Il y aura quarante ans demain que le général de Gaulle secoua tout le Canada avec son vibrant «Vive le Québec libre!», lancé après un périple routier où il avait senti une «atmosphère du même genre que celle de la Libération». «C'était l'année de l'amour, c'était l'année de l'Expo», et ce sont les retombées de ce grand happening que la Fête nationale 2007 célèbre aujourd'hui en mettant l'accent des festivités sur le thème de la place du Québec dans le monde.
Quarante ans plus tard, on prend donc prétexte de l'anniversaire de l'Expo, qui a fait connaître la province à des millions de visiteurs, pour «souligner le succès actuel du Québec à l'étranger», indique Luc Savard, coordonnateur du Comité de la Fête nationale à Montréal. D'où le thème officiel: «À nous le monde».
Des «ambassadeurs» (comme le cinéaste Denys Arcand) ont été sélectionnés par les organisateurs pour illustrer le fait que des Québécois ont leur place parmi les grands de ce monde. Au niveau local, les comités organisateurs ont eux aussi choisi des personnalités ou des entreprises qui connaissent du succès en dehors de nos frontières, assez pour faire la fierté de leur patelin. Des organisations locales ont également invité des troupes et des artistes étrangers.
Le clin d'oeil à l'Expo se matérialisera dans les grands spectacles présentés ce soir à Québec et demain à Montréal par l'interprétation de pots-pourris de succès de l'époque. Tendance yé-yé, donc. À Montréal, le décor de la scène évoquera aussi le logo de l'exposition. Mais autrement, le thème «international» de la fête se fera plutôt discret, avoue M. Savard. «C'est un show musical, dit-il. On n'est pas pour demander aux ambassadeurs de chanter.» Il ajoute avec une pointe d'humour: «Ç'aurait été la même chose si on avait choisi Jacques Villeneuve!»
À l'échelle du Québec, la Fête nationale se déclinera en plus de 750 fêtes différentes, du petit banquet communautaire de village au gros défilé montréalais qui revient cette année rue Sherbrooke -- là où Pierre Elliott Trudeau avait été pris à partie lors du défilé de 1968. Les chars allégoriques et quelque 135 marionnettes géantes du défilé partiront à 14h de la rue Fullum pour se diriger vers le parc Maisonneuve, lieu du grand rassemblement où différentes activités sont prévues. Le réseau TQS diffusera le défilé (et le spectacle de ce soir à Québec), alors que Radio-Canada se chargera du spectacle montréalais.
Les organisateurs espèrent que les améliorations apportées au défilé permettront de relancer l'intérêt envers celui-ci. Après les compressions imposées au financement de la Fête nationale en 2003, le défilé a en effet perdu des plumes. «Les critiques ont été dures en 2006, reconnaît Luc Savard. Alors, on a décidé de revoir la formule de fond en comble. On veut une fête familiale, un défilé traditionnel avec des chars, des fanfares, quelque chose d'animé et de coloré.»
Surtout, on introduit cette année un concept qui a fait ses preuves ailleurs: la participation de marionnettes géantes, qui peuvent avoir jusqu'à 20 pieds de haut. Samuel de Champlain, Marie-Moisson (qui symbolise l'importance de l'agriculture au Québec), Ludger Duvernay (qui a lancé l'idée en 1834 de transformer la Saint-Jean-Baptiste en fête nationale), une femme autochtone et un «personnage-surprise» seront donc présents. L'an prochain, le comité ajoutera d'autres personnages, selon ce que le public lui suggérera. «Le but, c'est de dynamiser le défilé et d'exploiter le patrimoine et l'histoire du Québec à travers lui.»
Comme c'est le cas chaque année, plusieurs personnalités politiques devraient rejoindre la foule des marcheurs qui emboîteront le pas aux chars. Mais l'objectif du comité organisateur reste d'offrir une fête dépolitisée: «On ne veut pas de partisanerie, dit M. Savard. C'est évident qu'il y a une connotation politique au seul fait d'avoir une fête nationale, mais ça s'arrête là.»
Jeudi, le Mouvement national des Québécois -- coordonnateur de la Fête nationale partout au Québec sauf à Montréal -- a rendu public un sondage dans lequel plus de huit répondants sur dix répondent que la Fête nationale est celle de tous les Québécois, et non seulement celle des francophones ou des souverainistes.
Les fondements mêmes de cette fête remontent à des centaines d'années, à des milliers de kilomètres de distance. Les peuples païens avaient de fait l'habitude de célébrer le solstice d'été par un grand feu de joie qui symbolisait le triomphe de la lumière sur les ténèbres. Au jour le plus long de l'année, on traversait la plus courte nuit en lumière. L'Église catholique plaça plus tard ce caractère rituel et sacré sous le patronage de saint Jean-Baptiste. La fête a ensuite traversé l'océan en même temps que les premiers colons sont venus s'implanter au Québec.
Un banquet champêtre organisé par Ludger Duvernay en 1834 a marqué le premier rapprochement entre la Saint-Jean et le concept d'une fête nationale québécoise. En 1925, le gouvernement a institué le 24 juin jour férié et le gouvernement de René Lévesque officialisa la date comme étant celle de la fête nationale des Québécois en 1977.
Congé
Par ailleurs, la Commission des normes du travail a rappelé hier que la journée du 24 juin est maintenant un jour férié et chômé, selon les dispositions de la nouvelle Loi sur la Fête nationale. L'ancienne loi prévoyait que le congé férié et chômé de la Fête nationale était reporté au lundi lorsque celle-ci tombait un dimanche. Ce changement doit permettre à 115 000 travailleurs du secteur du commerce de détail d'être en congé en même temps que tout le monde. Les 315 000 autres qui ne travaillent pas le dimanche conservent leur droit au congé le lundi.
Jeudi, le syndicat des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC-FTQ) a toutefois dénoncé des rumeurs voulant que certaines grandes surfaces aient décidé de rester ouvertes demain. Si elles le font, la loi leur impose qu'un maximum de quatre employés travaillent ce jour-là. Les TUAC jugent qu'il est pratiquement impossible qu'une grande surface puisse fonctionner avec si peu d'employés et évoquent le fait que des magasins auraient demandé à leurs employés de travailler «en civil» pour berner les inspecteurs.
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