Penser le Québec - Dominic Desroches

Penser le Québec

L'hiver de force

Sur le retournement des élites québécoises


Le Québec stagne. Il est replié. Il gèle et n’a plus de rêve. Au lieu de s’occuper de lui-même, de s’offrir un printemps avant l’heure, il reste dans sa petite cuisine et laisse son élite se retourner contre lui. Il se laisse affoler par les revenants de toutes sortes et les fantômes du passé. La liberté collective disparaît parce que les Québécois, abandonnés par les leurs, ont maintenant besoin des autres, comme s’ils n’étaient plus rien par eux-mêmes. Cela est d’autant plus triste que l’hiver, s’il n’était pas forcé mais choisi, pourrait mener au pays. L’hiver, on se rappellera Gilles Vigneault, pourrait être une si belle saison.

Penser le Québec

La décomposition du Québec mythique

Notes sur la famille politique


Nous avons célébré la « Révolution tranquille » nommée par les autres. Nous avons cru en notre système d’éducation et prétendu défendre notre système de santé. Nous avons pensé que le Québec était désormais laïque, moderne et prospère. Nous avons cru au pouvoir de la loi 101 et à l’élection du Parti québécois. Nous avons proclamé haut et fort que notre démocratie était exemplaire. Nous avons aussi estimé, en nous racontant notre propre récit, que le Québec avait gagné ses batailles et qu’il s’était levé pour exister. Nous avons rêvé et nous avons raconté notre mythe à nos enfants pendant quarante ans.

Départ de Dominic Desroches.

Un Québec foutu (3)



Sachez pourtant, professeur philosophe, du haut de votre paradis littéraire, que les politiciens à courte vue auront toujours besoin de livres de chevet écrits par des penseurs. S’ils vous trouvent, ils pourront nous assurer que "le Québec n’est pas foutu !"

Penser le Québec

La transformation des fantômes en éoliennes

Sur le discours à venir – Suivi de la chronique nécrologique de l'auteur


Ce vent du changement peut émaner d’un fait banal, d’un lancement de livre, d’un coup du sort, ou d’un grand rassemblement post-24 juin. Le vent du changement sera celui qui soufflera au lendemain de la fête nationale et ne cessera pas son déplacement le 1 juillet suivant. Ce vent du changement se sentira dans les quotidiens et les journaux, dans institutions en crise et dans les discours publics. Si ce n’est pas tout le monde qui voudra souffler dans la même direction, le majorité devra, pour une fois, compter.

Réponse à Dominic Desroches

Collaboration spectrale

Peut-être les temps sont-ils mûrs pour reconnaître que le cas québécois prend une tournure de plus en plus sinistre


Très suggestive cette métaphore spectrale de Dominic Desroches, très proche de mes propres intuitions. Il me semble en effet que l’imaginaire fantastique est celui qui convient le mieux pour interpréter l’univers dans lequel nous entraînent le politique et les médias dont la sottise, l’irresponsabilité, si ce n’est la malice, nous font plonger en pleine irrationalité. Quelques interventions dispersées donnent à pens...

Penser le Québec

Petit essai de météorologie politique québécoise

De l’air ambiant à l’interprétation difficile des météores


« Une petite rébellion de temps en temps, c'est comme un orage qui purifie l'atmosphère » Thomas Jefferson Au Québec, nos fantômes se disent de plusieurs manières : par la politique, par la littérature, par l'art, par le sport, etc. Lors de quelques contributions récentes, nous avons tenté de montrer que les apparitions soudaines de spectres recèlent une signification politique certaine, que la fédération...

Perche tendue à Dominic Desroches

Un Québec foutu ! (2)



Pour mon 70e article, je reviens au Québec foutu : Dans cette opinion, je faisais ressortir trois textes pouvant suggérer que le sort du Québec était perdu. L’un d’entre eux était : Dominic Desroches - La politique spectrale. Or l’auteur a bien voulu réagir en laissant ce mess...

