DISCOURS HAINEUX

Vallée se défend de vouloir établir la censure

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Les experts sont convaincus du contraire

La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, s’est portée à la défense du projet de loi 59, qui s’est retrouvé lundi sous le feu nourri des Juristes pour la défense de l’égalité et des libertés fondamentales.

L’élue libérale s’est défendue de restreindre la liberté d’expression au moyen de son projet de loi visant à lutter contre les discours haineux et les discours incitant à la violence. « L’objectif n’est pas d’établir la censure, mais de mettre un frein à l’inacceptable », a-t-elle assuré lundi la commission des institutions de l’Assemblée nationale.

Les porte-parole des Juristes pour la défense de l’égalité et des libertés fondamentales, Julius Grey et Julie Latour, ont néanmoins tenté de dissuader Mme Vallée d’importer les dispositions anti-haine du Code criminel dans la législation québécoise, craignant que le projet de loi 59 n’ouvre toute grande la porte aux plaintes visant les tenants d’un discours politically incorrect.

D’ailleurs, Julius Grey a averti les médias qu’il « n’hésiter[ait] pas » à saisir les tribunaux afin de faire invalider la loi 59 « si quelqu’un a un dossier ».

« Il n’y a aucun besoin pour cette législation », a martelé de son côté l’ancienne bâtonnière du Barreau de Montréal, Julie Latour, devant les élus.

Le président de l’Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec, Haroun Bouazzi, a quant à lui souligné la nécessité du projet de loi 59. Les musulmans sont victimes d’un discours haineux sur le réseau social Facebook. Dans ce « véritable Far West », il y a une « quantité industrielle » de commentaires les qualifiant de « sous-hommes », de « rats », de « coquerelles », etc., a-t-il fait valoir. « C’est de la haine générale. […] Ce n’est pas un délit d’opinion. »

Il voit d’un bon oeil le projet de loi 59 puisque, selon lui, les dispositions anti-haine du Code criminel se sont avérées insuffisantes pour mettre en sourdine les discours de haine. « Les groupes vulnérables ne sont pas protégés comme ils devraient l’être », a-t-il soutenu.

M. Bouazzi a toutefois soutenu que museler des prédicateurs tenant « un discours conservateur, mais à des années-lumière d’un discours violent » ne stopperait pas nécessairement le phénomène de la radicalisation auprès des jeunes. Ceux-ci se trouvent « avides » de ce type de propos. « Ils se disent : “Ce prédicateur n’est plus là. Je vais en trouver un autre”», a expliqué M. Bouazzi, appelant les décideurs politiques à intensifier la lutte contre le racisme et les inégalités sociales.

« On ne comprend pas très bien la finalité. Est-ce que c’est pour prévenir la radicalisation ou pour prévenir l’islamophobie ? C’est tout et son contraire », a affirmé Mme Latour.

Les élues d’opposition Agnès Maltais (Parti québécois) et Nathalie Roy (Coalition avenir Québec) ont toutes deux insisté sur la nécessité de préciser la notion de « discours haineux » dans le projet de loi. « Ce n’est pas assez précis. […] Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier », a fait valoir Mme Roy. L’élue du deuxième groupe d’opposition a suggéré d’interdire spécifiquement l’endoctrinement incitant à la prise des armes, au djihad.


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