ÉLECTION 2012

L'opposition est dans l'usine ou dans la rue (Partie 1)

Élection Québec 2012 - analyses et sondages


Des élections anticipées, pour quoi faire ?
Des élections législatives anticipées ont été appelées au beau milieu de
l’affrontement opposant les étudiant(e)s au gouvernement québécois. Cette
mascarade électorale vise à liquider la grève étudiante et le mouvement de
manifestations populaires qui s’y est greffé. Pour le gouvernement,
l’élection du 4 septembre 2012 vise à reprendre l’initiative politique et à
redonner aux institutions « démocratiques » bourgeoises leur légitimité
bafouée par le défi étudiant et populaire face à l’ignoble Loi 78-12, aux
injonctions des tribunaux, aux règlements municipaux et aux intimidations
et agressions des forces policières. Il n’est pas suffisant cependant de
simplement balayer du revers de la main cette fraude électorale et de
renvoyer dos à dos tous les candidats-bouffons souhaitant représenter la
classe capitaliste auprès des électeurs et à l’Assemblée nationale.
En la circonstance, le slogan « Ne votez pas, ils sont tous pareils » ne
suffit pas et pourrait paraître une trahison des étudiants militants et un
abandon des pauvres, des autochtones, des chômeurs, des pêcheurs, des
mineurs et des ouvriers en lutte contre ce gouvernement corrompu; en lutte
également contre la classe capitaliste qui commande à ce gouvernement et à
ce Parlement troufion.
La conjoncture créée par cet appel à des élections anticipées nécessite que
l’on explique les motifs qui rendent nécessaire (pour la bourgeoise) la
hausse des droits de scolarité et qui rendent impératives (pour les
capitalistes) les hausses des tarifs des services publics (électricité,
assurance maladie, assurance médicament, garderie, assurance parentale,
régime des rentes, cotisation santé, transport en commun, permis de
conduire, plaque d’immatriculation, TVQ, péages sur les nouveaux ponts et
autoroutes, taxes municipales et scolaires) et en conséquence la
dégradation du pouvoir d’achat de la classe ouvrière et des
étudiants-travailleurs (72 % des étudiants post-secondaires travaillent).
À l’évidence, toutes ces hausses de tarifs, ne seront pas annoncées pendant
la présente campagne électorale. Ces annonces seront faites dans les années
qui suivront l’élection.

En ce qui a trait au chômage et à la pauvreté de couches importantes de la
population québécoise qui fréquentent les comptoirs alimentaires et les
friperies, tous les politiciens qui se disputent comme des chiffonniers
n’ont absolument aucun contrôle sur les lois du développement économique
capitaliste, ni sur la déprime récente de l’industrie minière, ni sur la
crise financière mondiale, ce qui explique qu’ils évitent de parler de la
crise économique et font comme si la pauvreté et l’exploitation de la
classe ouvrière n’existaient pas au Canada.
Récession économique mondiale et surprofits
La crise économique globalisée qui frappe le monde entier requiert de
chaque gouvernement qu’il soutienne fermement ses impérialistes nationaux
et qu’il érige un pont d’or de subventions, de déductions fiscales, de
ristournes pour achats «nordiques» , de contrats de construction surpayés,
d’aide gouvernementale pour la recherche appliquée afin d’imaginer des
outils d’exploitation et de surproductivité améliorés au service des
profits des entreprises impérialistes privées.
Un peu comme dans une néo-colonie étatsunienne, l’économie du Québec (et du
Canada) repose lourdement sur l’extraction et l’exportation des matières
premières non transformées (non-ouvrées). Le Plan Nord – un modèle du genre
en la matière – prévoit des investissements de plusieurs milliards de
dollars de la part du gouvernement québécois afin de construire routes,
voies ferrées, ports en eau profonde, afin d’accélérer la braderie des
mines de diamant, d’or, de titane et de fer pour le bénéfice d’immenses
trusts miniers internationaux (Rio-Tinto-Alcan, Arcelor Mittal, BRP, etc.).
Or, voici que la vérité s’étale au grand jour. Les milliers d’emplois
promis par ces oligopoles miniers sont conditionnels à la reprise
économique aux États-Unis et en Europe. Cette reprise non seulement ne
survient pas mais c’est une nouvelle récession qui s’annonce à l’horizon.