Penser le Québec

Le fantôme de Shakespeare - <i>To be, or not to be... in French?</i>

L'esprit de notre langue en quatre actes


Les spectres nous parlent et nous envoient des messages. Ils communiquent et nous font peur en même temps. Dans la peur, ils nous parlent de nous-mêmes, de notre passé, mais aussi de notre avenir si nous accordons crédit à leur discours. Ils nous révèlent des vérités qui pourraient nous être utiles si l'on décidait de s'engager à chasser les mauvais esprits.

Penser le Québec

<i>The Haunted House</i>

Histoires d'horreur et soirées d’épouvante dans le grand manoir


Il ne reste plus qu'à espérer que cette jeune génération de chasseurs de fantômes aura appris à ne pas reculer lorsqu'elle entendra siffler… Si le vent ne souffle pas encore de leur côté, les chasseurs les plus patients trouveront bien, dans les opportunités à venir, de petites chances de transformer notre peur historique en courage. Les fantômes et les spectres, aussi vieux soient-ils, ont peur de ceux qui ne les craignent pas !

Penser le Québec

La politique spectrale

Sur la signification des dernières apparitions


Insouciants d'être encore aujourd'hui hantés par notre passé, nous sommes partis pour disparaître dans la joie du hockey révolu et la présence spectrale de la monarchie britannique. Devenus des « revenants » pour eux-mêmes, on peut douter que les Québécois - qui auront eu droit en 2009 à tous les signes que peuvent leur donner les spectres -, réussiront enfin quelque chose.

Penser le Québec

« Petit poème sur un grand fleuve »

Hommage à Pierre Perrault


Les Québécois n’oublieront pas Pierre Perrault, lui qui a consacré sa vie à transcrire la poésie du fleuve, à immortaliser la beauté du territoire et à honorer la grandeur de ses habitants.

Penser le Québec

Le Québec de "Mon oncle Antoine"

Hommage à Claude Jutra


Si les liens entre les générations, malgré les efforts et la tradition, ne sont pas assurés, c’est la mort qui finira par triompher. La chute du cercueil en pleine tempête de neige peut signifier beaucoup plus qu’il n’y paraît à première vue. En effet, que peuvent faire les jeunes Québécois sans leur mère patrie accompagnatrice ? Comment faire pour relever le défi des hommes en fuite devant leur responsabilité collective ? Comment apprendre à vivre avec ces hommes défaillants ? Ces questions, à n’en pas douter, sont lourdes de signification et exigent la plus haute réflexion.

Penser le Québec

Engagement dans l’enfermement et anticipation de la censure

Hommage à Gilles Groulx


Le message est clair désormais : il faut absolument quitter le système de domination pour le comprendre. Les anglophones dominent encore les francophones et les niveaux de vie ne sont pas comparables. Plus le temps passe, plus le temps presse : 82% des Québécois en 1960 ne contrôlent pas 20% de l’économie du Québec. Il faut un changement majeur, une révolte, une reprise de la révolte des Patriotes. Ce n’est donc pas un hasard si Groulx tourne les images touchantes de Claude marchant dans le champ, un long fusil à la main. S’il prend le fusil, il ne le tiendra pas assez longtemps pour changer le monde et l’histoire.

Penser le Québec

L’as des espions canadiens en images

Hommage à Jacques Godbout


Les Québécois, qui ont rejeté la religion d’espionnage et subissent celui du Canada, ne semblent pas vouloir espionner pour leur propre compte. Tout se passe comme s’ils n’avaient pas réussi, enfermés dans leur religion et le culte du divertissement, à développer la « grande politique » qui les aurait obligés à apprendre à se défendre eux-mêmes. Ici, la comédie se fait sérieuse et annonce nos prochaines années.

Penser le Québec

La quête imaginaire des origines

Hommage à Jean-Claude Lauzon


Le Québécois ou le Canadien français n'a pas appris à haïr. Quand cela compte vraiment, il recule et s'effondre.

Penser le Québec

L’espérance du patient québécois. Hommage à Bernard Émond



Or, notre croyance en nous-mêmes semble provenir de cette situation paradoxale : d’un côté, nous sommes des courageux et des audacieux, de l’autre des résistants et des conservateurs. En vérité, une partie de notre confiance en nous-mêmes vient du silence légué par nos grands-parents. Ce silence est certainement celui de souffrance, celle de nos ancêtres courageux travaillant dans le silence sur les terres, dans les champs et les forêts.

