Une Québécoise musulmane poursuit une femme qui l’aurait insultée en public

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Ces incidents vont se multiplier : les Québécois refusent l'islamisation de leur pays

«Rentre dans ton pays!» Une citoyenne de Québec originaire d’Algérie poursuit la femme qui l’aurait insultée en public, dans une caisse populaire.


Le 13 juillet 2018, Saida Mirouh, une québécoise originaire d’Algérie, de confession musulmane, se rend à la Caisse Desjardins du Vieux-Moulin avec son mari et ses deux filles de 10 et 15 ans pour ouvrir un compte à son aînée.


Pendant qu’elle attend dans la voiture avec sa plus jeune, Mme Mirouh affirme qu’une cliente l’a regardée fixement avant de dire « Il fait chaud » et de faire un geste avec son menton, qui faisait référence à son hijab.


Choquée, Saida Mirouh entre dans la caisse populaire et aborde la femme dans la file d’attente, la questionnant sur son commentaire qu’elle juge méprisant. La cliente aurait alors refusé de lui parler, détournant la tête.


Saida Mirouh va s’asseoir dans la salle d’attente. Au moment de ressortir de la caisse, la cliente se serait tournée vers Mme Mirouh et lui aurait dit « rentre dans ton pays, tu n’as rien à faire ici ». Les deux filles de Mme Mirouh auraient entendu les paroles. Les jeunes filles sont sorties de la caisse pour prendre en photo la plaque d’immatriculation de la cliente.



Saida Mirouh affirme, dans sa poursuite devant le Tribunal des droits de la personne, avoir été profondément blessée par les remarques. « Elle s’est sentie exclue de la société et qu’elle ne pouvait y jouer aucun rôle en raison de son identité, son origine ethnique, sa race et ses croyances religieuses », affirme-t-on dans la poursuite.


Propos discriminatoires


Environ un mois après l’événement, Saida Mirouh a déposé une plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.


L’organisme a enquêté et a retracé la cliente, Johanne Gaudreault de Beauport. Cette dernière a reconnu avoir dit à Mme Mirouh qu’il faisait chaud, mais réfute toute arrière-pensée. Elle nie avoir dit à la cliente d’origine algérienne de rentrer dans son pays. Selon Mme Gaudreault, Saida Mirouh avait un ton agressif lorsqu’elle l’a interpellée. Johanne Gaudreault dit s’être sentie harcelée et intimidée.


Après avoir recueilli les témoignages, dont ceux des filles qui corroboraient les paroles entendues par leur mère, la Commission conclut que Saida Mirouh a bien été victime de propos discriminatoires fondés sur la race, l’origine ethnique ou la religion.


La Commission estime toutefois que le litige ne soulève pas une question d’intérêt public qui nécessite que l’organisme entreprenne le recours au nom de la plaignante. Devant des questions de fait et de droit simples, la plaignante est en mesure de faire valoir elle-même ses droits individuels devant le Tribunal des droits de la personne, écrit la Commission, dans sa décision datée du 13 août 2019.


La Commission aurait proposé comme mesure de redressement que Mme Gaudreault verse une somme de 5000$ à la plaignante en guise de dédommagement.


Dans sa poursuite, Saida Mirouh réclame elle 20 000 $ pour ce qu’elle qualifie d’atteinte à son droit à la dignité. Elle veut aussi que Mme Gaudreault présente une lettre d’excuses et suive un atelier de sensibilisation aux principes de non-discrimination énoncés dans la Charte des droits et libertés de la personne.