L’économie chinoise ralentit, l’économie indienne stagne et le minerais
québécois devient inutile. Pendant ce temps Charest promet de gaspiller
plus d’investissement dans le grand Nord, de dilapider les ristournes
d’Hydro-Québec et du ministère des Transports, et de fournir moins d’argent
aux étudiants. Pauline Marois déblatère sur les référendums d’initiative
populaire, sur le sommet de l’éducation, sur la charte de laïcité, et
François Legault tente de se faufiler entre les deux premiers à grand
renfort de promesses grossières qui font insulte à l’intelligence
populaire.
Les entreprises multinationales des pays occidentaux ne peuvent
concurrencer celles des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Russie, Iran)
dans l’attribution de salaires de misère et de pitoyables conditions de
travail. La Grèce s’y emploie depuis quelques mois et ne parvient pas à
briser la résistance de ses ouvriers à qui on impose une baisse de 40 % de
leur salaire pour des journées de travail allongées. L’Espagne s’apprête à
appliquer le même procédé avec les mêmes difficultés face à la classe
ouvrière espagnole révoltée. La Grèce sera bientôt chassée de l’Union
Européenne pour avoir osé résister à ses bourreaux. À l’intérieur ou à
l’extérieur de l’Euro et de l’Union, le programme de la classe ouvrière
grecque reste le même : chasser le Dieu de la peste des cieux du Pirée et
sortir la Grèce de la domination capitaliste des armateurs helléniques.
Les salaires de misère assurent aux pays émergents l’accumulation de masses
importantes de plus-value absolue (d’où proviennent toutes les formes de
profits). Face à cette réalité les économies capitalistes avancées comme le
Québec et le Canada n’ont qu’un scénario possible : hausser le niveau de
surexploitation de la plus-value relative (d’où proviennent les surprofits)
produite grâce à l’innovation technologique. Pour augmenter la productivité
du travail il faut investir des sommes énormes dans la
recherche-développement-appliquée via les universités et les centres de
recherche privés. Les facultés de sciences, de droit, d’administration,
d’informatique, de polytechnique et d’ingénierie sont à l’honneur. Les
autres facultés universitaires sont des enfarges inutiles qui doivent être
laissées en friche en attendant que les étudiants les désertent (éducation,
sciences humaines, philosophie, littérature, arts, musique, sports,
loisirs, etc.).
Chasser les étudiants des universités
Pendant la grève étudiante le gouvernement Charest a trouvé un milliard de
dollars à investir en recherche appliquée dans les universités et dans les
centres de recherche privés alors qu’il ne trouvait pas 265 millions de
dollars pour assurer l’accessibilité accrue aux études universitaires pour
les fils et les filles de la classe ouvrière.
La hausse des droits de scolarité post-secondaire visait à chasser le plus
grand nombre d’étudiants des facultés jugées inutiles pour la cueillette
des surprofits et elle visait à concentrer toutes les ressources ainsi
libérées annuellement (30 000 $ par étudiant abandonnant les études) dans
les facultés pouvant soutenir les entreprises monopolistes québécoises dans
leur quête de productivité et de surprofits via l’innovation technologique.
Ces surprofits ne sont nullement destinés aux ouvriers mais aux
actionnaires milliardaires avides de profits maximum et qui n’arrivent pas,
malgré ces subventions généreuses, à faire fonctionner leur système
économique sclérosé. Heureusement, les étudiants ont déjoué les plans du
gouvernement Charest qui sera bientôt chassé du pouvoir. À bon entendeur,
salut.
Ils promettent l’argent qu’ils ne possèdent pas
Après quelques semaines de campagne frivole, chaque parti bourgeois y va de
ses promesses de dépenses et de cadeaux électoraux; promesses se situant
entre 1 milliard de dollars pour le Parti Québécois, 2 milliards pour le
Parti Libéral et 3 milliards de dollars pour la Coalition Avenir Québec,
jusqu’au record de 8 milliards de dollars pour Québec Solidaire. Ces «
politicailleurs » mentent effrontément aux électeurs qui par ailleurs le
savent pertinemment.
Tous ces politiciens promettent l’argent qu’ils n’ont pas et qu’ils devront
d’abord arracher aux travailleurs avant de leur en retourner une infime
partie puisqu’une large part devra servir à rembourser les emprunts
contractés auprès des capitalistes financiers et qu’une autre partie devra
servir à subventionner les compagnies privées milliardaires assoiffées de
profits. Entre 2003 et 2012, le Gouvernement Charest, battant le record de
son prédécesseur péquiste, a augmenté les emprunts de 77 milliards de
dollars (hausse de la dette souveraine de 33 % en neuf ans) – soit une
hausse de la dette souveraine de 8 000 dollars par citoyen québécois.
Le Parti Libéral de Jean Charest préconise de faire payer le peuple en
appliquant la «règle» de « l’utilisateur payeur » introduite par le PQ
avant lui. Cette règle ne s’applique évidemment qu’aux différentes sections
du peuple (étudiants, chômeurs, assistés sociaux, patients des hôpitaux,
automobilistes, prolétaires, pêcheurs, mineurs, employés de la fonction
publique, retraités, autochtones, etc.), jamais aux entreprises prédatrices
d’électricité, aux entreprises alimentaires gaspilleuses d’eau potable, aux
minières et aux papetières pollueuses, aux entreprises de transport qui
saccagent nos routes, aux firmes d’ingénierie conseil et à leurs lobbyistes
dont les viaducs s’écroulent, aux firmes de construction distributrices de
pots de vin.
Charest est franc, il affirme ouvertement qu’il fera payer le peuple pour
sortir les riches du marasme économique. Il propose de brader les
ressources naturelles et de laisser les impérialistes québécois et mondiaux
s’accaparer des richesses du sous-sol et de la plus-value produite par les
ouvriers québécois.
Le Parti québécois, hypocrite et parfaitement au fait de cette gabegie,
laisse planer l’ambiguïté sur ses intentions cachées. Après avoir lui-même
haussé les droits de scolarité il promet aujourd’hui un moratoire d’une
année et il assure qu’un sommet de l’éducation guidera ses décisions par la
suite. Le Parti québécois est le champion des sommets de bavardage où une
section du peuple, récalcitrante à accepter la politique gouvernementale
d’austérité, se fait lyncher publiquement par les représentants du
patronat, des centrales syndicales et de l’administration gouvernementale,
sous le regard complice des médias à la solde.
Lucien Bouchard, leur héraut renégat, parrainait en 1997 ce type de sommet
de mise au pas. Pareil sommet a déjà été tenu par le Parti Libéral de Jean
Charest et n’a servi qu’à isoler et à discréditer les associations
étudiantes, qui n’ont compris l’arnaque qu’une fois assises dans la salle
de bal sous les feux des médias. Espérons que la prochaine fois ces
associations demeureront sagement dans la rue, perturbant les allées et
venues. N’égarez surtout pas vos pancartes « Bloquons la hausse »,
camarades étudiants-étudiantes. Vos collègues du collégial et ceux du
secondaire courent à votre rescousse. Félicitations pour votre victoire
présente. Ce n’est qu’un début, continuons le combat dans la rue.
Pour le reste du programme et des promesses péquistes, comme un ouvrier le
disait suavement : « Ces gens promettent de l’argent qu’ils n’ont pas et
qu’ils nous arracheront par les taxes et les impôts avant que de nous le
retourner amputé ». Que de sagesse populaire !
Québec Solidaire, n’ayant aucune chance d’être élu, promet la gratuité
scolaire et tout ce qui pourrait vous plaire; il suffit de demander puisque
jamais vous ne l’obtiendrez. Oublions la CAQ, que la bourgeoisie lance dans
la mêlée avec ses idées fascistes histoire de menacer ses deux partis
d’alternance s’ils ne remplissent pas les promesses faites aux riches
capitalistes.
Pour conclure ce tour d’horizon des grands partis de la bourgeoisie, les
chances de Charest de décrocher la palme électorale sont infimes. Ses
années passées aux commandes du rafiot gouvernemental l’ont discrédité et
son incapacité à briser le mouvement étudiant victorieux le feront répudier
par sa classe de tutelle bien décidée à l’écarter du gouvernail du «
Titanic québécois » en perdition. Ne pleurez pas, croisillons, un emploi
bien payé l’attend dans un quelconque conseil d’administration.