Penser le Québec

Les grands exploits

Sur quelques enseignements tirés de notre folklore


Ce rappel de notre itinéraire historique ne peut se réaliser sans qu'on soit forcé d'avouer en même temps qu’il n’est pas terminé. De navigateurs français à habitants de la Nouvelle-France, d'amis des peuples autochtones et des voyageurs immigrants, nous sommes devenus des Canadiens et des Québécois. Ce que nos courageux ancêtres nous ont légué par le folklore, c’est l'idée que notre passé est rempli de grands exploits. Ces exploits ont été réalisés pour que les descendants des découvreurs accomplissent un jour leur quête commune de liberté.

Penser le Québec

Psychopathologie de la fédération canadienne

Étude mi-ludique des symptômes psychosomatiques de notre pays


Dirigé de l'ouest, le Canada nie l’existence du Québec et projette le conflit à l’extérieur de lui. En vérité, le Canada de la fédération se trompe sur lui-même, car le conflit, devenu insupportable, demeure à l’intérieur de sa propre construction politique. Tout le pays, via Ottawa, a beau se fâcher contre le Québec, mais rien n’y fait : le mal ne peut et ne pourra disparaître.

Penser le Québec

Ce qu’ont oublié les impatients et les écorchés

Notes sur les conditions minimales de la réorganisation nationale


Si l’on parvient à éviter les pièges de l’impatience, on mobilisera encore demain des citoyens par des promesses à tenir. On les mobilisera aussi par des critiques avisées pouvant conduire à un monde meilleur. Il n’y aura sans doute plus de héros pour la cause, mais il y aura encore des citoyens de sang-froid capables d’agir librement, sans peur d’être ce qu’ils sont devenus, c’est pourquoi la cause nationale, en cette période trouble, demeure bien vivante et attend sa réorganisation.

Penser le Québec

Ce que dit celui qui est fatigué de rire

Réflexions mi-ludiques sur le rapport entre l’humour, le comique et l’Histoire


En conclusion, je formulerai une crainte que je souhaite injustifiée. Je crains que l’humour québécois, en se vulgarisant, ait fait disparaître tout caractère, toute colère et toute dignité. Je formule cette crainte car « si la tendance se maintient », nous continuerons encore à rire encore de nous-mêmes, à tous les jours et sur toutes les tribunes, de sorte que nous aurons bientôt perdu toutes les occasions de provoquer le sursaut, c’est-à-dire le moment sérieux de la prise en charge de notre avenir collectif.

Penser le Québec

Le temps du Québec est-il arrivé ?

Entre la méfiance, l’impatience et la confiance en l’avenir


L’ennemi du Québec, si ennemi on tient à chercher, peut se trouver dans les volontés individuelles anachroniques, c’est-à-dire les volontés de briser le rythme du social. Le Québec doit trouver son propre chemin dans l’accélération du temps contemporain. Autrement dit, il faut que le Québec « prenne son temps » à même celui d’Ottawa.

Penser le Québec

Le retour attendu de l’utopie

Quand le temps de la crise donne des raisons d’espérer


L’avantage politique de formuler des utopies en temps de crise est d’amasser des raisons d’espérer, d’obliger les citoyens, à la merci de leur imagination, à se concevoir autrement afin de forcer le changement. La fabrication d’utopies permet de sortir de la torpeur au moyen d’idéaux. La pensée du plus grand est une thérapie politique qui mérite notre attention parce qu’elle mobilise le meilleur de nous-mêmes.

Penser le Québec

Le ciel se couvre…

Lettre au souverainiste heureux


Cette élection, mon ami, est peut-être le dernier grand rempart de la cause souverainiste pour les trente prochaines années. Le ciel se couvre et les nuages sont lourds. S'il y a une tempête politique aujourd'hui, il fera beau demain. Et si trouves qu'il fait beau avec le Parti québécois et le Bloc, c'est parce que tu ne vois pas les nuages qui couvrent tes partis. Le grand Canada se déchire lui-même, cela est vrai, mais il n’est pas prêt ni mûr pour accepter une indépendance. Nous reviendrons au Haut et au Bas-Canada avant qu'une province, dans cette structure fédérale, réussisse son indépendance.

