Un drapeau en Chine et des faux pas...

Le prix politique à ne strictement rien faire était nettement une erreur de jugement

Jeux olympiques chinois

Cette semaine, alors que les Jeux Olympiques de Pékin battaient leur plein, certainement après le relais de la flamme le plus controversé de l’histoire sportive, on apprenait au même moment l’interdiction stricte et formelle du gouvernement communiste chinois de permettre l’apparition de drapeaux m’étant pas l’emblème du pays participant aux compétitions. Pour la Chine ayant peur de la liberté d’expression comme si elle annonçait la fin de son régime, il s’agissait de se défaire de la question épineuse et gênante du Tibet, de la Taïwan et du Ouighour, des régions aux tendances sécessionnistes connues par le monde entier. Du même coup, plusieurs dirigeants d’États fédérés appelaient à la défense de leur identité et leur symbole. L’Écosse, le Pays-de-Galles et la Flandre ne se sont d’ailleurs pas gênées le moins du monde pour dénoncer cette mesure brimant le droit fondamental d’être affichées.
Sur notre continent, la chef du Parti Québécois Pauline Marois dénonçait véhément la mesure en rappelant à l’ordre le Premier ministre du Québec, Jean Charest. Ce dernier, visiblement mal à l’aise avec la question, n’a tout simplement pas jugé bon de revendiquer quoique ce soit dans le domaine, m’apparaissant en toute objectivité comme une erreur fondamentale de jugement : un pas dans la mauvaise direction. En effet, contrastant de fait avec l’image de nationaliste affirmé qu’il détenait depuis la dernière élection et la commission sur les accommodements raisonnables (il est même aller récemment jusqu’à rabrouer son aile jeunesse qui exigeait plus de place pour l’anglais à la petit école), il aurait tout apparu dans son intérêt et dans son devoir de se porter à la défense de notre drapeau national. Créant une véritable brèche dans l’image de défenseur du Québec, qui s’était accrochée à lui en le propulsant littéralement dans les derniers sondages, ce dernier accroc est à s’y méprendre avec le Jean Charest version 2003…
Parce qu’il faut tout de même l’avouer, JAMAIS un(e) premier(e) ministre provincial, quelque soit son allégeance politique, n’aurait été en mesure de finalement réussir à faire brandir le fleurdelisé dans les stades de Pékin. En cela, il y a donc place à nous demander ce qu’il y avait tant à perdre aux yeux du chef de Parti libéral pour avoir privilégier le statu quo sur la question, lui qui aurait tout à gagner à s’incarner de nouveau défenseur des couleurs du Québec à l’international. Historiquement, il faut savoir que le champ des relations internationales au Canada n’a jamais été clairement attribué à un palier spécifique…laissant à la fois le pouvoir au gouvernement fédéral qu’aux provinces. Raison pour laquelle il ne faut pas oublier que le Québec fait une bonne figure sur la scène internationale, en entretenant des liens politiques et économiques étroits notamment avec la France, l’Inde, les États-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique et le Japon par le billet de ses délégations étrangères. Fait à savoir, même la Chine compterait 4 représentations du Québec, dont une au cœur de Pékin !
Dans un tel contexte, où le Québec joue un rôle non négligeable dans les relations internationales, il relève de la première responsabilité du Premier ministre, fédéraliste ou souverainiste, de défendre cette implication du Québec, critiquer le manque de liberté d’expression en Chine et de revendiquer la place des couleurs nationales du Québec dans le monde. Pour Jean Charest, qui affirmait dans les derniers jours « que les États fédérés ont un poids et une légitimité sur la scène internationale », il y a de quoi émettre de sérieuses réserves sur cette déclaration face à son récent immobilisme, où il n’a malheureusement même pas daigné de critiquer la position chinoise en matière de liberté d’expression, un jeu pourtant avantageux auquel ont prit part déjà plusieurs centaines d’acteurs dont le Canada. Selon ses gestes, si le Québec, comme province fédérée, ne peut pas défendre pleinement le peu de place qui lui revient sur la scène internationale, à quoi bon l’idée d’en demeurer une ? Une idée qui donne sans aucun doute des munitions aux souverainistes qui réalisent l’ampleur de leur bon coup médiatique.
On dit souvent que « l’agir » en politique se mesure selon les conséquences positives ou négatives qui en résultent. Dans le cas présent, le prix politique à ne strictement rien faire était nettement une erreur de jugement, un véritable faux pas que Pauline Marois a su exploiter avec habileté et rationalité.
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Au moment d’écrire ces lignes, la ministre de l’éducation et de la famille, la libérale Michelle Courchesne, venait de qualifier ce débat sur le drapeau de « chicane de guenilles » …Aïe, aïe, aïe !


