle élection. Ce n'est pas tous les jours qu'on vote pour son Pays !
Je m'en souviens comme si c'était hier..

Ce 20 mai, je commençais mon travail à 17 heures. J'étais au service de la CBC. Ce soir-là, je travaillais pour l'émission spéciale "Quebec Referendum". J'enregistrais tout ce qui se passait à l'auditorium de Verdun. Le camp du NON.
Je travaillais avec mon ami, Lorenzo. Un bon ami, un bon vivant d'origine italienne. De son côté, Lorenzo, enregistrait tout ce qui se passait au regretté et légendaire centre Paul Sauvé. Le camp du OUI.
Lorenzo était pour le NON, il enregistrait le OUI, moi j'étais pour le OUI et j'enregistrais le NON. C'était bien drôle !
En début de soirée, on ne perdait pas une occasion pour se narguer.
Lors d'essais techniques de tableaux et de titres pour la surimpression sur les images en directes, le studio avait mis le NON en avance. Je disais à Lorenzo, avec mon sourire souverain: «Profites-en, mon Lorenzo, parce que tu verras quand les résultats vont sortir, ce ne sera pas le NON qui sera en avance ! »
De toute la soirée, je crois bien que ce fut mon unique moment de bonheur. Dès les premiers résultats, le compte était serré. Je me demande même si le OUI a mené un court instant. Le NON dominait. J'avais perdu mon sourire vainqueur, moi qui étais si convaincu que le Québec entier avait suffisamment de fierté pour se donner un Pays.
Puis la soirée fut longue. J'ai dû subir tous ces discours victorieux qui nous arrivaient de Verdun. J'avais été profondément choqué du ton presque fendant de Ryan qui jouissait devant ses mornes troupes.
J'ai dû retenir mes larmes devant mon ami Lorenzo, lorsque je regardais ce qui se passait au centre Paul Sauvé. L'auditorium de Verdun ce camp victorieux était bien calme par rapport au Centre Paul Sauvé. Au Centre Sauvé l'émotion était à couper au couteau. L'émotion me restait prise dans la gorge, moi le volubile, j'étais sans voix, sans son. Tout ce que j'espérais c'était sortir au plus vite pour aller retrouver ma blonde.
J'espérais que ce ne soit qu'un rêve. J'espérais me réveiller, m'ouvrir les yeux et voir le Québec sous un soleil brillant et reconnu par le monde entier.
30 ans ont passé depuis que Monsieur Lévesque nous a dit: «Si je vous comprends bien… »
Nous avait-il bien compris ?
C'est une réelle déception de voir que trente ans plus tard, la prochaine fois ne soit pas encore venue.
Mais, si nous partageons un peu plus, un peu mieux notre fierté québécoise, je crois que nous pouvons être contagieux. Je crois et je constate que les nouveaux arrivants qui ne se cloisonnent pas dans leurs ghettos communautaires prennent notre accent et adopte même nos charmants défauts. Ils développent aussi la même fierté du Pays que nous avons.
Je crois que notre Pays avec sa culture et sa langue distinctes et uniques en Amérique du Nord, malgré qu'il ne soit pas encore reconnu, le sera un jour. Je crois que Monsieur Lévesque avait raison et que ce 20 mai 1980, nous avions vraiment dit: « à la prochaine fois ».
Gens du Pays, c'est votre tour…
Serge Charbonneau.

Québec
P.S.: Il y a bien longtemps que je n'ai pas revu Lorenzo. S'il me lit, je le salue et j'espère que son vin est toujours aussi bon.
As-tu toujours ton T-Shirt que CBC nous avait donné pour l'événement ?.

Moi, oui, mais je ne l'ai jamais mis.


Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mai 2010

    J'ai voté deux fois dans ma vie. En 1980 et en 1995. La première fois, j’avais vingt ans (Hier encore, j'avais...). Enveloppé dans un drapeau québécois, je pleurais à chaudes larmes lorsque René Lévesque – homme à qui j’avais serré la main peu auparavant (jamais une main ne m’avait paru plus douce ! Sauf peut-être celle de la femme que j’ai le plus aimée !) – a parlé au micro, le soir du vingt mai.
    En quatre-vingt-quinze, de retour de Paris, le 30 octobre, juste à temps pour voter, je me suis de nouveau retrouvé bercé par les larmes ! Sans le drapeau ! L’emblème, sur moi, n’avait plus prise.
    Depuis, je ne vote plus (Entendons-nous bien. Pourquoi voterais-je pour quiconque n’est pas à la hauteur de mon pays, y compris les inféodés du Parti Québécois ?). Mon vote ne comptera que lorsque je pourrai dire, voilà ! Je suis citoyen Québécois avec tous ses devoirs et responsabilités (qui ne sont pas ceux des armes, de l’agression, du fondamentalisme, peu importe où il se trouve). Car je place les droits à leur suite. Ces pays qui mettent ces derniers au centre de «leur» souveraineté ne peuvent que faillir. Car ils sont pour un ordre sans intelligence (la loi du plus brutal, non du plus fort. Je les trouve insignifiants – qui ne signifie rien – ceux qui annihilent. Avant de tuer, il faut d’abord commencer par se tuer soi-même. Le hurlement qui accompagne le premier coup de poignard qu’on donne est double. Il y a à la fois le cri de l’agresseur comme celui de l’agressé. Après, c’est plus « facile ») et savent bien semer la zizanie partout où ils passent. Quand un pays est un peuple, il n’a pas besoin d’instaurer un régime de droits pour « se » (comme s'il existait, comme s'il était incarné) protéger de ses citoyens. Actuellement, tous les pays sont des monarchies quand ce ne sont pas des dictatures. Ils asservissent leur peuple, ne les guident ni ne les consolent.
    Ainsi, le British Law n’a pas pris une ride. Il règne sur le monde et se dissimule derrière le sionisme, le républicanisme, la Révolution française, Wall Street ! Quant à l’Islam ? Il faut remettre cette politique dans son contexte. Tout comme le christianisme, cette idéologie s’explique par une lente fermentation des pulsions et des pouvoirs. Il ne servira à rien, dans un pays nouvellement acquis comme le Québec, de faire se heurter ces confuses idéologies. On n’acquière le droit d’être que quand on équilibre et la vie de l’autre, et la sienne.
    Peut-être qu’un jour, je voterai de nouveau. Mil neuf cent quatre-vingts, mil neuf cent quatre-vingt-quinze, deux mil dix !
    Il ne reste que six mois. Et pourtant, quelle façon de galvaniser un peuple ce serait que de lui donner rendez-vous tous les quinze ans !
    André Meloche
    Sainte-Sophie
    P.S. En littérature, on étudie ce qu’on appelle la « génération des vingt ans ». Comme on dit que les enfants s’éveillent plus rapidement qu’auparavant et que les adultes s’abrutissent au même rythme, il me paraît raisonnable de retrancher quelques années au concept littéraire. Cela dit, la fenêtre qui s’ouvre, entre l’éveil et l’abrutissement, est bien étroite. Il faut donc faire voter les jeunes « à » dix-huit ans ! Car ils sont assez rêveurs pour renverser l’ordre établi et pas encore encroûtés pour s’y réfugier ! Le Québec n’est pas prêt à voter avec clairvoyance. Nous devons descendre plus bas encore. Il faut atteindre le « fond », sachant qu’il n’existe pas. Gaston Miron le savait. Et lorsque je voterai de nouveau pour mon pays, j’aurai encore une fois l’impression que j’ai dix-huit ans ! Cela dit, j’aime le Québec. Pour moi, il est déjà un pays de par son incroyable soif d’être, mais de n’être pas seul.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mai 2010

    Bel article Monsieur Charbonneau, a cette époque je vivais en Montérégie dans une circonscription Péquiste, l'ambiance était tellement au OUI que je ne croyais pas du tout les résultats, a un point tel que j'ai pensé qu'il y avait erreur, ce serait très dur de revivre une soirée comme celle-la, il ne faudrait pas que ça arrive encore.
    Bonsoir a vous et continuez avec votre logique.
    Christian Lambert

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    21 mai 2010

    "Pas drôle d’être un pauvre mal aimé depuis si longtemps."
    En tout cas, pas pauvre! Le pont d'or qui l'a amené à Québec n'est toujours pas connu: niveau de vie au-dessus des revenus.
    Et maintenant qu'il renonce à la partie "révélée" du pont d'or, nous saurons bientôt quelle sera sa récompense pour avoir perpétué la "indirect rule" de la monarchie canadian, soit bloquer les "separatists". cf Gérald Larose, 20 mai:
    http://www.vigile.net/20-mai-1980-Et-puis-30-ans-apres

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mai 2010

    Le 20 mai 1980,le premier référendum,Jean Charest n'a pas voté.
    C'était un jeune marié qui travaillait sur un navire marchand.L'histoire ne dit pas si c'était un bateau de Paul Martin.
    L'histoire ne dit pas s'il rêvait d'être le PM majoritaire du Québec pour fêter le 30 ième anniversaire du NON.
    Pas drôle d'être un pauvre mal aimé depuis si longtemps.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mai 2010

    Le souvenir que j'ai c'est que le premier score qui avait sorti était quelque chose comme
    OUI: 0
    NON: 100
    On pensait que c'était une erreur d'ordinateurs comme c'était arrivé à un moment donné avec les ordis de TVA qui avaient élu l'Union nationale!
    Ben non, c'était vrai. C'était un village anglo de la Cote-Nord (celui de la Grande séduction?)
    Après, on s'est rapidement aligné vers le 60-40. A 8h30, les carottes étaient cuites. Sti qu'on était sur la déprime. C'est pas de perdre qui faisait mal. On s'y attendait. C'est de se faire taper.