Une campagne menacée de dérapage

Élection Québec 2012 - analyses et sondages



Nous sommes à la mi-temps d’une campagne électorale qui a été formatée par des spécialistes en communications il y a longtemps et qui est remplie de promesses souvent complètement saugrenues et en quantité suffisante pour qu’on s’empresse de les oublier au fur et à mesure qu’elles sont énoncées. Tout est pesé, mesuré ; le temps de parole, le temps de silence, le temps des sourires, les gestes, la couleur de la cravate et le nombre de poignées de main. Les couteaux volent de plus en plus bas.
Plus l’ombre d’une parcelle d’improvisation venant du coeur. Tout est froid. Calculé au centimètre près. Plus de coups de gueule bien sentis, plus de discours à faire dresser les poils des bras, plus de rêve. Des additions, des soustractions, des multiplications en quantité formidable. Des tonnes de chiffres avec l’espoir que personne ne posera de questions trop pointues.
Le règne des faiseurs d’image est à son sommet. Ils ont envahi totalement la sphère politique et ils ont fait de certains candidats des espèces de marionnettes qui récitent leurs lignes pendant que d’autres, derrière les chefs, opinent du bonnet avec l’air de s’ennuyer terriblement.
Je ne crois pas être biaisée en disant que les deux femmes, qui mènent deux formations politiques différentes, ont réussi jusqu’à maintenant à rester dignes tout en prenant leur place dans le combat que mènent « les gars » qui n’hésitent pas à frapper en bas de la ceinture chaque fois que l’occasion leur en est fournie. Pauline Marois et Françoise David nous prouvent chaque jour qu’on pourrait faire de la politique autrement et sortir enfin les débats de la désolation et des petites chicanes de « mecs » en mal de pouvoir.
Que reste-t-il de ces 17 premiers jours de la campagne électorale tant souhaitée et tant attendue ? Si vous êtes comme moi, il vous en reste peu de choses. Des bonbons en quantité suffisante pour écoeurer pas mal de monde, car les bonbons ne sont pas de même qualité pour tout le monde. Les promesses pleuvent à la tonne, mais on les oublie aussi rapidement.
J’ai cependant retenu que Madame Marois s’engageait au nom du PQ, mais aussi en son nom personnel, à fournir le nombre de places nécessaires en garderie pour les familles qui en ont besoin sans augmenter le tarif des garderies en question. Je l’ai retenu parce que c’est un des derniers engagements que j’ai entendus. J’ai retenu aussi son engagement à doter le Québec d’une charte de la laïcité, ce que j’approuve tout à fait.
Madame David, elle, a proposé un revenu minimum garanti de 12 000 $ par année pour les plus démunis. Ça aussi je l’ai retenu parce qu’il est évident que ça soulagerait les plus pauvres de notre société.
J’attends toujours qu’elles ouvrent les dossiers qui sont en souffrance et dont personne ne veut parler semble-t-il. En environnement par exemple. S’il y a un sujet sur lequel tous les partis ont fait le silence complet, c’est bien celui-là. Pendant que Pétrolia viole l’île d’Anticosti, un joyau du Québec, dans l’intention d’y trouver du pétrole, que le dossier des gaz de schiste est frappé d’un véritable enterrement électoral, qui va parler haut et fort ? C’est le meilleur moment pour obliger tous les politiciens à s’engager pourtant.
Qui va défendre la ville de Montréal alors qu’on se ferme les yeux et les oreilles pour ne pas avoir à répondre à ses besoins. L’enfant chéri de la politique s’appelle Québec. Tout le monde le sait. Ça commence d’ailleurs à ressembler à une injustice bien organisée. Montréal est en souffrance. Ses hôpitaux sont vétustes, ses écoles sont trop souvent contaminées aux moisissures qui menacent la santé des enfants, la pauvreté est flagrante et les plus pauvres couchent sur les bancs des parcs. Pendant ce temps, on va construire un anneau de glace à Québec…
La culture, cette formidable industrie qu’on fait semblant d’ignorer, même si elle rapporte 10 milliards chaque année et qu’elle emploie 120 000 personnes, beau temps mauvais temps, la culture a été totalement absente de la campagne en cours. C’est un silence qui fait peur.
La violence faite aux femmes, jour après jour, semaine après semaine, parce que les hommes manquent de ressources d’accompagnement quand ils sont en crise, personne n’en parle. Et la survie du registre des armes à feu dont Ottawa nous a dépouillés, exige un plan B pour la suite des choses. Les femmes ont le droit d’exiger des réponses. Des femmes meurent pratiquement chaque semaine, assassinées, sans qu’il y ait des manifestations dans les rues.
Dans 17 autres jours, la campagne électorale sera terminée. Il sera sans doute trop tard pour réveiller tous ces candidats et candidates qu’on devrait obliger à nous prêter serment à nous, les citoyens, qui allons leur accorder notre confiance. Il reste 17 jours. Nous avez-vous entendus ?


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