La question nationale et le référendum « gagnant » !
On aura noté que la question nationale et référendaire sur la séparation du
Québec du reste du Canada tient peu de place au cours de la présente
campagne électorale. C’est que la section québécoise de la classe
capitaliste monopoliste canadienne a retiré son appui à cette «Option
nationale», renonçant dorénavant à la stratégie du « chantage à la
souveraineté », surtout depuis qu’au deuxième référendum (1995) la clique
de Jacques Parizeau a failli dépecer la vache à lait fédérale canadienne.
Le capital financier québécois « de souche » ne souhaite nullement créer
une « République du sirop d’érable » de ce côté-ci de l’Outaouais et en
conséquence il a ordonné la fin de ce jeu dangereux de Tantale
référendaire.
Les vieux roturiers du PQ, plus astucieux et resquilleurs que les autres
prétendants au trône séparatiste, maintiennent le discours
chauvin-nationaliste mais posent comme préalable d’être assurés de tenir un
« référendum gagnant » avant de le déclencher, autant dire de proroger
l’exercice sécessionniste aux Calendes grecques. Après neuf années dans
l’opposition les hyènes péquistes ont faim et reniflent l’appétissante
assiette de dollars à portée de leur main.
Deux groupuscules se disputent les oripeaux nationaux et le soutien des
nostalgiques de Reggie Chartrand et de ses folkloriques « Chevaliers de
l’indépendance » – treillis kaki sur le dos et képi du légionnaire sur la
tête –. Option Nationale et Québec Solidaire devraient, sans danger,
assurer, après moult séances d’atermoiement, le baroud d’honneur du
national-chauvinisme-réactionnaire (1).
L’enjeu de toute élection en société bourgeoise
Dans tous les pays capitalistes les élections bourgeoises fournissent un
rituel plein d’astuces ayant pour objectif de choisir la section de la
classe capitaliste qui dirigera le Conseil des ministres du gouvernement
des riches. Le 4 septembre 2012 la bourgeoisie invite les électeurs
québécois à choisir 125 députés de fonction, chacun évalué en fonction de
sa capacité à adopter les meilleures politiques de sauvegarde des profits
des riches, assurant ainsi la reproduction élargie du système capitaliste.

Électeurs, électrices d’un jour, lequel d’entre vous n’a jamais remarqué
que tous ces députés, une fois élus à grand frais, n’en font qu’à leur tête
et ne se préoccupent jamais de vos infortunes ? Ils le voudraient qu’ils ne
pourraient rien faire. Quelle emprise ce député ou cette député a-t-il sur
la crise économique universelle, sur la finance et l’exploitation
capitaliste, source de tous nos maux ? Jean Charest a une formule toute
faite pour exprimer son mépris pour le peuple : « Un gouvernement ne doit
jamais céder à la rue et il doit prendre des décisions impopulaires ». Au
contraire, un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple
devrait céder aux demandes du peuple manifestant par centaines de milliers
dans les rues. Mais voilà électeurs, électrices d’un jour, les députés ne
sont pas élus pour vous représenter à l’Assemblée, mais pour représenter la
bourgeoisie dans votre comté et pour entériner les politiques des riches au
Parlement. Un député qui ne se plie pas à cette loi d’airain est aussitôt
rejeté par le sérail et rien ne pourra réchapper cet épouvantail.
Quel que soit le parti politique qui formera le prochain gouvernement, il
devra poursuivre dans la voie tracée par le Parti Libéral de Jean Charest
car le salut des capitalistes monopolistes québécois est à ce prix. Le
Parti qui tergiversera à propos du programme d’austérité, de coupures dans
les programmes sociaux et les services destinés à la population; ou qui se
montrera poltron à propos de l’augmentation des subventions destinées aux
patrons sera traité d’irresponsable et rejeté par les manipulateurs
d’élections. Le temps n’est plus aux réformettes du système économique en
décrépitude, ni aux « accommodements raisonnables » en faveur du peuple
travailleur. Les temps sont difficiles pour les capitalistes monopolistes
qui exigent une servilité à toute épreuve de la part de leurs thuriféraires
parlementaires.

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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