À l’ouverture du conseil général du Parti libéral du Québec, samedi matin, le premier ministre, Philippe Couillard, a su trouver les mots appropriés et le ton juste pour exprimer à la fois la sympathie et la colère qu’inspirait le drame survenu la veille à Paris. Tous les Québécois, peu importe leur allégeance politique, pouvaient aisément se retrouver dans ses propos.
Dimanche, M. Couillard a encore eu raison de nous mettre collectivement en garde contre « la tentation facile du rejet de l’étranger » et le danger d’attiser « les braises de ces démons qu’on a chez nous ». Le massacre de Paris ne peut que provoquer dans la population un sentiment d’insécurité qu’il est facile d’exploiter et qui a pour effet d’alimenter une islamophobie à laquelle le Québec n’échappe pas.
La perspective de voir débarquer des milliers de réfugiés syriens, dont certains tentent déjà d’empêcher la venue, augmente encore le risque de provoquer de sérieux dérapages. Ce qui devrait inciter les acteurs politiques à s’imposer une retenue qui ne leur est pas naturelle.
Quand un événement d’une telle gravité survient, tous les projecteurs se tournent vers le chef du gouvernement, qui a tout avantage à se hisser au-dessus de la mêlée, comme la population est en droit de s’y attendre. M. Couillard a malheureusement été incapable de résister à la tentation de la partisanerie.
Alors que les circonstances exigeaient que tous les partis représentés à l’Assemblée nationale fassent cause commune pour faire en sorte que la très délicate opération de l’accueil des réfugiés se déroule le mieux possible, le premier ministre a plutôt semé inutilement la discorde en montrant du doigt la charte de la laïcité du gouvernement Marois, la suspension temporaire du droit de vote des nouveaux citoyens proposée par Jean-François Lisée de même que les tests de connaissance du français et des valeurs québécoises que la CAQ voulait imposer aux immigrants avec menace de renvoi.
Il est vrai que la charte de la laïcité a eu pour effet de cautionner une intolérance, résultant souvent de l’ignorance, dont certains ont offert un bien triste spectacle durant les audiences en commission parlementaire. Les tests proposés par la CAQ ont soulevé le tollé qu’ils méritaient et la suggestion de Lisée a rapidement été écartée par le PQ lui-même.
Le moment était cependant très mal choisi pour revenir là-dessus. On peut facilement comprendre la réaction de Pierre Karl Péladeau, qui a exigé que le premier ministre retire ses propos. Alors que son devoir lui imposait de prendre de la hauteur, M. Couillard a fait exactement ce contre quoi il avait mis tout le monde en garde, c’est-à-dire instrumentaliser les événements de Paris. C’est franchement navrant.
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé