Une question de <i>feeling</i>?

Tout va bien - le français va bien, Montréal ne s'anglicise pas, le Québec est bien traité dans la fédération canadian, le banditisme n'a pas infiltré l'administration de la métropole, ni celle des syndicats, ni le gouvernement Charest, personne ne pille la CDP. Tout roule! Question de...


Le grand parolier Luc Plamondon a reçu la semaine dernière la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale du Québec, un hommage pleinement mérité, il va sans dire. À cette occasion, M. Plamondon y est allé de propos étonnants sur l'état du français au Québec. Ainsi, selon lui, «la langue française dégringole un peu»: «La langue française, ici, est en danger tous les jours, de plus en plus.»
Nous partageons le souci du célèbre auteur pour la vigueur du français au Québec. Cependant, le portrait qu'il dépeint de la situation est caricatural. Bien sûr, la langue anglaise continue d'exercer ici un fort attrait, en particulier parmi les immigrés. La vigilance à cet égard est et sera toujours de mise.

Cela dit, au-delà des anecdotes il y a les faits. Les études de Statistique Canada et de l'Office québécois de la langue française infirment la thèse du recul du français par rapport à l'anglais. Depuis 15 ans, la proportion de personnes de langue maternelle française dans la région métropolitaine de Montréal est passée de 68% à 66%, un léger fléchissement c'est vrai, mais un fléchissement qui ne s'est pas fait au bénéfice de la communauté anglophone (14% à 13%). C'est le poids des allophones qui a augmenté (18% à 22%), ce qui était inévitable compte tenu de la dénatalité et de la forte immigration qui ont caractérisé cette période.
Selon Luc Plamondon, le gouvernement du Québec devrait faire davantage pour «promouvoir le français» auprès des immigrés. C'est vrai. Cependant, il faut reconnaître que les efforts déjà consentis ont porté fruit: entre 1991 et 2006, la proportion de Québécois allophones capables de parler français a grimpé de 69% à 75%. La situation de la langue au Québec n'est pas seulement «une question de feeling»; il faut s'appuyer sur des données fiables.
Le récipiendaire de la Médaille d'honneur a aussi observé que les jeunes Québécois sont trop souvent tentés par le «franglais». Encore là, nous partageons l'inquiétude de M. Plamondon bien qu'elle nous paraisse un peu paradoxale venant de l'auteur de Le monde est stone, Coeur de rocker et Tiens-toé ben j'arrive!. En ce qui a trait à la qualité de la langue, il faut se garder de faire preuve d'une nostalgie mal fondée. S'il est triste que le français de beaucoup de jeunes d'ici soit parsemé de mots anglais et même, qu'ils échangent parfois en anglais entre eux, il faut se rappeler qu'à une époque pas si lointaine, les Québécois francophones multipliaient les «muffler», «bumper» et autres «wiper».
M. Plamondon s'en est pris aux politiciens qui restent «les bras croisés» devant la menace qui pèse sur le français. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal a loué son «courage». L'auteur des extraordinaires Starmania et Notre-Dame-de-Paris aurait fait preuve de plus de courage encore s'il avait invité les gens de son milieu à être des modèles pour ce qui est de la qualité de la langue. Car tous preux défenseurs de la langue française dans leur discours, nombre d'entre eux n'ont aucun scrupule à laisser tomber des énormités du genre: «Ça l'a pas de sens» et «C'était un hostie de bon show.»

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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