Les Québécois de souche: un grand cru millésimé 1534

Une nation en quête d'une appellation contrôlée

Comment nous appelons-nous, rien que Nous autres?

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Tribune libre

Les meilleurs vins possèdent une appellation contrôlée, qui les garantissent des imitations et des approximations, pour la plus grande satisfaction du palais des amateurs avertis.


Nous les Québécois de souche sommes un grand cru millésimé 1534, ce qui n'est pas peu dire.



Tous les peuples possèdent un nom les identifiant clairement aux yeux des autres, que ce soit les Écossais, les Catalans, les Corses ou les Ukrainiens qui ne veulent surtout pas qu'on les prenne pour des Russes.


Mais nous, le peuple de souche fondateur de la Nouvelle-France et sa continuation en terre d'Amérique, comment nous appelons-nous donc, rien que Nous autres?



Il semble qu'il n'y ait pas de terme suffisamment précis pour nous décrire et nous distinguer de tous les autres qui habitent sur notre territoire, parfois en tant qu'invités, parfois en tant que conquérants imposés, parfois en tant qu'intrus.


Quelques-uns de nos Vigiliens assidus se sont récemment penchés sur la question avec une argumentation serrée, au point où on ne sait plus trop où donner de la tête et du qualificatif.



Sommes-nous des Canadiens-français, des Québécois, des "de souche", des Enracinés, des "Nous autres", des Secondes Nations, des Dddpf (Descendants directs du peuple fondateur) pour plaire aux amateurs d'acronymes?


Faut-il se réapproprier un terme du passé, ou en inventer un de toute pièce?




Il faudrait bien que l'on convienne d'un nom qui nous regroupe, qui cerne ce que nous sommes collectivement, par opposition à tous les autres. C'est absolument nécessaire pour savoir qui on est.


Car le besoin de pouvoir s'identifier collectivement est réel, naturel et légitime.


Qui a des suggestions?



Lorsque deux enfants se rencontrent, la première question qu'ils se posent est invariablement: "Comment t'appelles-tu?"


Posséder son propre nom permet de devenir quelqu'un, une personne à part entière.


Les Eskimos se sont faits Inuits. Les Indiens se sont faits Premières Nations.


À Loretteville, au nord-ouest de Québec, les Hurons se sont faits Wendat.



Alors, posons à nouveau la question: comment nous appelons-nous, rien que Nous autres?


Quel terme pourrait reconnaître notre spécificité distincte?


Ne méritons-nous pas un nom collectif qui nous fera bomber le torse, comme le "S" sur celui de Superman?


Un nom à brandir et faire ondoyer à bout de bras comme le drapeau fleurdelysé au-dessus de nos têtes?



Le problème actuel vient du fait que le passage de Canadiens-français à Québécois a eu comme conséquence d'éliminer la prépondérance du peuple fondateur en lui niant son caractère distinctif par rapport à tous les autres qui s'y sont ajoutés.


L'inconvénient dans tout ça, c'est que ce changement de terme a relégué ce groupe d'importance capitale à l'une quelconque des composantes de la population habitant sur le territoire québécois, nous privant d'une appellation contrôlée qui nous revient de naissance et qui serait propre à nous seuls.



Ce changement rétrospectivement discutable a même eu pour conséquence de détourner le sens premier de la fête de la Saint-Jean-Baptiste pour en faire un événement multi-ethnique, multi-langue et qui se veut tellement ouvert, diversitaire et inclusif, nous privant étrangement de toute célébration visant à honorer le peuple fondateur de souche. Pourquoi n'aurions-nous pas notre équivalent de la fête de la Saint-Patrick qui fait la fierté des seuls Irlandais et personne d'autre?


Et l'acception Canadien-français englobe généralement les Franco-Canadiens hors-Québec et ne se limite donc pas aux seuls résidents du Québec. Que choisir alors?



Le jour où j'ai pu nommer la rose, elle a éclos encore plus rose.


Le jour où j'ai parlé de la rose, son parfum n'en devint que plus enivrant.


Et en prononçant ce nom dont elle me révéla le secret, jamais mot ne parut plus doux à mes oreilles.


"Enivrez-vous", nous enjoignait Charles Baudelaire. C'était une manière de dire: vivez intensément l'instant présent, à propos de cette envie propre à la jeunesse de vouloir faire de nouvelles expériences.


Enivrez-vous donc de la fierté d'être ce que vous êtes, unique parmi les vôtres, nation parmi les nations, peuple choisi parmi tous les autres.


Être d'ici, et de nulle part ailleurs.


Vivre sur sa terre natale, vivre libre, vivre heureux parmi les siens.


Pour que notre patrie nous semble être le véritable Paradis sur terre.



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Réjean Labrie812 articles

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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Plus de 810 articles publiés en ligne ont été lus un million 400 000 fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période de plus de 14 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





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2 commentaires

  • Réjean Labrie Répondre

    30 décembre 2018

    Le monde effervescent des microbrasseries québécoises pourrait nous servir d'exemple à suivre dans le choix d'une appellation contrôlée collective pour nous désigner.


    Nos artisans concocteurs déploient des trésors d'imagination pour nommer de façon originale la vaste gamme des produits offerts au grand public qui font à juste titre leur fierté.


    Chaque microbrasserie possède sa panoplie de noms descriptifs humoristiques ou évocateurs, à saveur du terroir, soulignant son caractère distinctif particulier.


    La Tante tricotante, la Double blanche du lac, la Belle Gueule, la Saison froide, la Graincheuse, l'Étoile du brasseur, Entre chien et loup, l'Indépendante, la Blonde du boss, la Rousse du marais, la Duchesse de Chambly, la liste déboule sans fin.


    On pourrait même songer à une consultation internet ouverte à toute la population pour déterminer démocratiquement le terme qui reflétera le mieux comment nommer adéquatement notre bon peuple de souche.



    Liste de microbrasseries québécoises:


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_microbrasseries_qu%C3%A9b%C3%A9coises


    1 000 bières artisanales du Québec: http://www.bieresduquebec.ca/bieres?page=1


  • Daniel Arseneault Répondre

    27 décembre 2018

    Dès le moment où nous avons arrêté de nous appeler Canadiens-français, nous avons été une nation sans nom. Le terme Québécois n'a jamais décrit notre nation, seulement la province de résidence de la majorité d'entre nous. Tout autre nom que Canadien-français ne peut jamais nous décrire correctement. Il ne s'agit pas de se réapproprier un terme du passé, mais de reconnaître que nous n'avons jamais cessé d'être Canadien-français.