La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) compte poursuivre ses pressions durant l’hiver 2015 pour freiner les réformes et projets de loi du gouvernement libéral dans leur forme actuelle. Reprenant une expression associée aux années 1945 à 1960, la présidente de la CSQ, Louise Chabot, a déclaré vendredi que le Québec est menacé de replonger dans une « grande noirceur ».
Mme Chabot prévient que « l’année risque d’être le théâtre de confrontations sociales importantes si le gouvernement ne se ressaisit pas rapidement pour rétablir un véritable dialogue avec sa population et ses employés ». Elle admet avoir tout un défi « d’information et de mobilisation » pour la prochaine année.
La présidente dénonce surtout les mesures gouvernementales proposées dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la petite enfance, comme les réductions du financement des cégeps et des universités, l’abolition des agences régionales de santé et la modulation selon le revenu familial du tarif des garderies subventionnées.
Ces réformes « s’attaquent profondément » au modèle social adopté au Québec depuis la Révolution tranquille, estime-t-elle. « On s’est doté au Québec d’une gamme de services au nom du bien commun. Si les réformes en éducation et en santé sont adoptées, ce sera un recul de 10, 15, 20 ans en arrière », déplore Mme Chabot.
Le changement des tarifs en garderie effritera lui aussi le « modèle québécois », selon elle. « C’est dommage parce que les services éducatifs à la petite enfance sont un projet de société dont on doit être fier. C’est un service qui doit être accessible à tous. »
Dialogue difficile
Mme Chabot affirme que sa centrale syndicale a « beaucoup de difficulté » à rencontrer le ministre responsable de l’Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes, Martin Coiteux. Quant au ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, elle le trouve « très disponible », mais « ne se sent pas entendue ». « On n’a pas de propositions concrètes. On nous laisse dans l’incertitude. »
La présidente affirme avoir peu d’information sur les réformes et projets de loi proposés avant leur dépôt. « Le ministre Barrette n’a jamais voulu donner de précisions avant le dépôt de son projet de loi. Même chose pour le ministre de l’Éducation. On en sait très peu sur ce qui sera déposé [au printemps]. Est-ce que c’est la crainte d’être influencé [par ceux qui seraient consultés] ? » se questionne-t-elle.
En réaction aux inquiétudes de la CSQ en matière d’éducation, la porte-parole du ministre de la Santé, Yasmine Adbelfadel, indique que ce dernier « veut rencontrer tous les intervenants avant de rédiger et déposer son projet de loi durant le printemps 2015 ». L’heure n’est pas encore aux compromis, mais plutôt aux discussions, ajoute-t-elle.
La porte-parole du ministre de la Santé, Joanne Beauvais, assure que le ministre « a rencontré plusieurs acteurs » du milieu pour récolter différentes informations avant de mettre sur pied son projet de loi. Ces dialogues étaient toutefois limités en raison des règles parlementaires qui ne permettent pas de dévoiler tous les détails d’un projet de loi avant son dépôt.
« Plusieurs leaders syndicaux » ont affirmé au ministre Barrette craindre surtout « les changements d’affiliation » pouvant être engendrés par « des fusions d’établissements » amenées par le projet de loi 10, tient à préciser Mme Beauvais.
Le cabinet du ministère des Finances n’a pas donné suite aux appels du Devoir.
La CSQ compte plus de 200 000 membres, dont près de 130 000 travaillent dans le domaine de l’éducation. La CSQ est aussi présente dans des domaines tels que la santé, la petite enfance, les services sociaux et la culture.
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