Vice Québec ferme ses portes

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Bon débarras ! La fin d'un média mondialiste antinational


La branche québécoise de Vice a annoncé vendredi à ses employés qu’elle mettait la clé sous la porte, a appris Le Devoir. C’est là une autre pierre qui s’effrite de l’édifice médiatique alternatif Vice, qui cumule les compressions depuis plusieurs mois.


En tout, un peu moins d’une vingtaine d’employés de Vice Québec seraient touchés par la fermeture de cette entreprise fondée à Montréal en 1994. C’est le 1er août 2016 qu’était née la branche québécoise du média en ligne ciblant d’abord un jeune public.


L’annonce a été faite vendredi matin aux employés dans les bureaux de Vice Québec, en présence de la directrice générale Delphine Poux et de représentants des ressources humaines des bureaux de Toronto et de New York.


Des compressions pourraient aussi avoir lieu au bureau de Toronto, mais des sources internes précisent que très peu de postes seraient affectés et que, comme les employés sont syndiqués, le système de départs volontaires serait automatiquement enclenché.


L’ambiance était évidemment morose dans les bureaux québécois vendredi. Selon un employé, une bonne partie des travailleurs se sont présentés à la réunion vêtus de noir. « Il y a beaucoup de peine parce qu’on aimait beaucoup nos métiers, travailler ici, on était fiers du contenu qu’on faisait », a-t-on raconté au Devoir. Vice Québec abordait abondamment les enjeux autour du cannabis, de la sexualité, de la culture et de l’environnement.


La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) s’est désolée de la fermeture, mentionnant « une autre perte pour le public québécois, qui voit ses sources d’information s’amenuiser »,



Il s’agit de nouvelles coupes dans les services d’informations au pays, dont très peu offrent un service en français et en anglais




 

« Il est plus que temps que les gouvernements prennent la mesure de la crise que traversent les médias et des risques qu’elle fait peser sur la santé démocratique de nos sociétés », a déclaré le vice-président de la FPJQ, Jean-Thomas Léveillé.


Dans une note aux syndiqués de Vice au pays, la présidente de la Guilde canadienne des médias, Kamala Rao, a qualifié l’annonce de « consternante ». « La fermeture des services français du bureau de Vice à Montréal est particulièrement décevante, a-t-elle ajouté. Il s’agit de nouvelles coupes dans les services d’informations au pays, dont très peu offrent un service en français et en anglais, et cela, à l’heure où nous avons besoin de plus d’informations fiables et de journalisme courageux et non le contraire. »


La direction aurait justifié la fermeture du bureau en raison de la nouvelle stratégie de Vice, qui est à faire une refonte totale de ses plateformes. « Ça n’avait plus de sens pour eux d’avoir un bureau francophone au Canada », a-t-on expliqué au Devoir.


Une porte-parole de Vice Canada, Britt Aharoni, a d’ailleurs expliqué dans une déclaration écrite que « Vice centralise ses activités au Canada autour du quartier général de l’entreprise à Toronto, alors que plusieurs secteurs d’affaires sont en croissance, dont Vice Studios et Virtue, notre agence de publicité. Cette réorganisation est la continuation de notre plan global annoncé plus tôt cette année ».


Selon une source, la fermeture de Vice Québec est une décision stratégique faite pour éviter la redondance des postes au pays.


Mais ce ne serait pas la fin des productions en français de Vice au Canada car, selon ce qu’a appris Le Devoir, le site continuerait de publier des textes dans la langue de Molière, provenant de Montréal. La récurrence de cette production francophone resterait à déterminer, tout comme le statut et le nombre de journalistes qui y seraient affectés.


Des compressions


En février, le vaisseau amiral Vice Media, basé aux États-Unis, avait annoncé qu’il prévoyait de réduire de 10 % ses effectifs dans l’ensemble de l’entreprise, ce qui représente environ 250 postes. Si les bureaux de Vice Québec avaient été épargnés par les compressions demandées, au moins quatre employés avaient tout de même décidé de se prévaloir du programme de départs volontaires.


À ces départs potentiels s’ajoutaient aussi les départs récents de deux autres employés de Vice Québec, soit le rédacteur en chef Philippe Gohier, embauché chez Apple, et la journaliste Justine de l’Église, qui oeuvre désormais à Radio-Canada.


En janvier 2018, Vice Canada avait par ailleurs aboli 23 emplois contractuels ou permanents au pays après avoir annoncé la fin de son partenariat télé avec Rogers. Trois de ces postes avaient alors été retranchés à Vice Québec.


Selon des chiffres de 2017, Vice Québec rejoignait quelque 500 000 visiteurs uniques par mois sur son site. Le compte Facebook du média comptait vendredi plus de 155 000 abonnés, alors qu’ils étaient quelque 20 000 sur Instagram.


Depuis sa fondation comme magazine de contre-culture, Vice a été l’une des étoiles montantes des médias numériques, connaissant une croissance très rapide et développant des antennes dans des dizaines de pays, dont en France, en Inde, en Italie et au Japon.


Son cofondateur et emblématique patron, Shane Smith, a abandonné au printemps la direction générale de la plateforme au profit de Nancy Dubuc, chargée de stabiliser le groupe.


Certaines voix ont souligné au Devoir que la mission plus journalistique de Vice avait perdu de son lustre au profit du contenu plus publicitaire. L’échec au pays de la chaîne télé Viceland aurait aussi plombé l’entreprise. Le poste n’est plus diffusé au Canada depuis janvier dernier.




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