Penser le Québec

Les cryptofascistes. Sur la peur du nationalisme

la pensée unique n’est peut-être pas où l’on croit... et la peur ne conduit pas à la liberté


Il convient de relever en conclusion que les idéologues, ceux qui ont répandu le discours multiculturel et vanté les identités multiples, ont frappé juste : ils ont réussi à inhiber un bon nombre de Québécois. Ceux-ci ne sont plus en mesure de dire avec assurance d’où ils viennent. Ils ne peuvent plus parler du Québec haut et fort et se sentent honteux d’avoir à défendre leur langue à l’heure de la mondialisation. Le travail idéologique d’une clique d’universitaires en quête de chaires fédérales a semble-t-il contribué au syndrome du repliement identitaire.

Penser le Québec

Les derniers espoirs du peuple conquis

Au-delà de la vengeance, de la révolution et de la paix par défaut


En utilisant le ressentiment à son égard, il ne cherchera pas la reconnaissance de l’agresseur, mais plutôt celle de ceux qui, notamment en Europe, se souviennent des effets historiques du ressentiment mal canalisé. Le Québec doit faire la preuve concrète que sa situation est injuste, illégitime, intenable et qu’elle repose sur une fédération qui lui nuit. S'il ne parvient pas à faire cette preuve, le bonheur parlera en faveur du statu quo actuel.

Penser le Québec

L’âge d’or du clientélisme politique

Notes sur le phénomène du client-électeur et la stratégie de la diversion politique


Les campagnes électorales ne lèvent pas et les manifestations sont rares. Les électeurs, participant au néolibéralisme triomphant, se comportent souvent comme des clients. Ils regardent les publicités, lisent les journaux et se demandent s’ils doivent acheter.

Penser le Québec

Les espions canadiens

L’élection québécoise confrontée à la théorie des agents doubles


Maintenant que nous savons les possibilités qu’offre l’espionnage et que nous savons également ce qu’est un agent double, lequel peut collaborer, comploter ou agir par lui-même afin d’assurer le succès de sa mission, il ne reste plus qu’à nous demander – nous sommes en période électorale -, quel genre d’espion voulons-nous voir à la tête du Québec pour les prochaines années ? Les agents doubles au service du renseignement fédéral ou les espions d’une jeune cause appelée la souveraineté du Québec ?

Penser le Québec

La colère créative des prisonniers

Notes sur le problème de la reconnaissance politique


Le long combat pour la reconnaissance appartiendra toujours à l'Histoire. Il doit savoir interpréter le moment légitime de sa colère en tant que chemin de son action vers sa fin. Ce combat politique ne sera pas résolu au Québec dans la recherche de l’estime des autres, mais d’abord dans la fierté d’être soi-même.

Penser le Québec

« Quand le vent se lève »

La métamorphose des moutons en abeilles


Ce texte, qui couronne un cycle de réflexion sur le Québec, veut expliquer ce qui se passera si le vent se lève, c’est-à-dire si le peuple de moutons résistants choisit, avec effort, méthode et confiance, de sortir de la cage pour se libérer. Notre thèse aboutit à l’idée que le mouton doit changer sa manière de se percevoir lui-même s’il veut se libérer, s’il veut quitter les ornières de la soumission qu’il est trop habitué d’emprunter. Il doit accepter de se transformer, de se métamorphoser lui-même, sinon il s’éteindra dans sa propre cage.

Penser le Québec

Le moutonnement québécois

Notes sur la logique du sacrifice volontaire


« Il est de l'intérêt du loup que les moutons soient gras et nombreux » Jeremy BENTHAM *** Les temps sont assez difficiles pour l’esprit. On interprète actuellement le temps comme étant celui de l’attente et du repliement. L’attente est palpable partout, le temps est à l’immobilisme, tant et si bien que l’État, au lieu de défendre activement ses membres contre les tentatives de privatisation, vie...