AFP Madrid -- Un processus de paix long et difficile, qui pourrait mettre un terme à 38 ans de violences terroristes en Espagne, s'est ouvert hier au Pays basque, où les nationalistes radicaux ont décidé de tenter d'obtenir l'autodétermination par des moyens politiques.
Au lendemain de l'annonce historique d'un cessez-le-feu «permanent» de l'organisation séparatiste basque ETA, responsable de la mort de plus de 800 personnes depuis 1968, la classe politique et l'opinion publique espagnoles étaient partagées entre espoir et prudence. Une prudence alimentée par deux précédents échecs de dialogue entre le gouvernement espagnol et l'ETA après les trêves de 1989 et 1998.
La radiotélévision publique basque a affirmé hier que des négociations se déroulaient depuis plusieurs mois entre des émissaires du gouvernement espagnol et l'ETA, dans plusieurs pays européens, dont la Suisse et la Norvège, et que l'organisation armée avait pris sa décision au sujet d'un cessez-le-feu depuis janvier 2006.
L'ETA, qui n'a pas commis d'attentat meurtrier depuis 2003, a publié dans la nuit une version complétée de son communiqué de mercredi, appelant tous les secteurs de la société basque à se mobiliser dans un processus de paix dont le premier pas, le cessez-le-feu, entre en vigueur aujourd'hui.
L'ETA y plaide en faveur d'«un processus démocratique au Pays basque pour qu'à travers le dialogue, la négociation et l'accord, le peuple basque puisse réaliser le changement politique dont il a besoin», réaffirmant par ailleurs le droit des Basques à décider de leur avenir.
L'inconnue demeure le calendrier du processus de paix alors que le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, qui a affirmé qu'il prendrait son temps, était hier à Bruxelles pour un sommet européen.
Autre inconnue, le rôle du parti interdit Batasuna, bras politique de l'ETA, dont le dirigeant Arnaldo Otegi comparaîtra mercredi en justice.
M. Zapatero lancera mardi des consultations avec les partis politiques avant d'activer une feuille de route approuvée en mai 2005 par le Parlement espagnol et autorisant le gouvernement à ouvrir un dialogue avec l'ETA si elle montrait sa volonté d'abandonner les armes. Son premier rendez-vous sera avec le chef du Parti populaire (PP, droite, principal parti d'opposition), Mariano Rajoy.
M. Rajoy, dont le parti est le seul à ne pas avoir approuvé la résolution parlementaire de mai dernier, a dit qu'il était «disposé à soutenir le gouvernement pour éviter qu'il paie un prix politique» aux terroristes.
À Bayonne (France), Batasuna a réitéré son vain appel au gouvernement français pour qu'il se mobilise dans un «processus de résolution du conflit basque». Cette formation revendique l'indépendance d'un grand Pays basque, comprenant le Pays basque espagnol, le Pays basque français et la Navarre.
L'organisation Amnesty International a averti qu'elle refuserait «l'impunité pour les graves violations des droits de l'homme commises par l'ETA».
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