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6 commentaires

  • Michel Guay Répondre

    23 août 2008

    Un jour le jour ou nous voterons en conséquence notre fleurdelysé flottera sur nos ambassades et nos entreprises tous les pays donc dans le monde entier.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 août 2008

    Moi, à ce que je comprends à cette controverse sur les drapeaux, controverse qui originait de la Chine: d'après moi, ce n'est pas vrai. Parce que "Chinese Taiwan" --tel qu'on l'a vu au défilé d'ouverture, aussi "Chinese Hong Kong", ont défilé SEULES, comme NATION INDÉPENDANTE, avec leurs propres athlètes. Alors, est-ce que cette controverse visait uniquement les "NATIONS" encore incluses dans des nations, ou encore cela englobait toutes les différentes nations, telles que Taiwan et Hong Kong ---et Macau aussi, en passant--- qui ont pu parader et s'affichent comme si elles étaient une nation indépendante ??

  • Archives de Vigile Répondre

    16 août 2008

    Si Charest avait demandé le drapeau du Québec à Pékin, il aurait été semoncé par les capitaux de Gesca et de Power. Desmarais l'a dit , il a plié. On fait commerce de nos symboles et de notre culture dans ces journaux recul de popularité et les libéraux avec leurs jeunes s'en réjouissent. Si Charest avait été fin stratège, ilaurait suggéré à Harper de l'appuyer dans sa réclamation et demandé à Pékin de laisser hisser le drapeau d'un membre de fédération lorsque le fédéral acquièce. Il aurait gagné des votes, Harper aussi. Pas brillant pour cinq cennes, comme on dit au Québec, il a paru nouille en faisant suite à la remarque de Pauline Marois qui le réveillait de sa torpeur ( mot dans lequel il y a PEUR). Gesca (Desmarais) serait fâché bien sûr de voir un fédéraliste se tenir debout. Ne reste plus 'à faire comme les bretons.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 août 2008

    Hier Jean-René Dufort nous a bien montré un drapeau breton à un match de Handball où la France jouait. 20 min plus tard le drapeau avait disparu. Whatever, y'a des peuples qui se tiennent debout comme les Bretons.
    Charest aurait pu aller encourager Dépatie avec un drapeau du Québec. J'aurais bien aimé voir l'incident diplomatique si on l'avait arrété!

  • Archives de Vigile Répondre

    16 août 2008

    Je ne suis tout simplement pas d'accoord qu'il faut vivre avec nos choix ? As-t-on eu le choix en 2003 ? Facile à dire mais si
    on vérifie les moyens qu'avai le parti libéral... durant toute la campage électorale Jean Chares et le parti libéral etait présend sur RDI tous les jours et constamment il parlait.
    Le parti de Dumont lui aussi était publié et avait le droit
    de parole. Le PQ avec Mde Marois était obligé d'avoir recours aux femmes pour leur faire comprendre l'enjeu de la campagne.
    Et comme il n'y a pas de liberté de presse sauf dans vigile!
    je ne vois pas comment Charest pouvait défendre les couleurs du Drapeau du Québec
    Au fait il est disparu partout dans la province depuis les fêtes du 400ième pourquoi ?
    Venez pas me beurrer avec nos choix, je n'étais pas là quand Trudeau a voté la loi en 1974 au sujet de la plade du ou des canadiens français (ils ne sont qu'une minorité !)
    Alors les immigrants étranger pensent que le Canada est
    Anglais 'ils ons raison' et que les québécois français minoritaire au Canada 'le québec en fait partie malgré sa volonté et ils ont raison !) Alors ont se tirent dessus à qui mieux mieux. Non ! Montréal nord ....?

  • Archives de Vigile Répondre

    15 août 2008

    Comme dans d'autres dossiers, c'est ça qui arrive quand on vote NON!
    On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.
    Que l'on vive avec nos choix!
    On n'est pas plus une nation à moitié qu'une femme peut être enceinte à moitié. Il y a des choses où les zones grises n'existent pas. Il y a des drapeaux de pays, des drapeaux de nations tout comme des drapeaux corporatifs ou d'organismes.
    À Pékin ce n'est pas la nation qu'on représente mais le pays.
    Il faut vivre avec les conséquences de nos choix.