Un nouveau départ embarrasse les péquistes

Pacte électoral - gauche et souverainiste


Philippe Leclerc occupera des fonctions «militantes et organisationnelles» au sein du parti de Jean-Martin Aussant, Option nationale.
Photothèque Le Soleil, Jean-Marie Villeneuve


Denis Lessard La Presse (DRUMMONDVILLE) Philippe Leclerc, le président de l'association de Mercier, a décidé d'aller rejoindre le parti indépendantiste de Jean-Martin Aussant. Ce nouveau départ vient allonger la liste des présidents d'associations péquistes que Pauline Marois n'est pas parvenue à garder au sein du parti.
[La lettre de M. Leclerc, publiée samedi matin par Le Soleil->41906]], a eu l'effet d'une gifle sur le Conseil national du PQ, qui tient une réunion d'une journée à Drummondville. On y accusait le coup: le départ de quatre députés en juin était «l'épicentre d'un séisme, les départs de présidents de comtés sont comme les répliques d'un tremblement de terre», a illustré Raymond Archambault, le président du PQ. L'ancien journaliste se défend de minimiser ces démissions: «chaque départ est important et m'attriste. Mais il faut les relativiser. Ici, la très grande majorité des exécutifs restent avec nous». Pour lui, «ceux qui s'en vont sont aux extrêmes de la coalition». Certains partent dans la direction de François Legault. D'autres, «qui voulaient la souveraineté... hier», vont rejoindre M. Aussant, explique-t-il.
«Je n'ai pas attendu ce moment pour faire mal au PQ, a expliqué M. Leclerc à La Presse. D'autres présidents annonçaient leur départ cette semaine et je ne pouvais pas me présenter au Conseil national samedi.» M. Leclerc reste ambigu quant à ce qu'il ferait si le PQ changeait de chef. Sa décision, dit-il, est motivée par le refus de Mme Marois d'amener rapidement le débat sur les propositions de «renouveau démocratique» de Bernard Drainville.
Philippe Leclerc s'ajoute à une longue liste de présidents péquistes démissionnaires qui compte Alexis Lebrun-Gagné (Hochelaga-Maisonneuve), Atim Léon (Montréal-Centre), Miguel Tremblay (Laurier-Dorion), François Lemay (Saint-Henri-Sainte-Anne), Patrick Voyer (Charlesbourg) et Marjolaine Lachapelle (Nicolet-Yamaska). En juin, dans la foulée du dépôt du projet de loi 204, cinq députés ont claqué la porte du PQ pour siéger en tant qu'indépendants.
M. Leclerc déplore que le débat autour du renouveau démocratique proposé par Bernard Drainville ait été reporté à la fin novembre, par la chef péquiste. Le député de Marie-Victorin soulignait avoir demandé, en vain, à M. Leclerc de rester dans la barque péquiste. «J'implore les militants pour qu'ils cessent de démissionner. S'ils veulent des changements, ils ne doivent pas démissionner. Si vous quittez vous ne pouvez plus travailler à convaincre pour amener des changements», résume M. Drainville.
Pour le député Yves François Blanchet, «les journalistes se régalent de ces départs et les exagèrent. C'est déplorable». En juin, «on a stoppé l'hémorragie au niveau des députés... le PQ n'est pas handicapé par ces départs». L'aventure de Jean-Martin Aussant «n'est pas crédible et ne fait pas mal au Parti québécois», continue Yves François Blanchet, croyant que «l'effet sera limité dans l'opinion publique». Le député de Roberval, Denis Trottier, croit que le PQ «est assez verbomoteur».
«Honnêtement, je ne comprends pas», a dit Michel Leduc, le président des comtés de Laval. Le PQ, selon lui, «est le seul parti qui puisse fédérer les forces souverainistes». Il ne faut pas non plus dramatiser les départs des présidents de circonscription, dit-il.
Lettre percutante
[Dans sa lettre->41906], Philippe Leclerc a écrit: «Cette décision [de quitter le PQ] n'a évidemment pas été simple à prendre, mais devenait inévitable devant l'accumulation de déceptions induites par le comportement et la posture d'une formation que j'ai pourtant tant respectée. Cela, je l'attribue à rien de moins qu'une perte d'essence en son sein, particulièrement au cours des deux dernières années»
Option nationale, le parti de Jean-Martin Aussant, fait «le pari de l'indépendance moderne et affirmée».
Il était un partisan de Pauline Marois dans la course à la direction, un «fervent promoteur de l'accession à la direction de Mme Pauline Marois: l'arrivée de celle que j'avais appuyée à la course à la chefferie deux ans plus tôt m'apparaissait pleine de promesses». Mais bien des efforts des militants sont restés lettre morte «pendant des mois, presque une année, des militants ont ainsi redoublé d'effort pour mettre de l'avant des argumentaires et des propositions qui allaient permettre au Parti québécois d'oser la nouveauté. Pour quel résultat? Comme bien d'autres travaux, ceux-ci furent purement et simplement tablettés», écrit Philippe Leclerc.
Comme d'autres militants de Montréal, il n'a pas accepté que Mme Marois reporte la discussion sur le «renouveau démocratique» proposé par Bernard Drainville, député de Marie Victorin.
«Pour des raisons qui m'apparaissent encore obscures, la direction du parti, plutôt que de prendre avec enthousiasme et faire siennes pareilles innovations, a plutôt cherché à gagner du temps. Or, c'est le temps qui manque cruellement au PQ actuellement» affirme M. Leclerc qui dit avoir besoin de pouvoir faire confiance en «un leadership innovant, fonceur et irrémédiablement convaincu».


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