Ode à la culture québécoise

Fête nationale 2007 - « À nous le monde ! »



Photo La Presse - Violaine Ballivy - Les uns en ont profité pour croquer le premier blé d'Inde de l'été. Les autres pour taper du pied sur un air de musique traditionnelle. Quarante ans après l'Expo 67, qui avait ouvert le Québec sur le monde, c'est d'abord en se replongeant dans leurs racines que les Québécois ont célébré la Saint-Jean, hier, au parc Maisonneuve. Le coeur léger et... bleu.


Le parc Maisonneuve a été pris d'assaut par les premiers fêtards en tout début de journée. Si bien que, lorsque Normand Brathwaite est monté sur scène, peu après 21 h, il a trouvé une foule déjà terriblement chauffée. Il n'a eu qu'à soulever les bras pour s'attirer les cris d'admirateurs en délire. «Moi, c'est comme une maladie, cela fait neuf ans que j'anime la Fête nationale, j'ai comme une dépendance. Mais je ne veux pas en guérir», a-t-il lancé, s'attirant des applaudissements encore plus nourris. Puis, Marjo a ouvert le bal en interprétant Illégale devant une mer de drapeaux fleurdelisés. L'air était doux. L'année 2007 n'est peut-être pas celle de l'amour comme 1967. Mais Montréal a gardé le goût de la fête.
En hommage à l'exposition universelle, Pierre Lapointe, Vincent Vallières et Marco Calliari ont repris Le Blues d'la métropole, de Beau Dommage. Puis, plus tard, ils ont ému les baby-boomers avec Un jour un jour, hymne officiel de l'Expo. Le fond de la scène était tapissé d'une grande structure de métal évoquant celle de la Biosphère de Terre des hommes.
Normand Brathwaite a rendu hommage à Georges Thurston, décédé lundi dernier, en chantant a cappella son grand succès Aimer d'amour. Les spectateurs ont eu droit aux classiques Le petit bonheur et Moi mes souliers, de Félix Leclerc, et à un pot-pourri country de Renée Martel et Michel Lamothe.
Le groupe la Volée d'castors et sa musique traditionnelle a connu bien plus que 15 minutes de gloire, et c'est Fred Pellerin, ce conteur du «terroir», qui a eu l'honneur de clore le spectacle. Quarante ans après le célèbre «Vive le Québec libre» du général de Gaulle, qui a marqué profondément l'imaginaire collectif québécois, les organisateurs avaient préparé un spectacle-hommage à la culture estampillée d'une fleur de lys, laissant peu de place à l'expression du multiculturalisme. «Il faut continuer à défendre le français, lui seul peut rassembler nos diversités. Mais il faut aussi continuer à défendre la tolérance, qui a été mise à mal récemment. Elle est tellement essentielle pour l'avenir d'une ville comme la nôtre», a déclaré Jean Dorion, président de la Société Saint-Jean-Baptiste, au tout début de la soirée.
Dans la foule, plus bigarrée que le programme du spectacle, on trouvait peu à redire à ce choix. «Je n'écoute jamais de musique traditionnelle, mais là, aujourd'hui, et parce que c'est la Saint-Jean, je trouve ça très bon», a expliqué hier Ariane Forest, 16 ans. Idem pour Julie et Amélie au sujet d'une poutine et d'un pogo: la file était longue, très longue devant les stands de «spécialités» québécoises. Amandine, 18 ans, s'était fait tatouer temporairement pour l'occasion un logo «fait au Québec» sur la joue gauche, puis un «Bonne Saint-Jean» sur la droite. «Je suis fière d'être Québécoise, c'est aujourd'hui ou jamais qu'il faut le montrer.»
Les petits drapeaux fleurdelisés s'envolaient pour 1$. Victor Noël a fait des affaires d'or en écoulant à 5$ pièce plus d'un millier de chandails imprimés d'expressions du type «tabarnak» ou - plus sobrement! - d'un portrait de René-Lévesque.
Irène Degastiavenskaïa était là pour célébrer son arrivée au Québec il y a huit ans très exactement. Le 24 juin 1999, à sa sortie de l'avion, elle s'était rendue directement au parc Maisonneuve découvrir sa nouvelle Fête nationale. «Ce n'est pas si différent de chez moi. En Russie, on fêtait le solstice d'été en faisant de grandes fêtes populaires, avec de la musique et des danses traditionnelles.»
Dans le calme
D'autres, comme Ariane Forest et sa bande, y voyaient surtout une occasion de faire la fête «toute la nuit». Pour Maxime Beaulieu, 16 ans, ce serait le dernier party de l'été avant son entrée dans la réserve des Forces armées canadiennes. Il est à prévoir, donc, que plusieurs se seront réveillés avec un douloureux mal de bloc ce matin... mais pas au bloc carcéral. Au moment de mettre sous presse, la police n'avait arrêté personne en lien avec les festivités, tout comme l'année dernière. La police, pour l'occasion, avait déployé son effectif le plus important de l'année.


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