Une mauvaise stratégie des pays arabes

Géopolitique — Proche-Orient



L'intervention militaire américaine en Afghanistan et en Irak a attiédi les rapports entre les capitales arabes et les États-Unis. Certains pays du Moyen-Orient ont pris leurs distances avec Washington, notamment pour ne pas déplaire aux islamistes. Les dirigeants de ces États croient ainsi pouvoir calmer le jeu, mais cette démarche pourrait avoir l'effet contraire. L'histoire est là pour témoigner que l'Oncle Sam est un acteur incontournable dans la recherche d'une solution au contentieux israélo-arabe.
Ainsi, au printemps 1967, l'Égypte menace le flanc sud d'Israël. Le gouvernement de Jérusalem riposte par une offensive militaire, suivie par l'entrée dans le conflit de la Jordanie et de la Syrie aux côtés de l'Égypte. Alors embourbé dans la guerre du Viêtnam, le président Lyndon B. Johnson préfère ne pas s'impliquer militairement dans ce qui deviendra la guerre des Six Jours. Il opte pour la diplomatie. Parce qu'il bénéficie du soutien de Moscou, le président égyptien Nasser ignore cependant l'initiative de Washington. Appréciant pour sa part que le gouvernement de Jérusalem n'ait pas entravé ses infructueuses démarches diplomatiques, LBJ approuve tacitement les opérations militaires israéliennes menées en réponse à l'agression égyptienne.
L'attitude des voisins d'Israël provoque un refroidissement de leurs relations avec les États-Unis, tout en posant les premiers jalons du problème des territoires occupés. Au lendemain de ce conflit, Israël a en effet conquis les territoires du Sinaï, de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, une mesure de sécurité qui s'avérera une précieuse monnaie d'échange dans les négociations ultérieures visant à régler la question israélo-palestinienne.
À l'issue des hostilités, l'antagonisme envers Israël est loin de diminuer. En septembre 1967, les pays de la Ligue arabe se rassemblent à Khartoum pour proclamer les trois Non : non à la reconnaissance d'Israël, non à la négociation et non à la paix. Insatisfaits du résultat de la guerre des Six Jours, ils récidivent sept ans plus tard avec la guerre du Kippour, avant de cautionner le terrorisme dans leur quête de rayer Israël de la carte. Une telle position exclut tout règlement du problème.
La posture actuelle de George W. Bush ressemble en plusieurs points à celle de Johnson. Depuis son arrivée au pouvoir, un resserrement des relations entre les États-Unis et Israël s'est produit, notamment en raison de l'échec de Bill Clinton dans sa politique moyen-orientale. Sous les démocrates, Yasser Arafat était un invité fréquent de la Maison-Blanche. À la suite du déraillement des accords d'Oslo - signés en 1993 - Clinton essaie de débloquer l'impasse israélo-palestinienne. Dans ses mémoires, l'ancien président impute l'échec de ces pourparlers au refus du leader palestinien de considérer les concessions historiques consenties par la partie israélienne. Pour tout dire, Arafat espère contourner Israël et les États-Unis par l'opinion publique internationale.
Dès son arrivée au pouvoir, le chef des républicains refuse de marcher sur les traces de Clinton. Comme Arafat ne fait rien pour mettre fin aux violences perpétrées contre Israël par des entités palestiniennes, le chef de la Maison-Blanche en déduit qu'il ne souhaite tout simplement pas contribuer au règlement du dossier israélo-arabe.
Il n'en faut guère plus pour que le courant passe entre George W. Bush et Ariel Sharon, lequel est porté à la tête d'Israël en février 2001. Surprise ! Sharon se métamorphose en colombe. Il tend la main à Yasser Arafat pour résoudre la question palestinienne. Aux premiers jours de son mandat, il propose un plan de paix en sept points qui sera lui aussi balayé du revers de la main par Arafat. En visite à Washington un peu plus tard, Sharon poursuit sur sa lancée et évoque que la cessation des actions terroristes signifierait le retrait des colonies de peuplement. L'ouverture est là, mais la violence se poursuit.
En juin 2002, l'administration Bush présente la feuille de route qui prévoit le règlement du dossier israélo-palestinien sur la base de deux États, Israël et un État palestinien. Elle reçoit l'appui de la Russie, de l'ONU et de l'Union européenne. Cette proposition est assortie d'une obligation, pour l'Autorité palestinienne, d'établir de véritables assises démocratiques et de mettre un point final à la terreur. Ce plan suppose qu'Arafat s'éclipse de la scène, ce qui ne se produit pas.
Trois ans plus tard, en 2005, Ariel Sharon procède au retrait unilatéral de la bande de Gaza et propose un plan de désengagement de la Cisjordanie. Pourtant, la négation devant les ouvertures israéliennes demeure. Elle se radicalisera avec l'élection du Hamas en janvier 2006. Loin d'améliorer les rapports entre l'Autorité palestinienne et les États-Unis, l'arrivée de cette organisation terroriste au pouvoir cantonne davantage l'éloignement entre les deux entités. Un espoir se dessine cependant avec le gouvernement d'unité nationale que mettent sur pied Mahmoud Abbas du Fatah et le Hamas.
En 2006 comme en 1967 et en 2000, la décision d'exclure Washington de l'équation du Moyen-Orient semble un bien mauvais calcul pour le monde arabe.
*Étudiant au doctorat à l'Université de Sherbrooke, ses recherches portent sur la présidence de George W. Bush.
Marc Nadeau, doctorant *, Université de Sherbrooke

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Marc Nadeau4 articles

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Doctorant à l'Université de Sherbrooke, l'auteur a porté les couleurs du Parti conservateur lors des dernières élections fédérales. Il est présentement coordonnateur du Projet pour l'avenir d'Israël (PAIX).





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