Protéger notre identité : nous affirmer avec audace

Tribune libre - 2007

On assiste depuis quelques temps à une véritable polémique au sujet du projet
de loi sur l’identité québécoise. À cet effet, le Parti Québécois a proposé
qu’on restreigne certains privilèges à des personnes ne présentant pas le
critère d’admissibilité à une éventuelle citoyenneté québécoise.
Les chiffres présentés dans les différentes tribunes parlent d’eux-mêmes :
selon le ministère de l’Immigration du gouvernement Charest, 180 000
nouveaux arrivants sans aucune connaissance de base du français ont choisi
le Québec, dans les 10 dernières années. Selon les estimations,
pratiquement 210 000 personnes issues de l’immigration s’établiront au
Québec sans la connaissance du français. De telles données ne peuvent être
reniées et négligées, en tenant compte de la fragilité et de l’authenticité
de notre statut en Amérique du Nord.
L’avancement de notre peuple à être reconnu récemment comme nation par le
gouvernement fédéral s’inscrit dans la légitimité de notre désir de vouloir
protéger notre identité. Pauline Marois a d’ailleurs su présenter avec un
habile pragmatisme la cause identitaire du Québec au sein du Canada : «[E]n
vertu de quelle rhétorique le nous « canadien » serait inclusif et le nous
« québécois » exclusif ? ». Au même titre que l’ensemble des peuples de la
planète, les Québécois forment une nation, de par leur histoire et leur
culture, qui a le droit d’être valorisée et défendue. En quoi serait-il
anticonstitutionnel, raciste et xénophobe de vouloir exiger que les
citoyens québécois, de toutes origines, aient une connaissance minimale du
français, langue officielle ? En réponse aux détracteurs se targuant dans
la vertu, je leur rappelle que des pays comme les États-Unis, la Suisse et…
même le Canada, exigent une connaissance de la langue officielle pour s’y
établir. La citoyenneté de tout pays s’apparente de façon logique à un
privilège accordé selon des critères minimaux. Rappelons que sur cette même
question, on est encore loin de la citoyenneté flamande (une « province »
de la Belgique), où la connaissance du flamand est requise pour… l’aide
sociale. D’exiger une connaissance de base du français, langue officielle,
pour l’obtention du privilège de se présenter à des postes électifs au
Québec, s’avère en tout point raisonnable.
Pour les fédéralistes convaincus et les autonomistes désorientés, il en
demeure un véritable à-plat-ventrisme à refuser de débattre d’un tel
projet. Vouloir assurer la prédominance de la langue française au Québec
doit se faire par des gestes audacieux offrant la garantie que ses
habitants, en dépit de leurs origines, sauront la faire perdurer. Si le
fédéralisme et la Constitution canadienne (à laquelle nous n’avons toujours
pas apposé notre signature) ne sauraient garantir la protection de notre
langue et de notre identité comme peuple, il serait dorénavant plus que
temps d’envisager la seule vraie option nous permettant de nous affirmer :
la souveraineté.
Sébastien Marcil

Étudiant d'Études politiques appliquées - Relations internationales

Université de Sherbrooke
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 novembre 2007

    Monsieur Picard,
    Vous avez absolument raison. Le projet de Pauline est une façon détournée de ne plus parler de l'indépendance du Québec. Une citoyenneté sans pays, ça vaut quoi? Tout comme une loi 101, qui fait de la langue française, la seule langue officielle du Québec, sans un Québec indépendant, à quoi ça sert? Réponse: ça sert à engraisser les avocats qui s'amusent à débouter la charte de la langue française... et qui, actuellement, n'en porte plus que le nom.
    Y a-t-il encore des gens assez naïfs pour croire que le PQ peut nous conduire à l'indépendance du Québec? Si oui, je ne vous comprends tout simplement pas.
    Nestor Turcotte

  • Archives de Vigile Répondre

    6 novembre 2007

    On doit saluer les efforts récents du parti québécois en matière de langue. Toutefois, on doit se poser des questions sur la portée de ce geste. Pourquoi Pauline Marois n'a-t'elle pas étendu la citoyenneté québécoise au droit de vote ?
    La chose est doublement plus sensée considérant la doctrine référendaire péquiste et le vol du référendum de 95 (Lire Le référendum volé, éditions les intouchables, Robin Philpot).
    Plus gravement, on doit se poser des questions mêmes sur la nature des accomodements linguistiques au gouvernement québécois. L'exemple doit venir du gouvernement, or ces exemples sont navrants. Les panneaux routiers sur l'autoroute bonaventure "are in both official languages". Plusieurs études soulignent le déséquilibre financier entre les universités anglophones et francophones au Québec. On parle de doubler les coûts du CHU avec un CHU anglophone.
    Qu'en est-il de l'anglicisation des Cegeps ?L'anglicisation de l'UQO ? Du Red-light district ?
    Plus fondamentalement, tu écris :
    "Pauline Marois a d’ailleurs su présenter avec un habile pragmatisme la cause identitaire du Québec au sein du Canada".
    C'est là le problème. Veut-elle renforcer le français dans un Canada-uni ou faire l'indépendance ?
    Comme Josée Legault l'a écrit, le projet de loi serait indéniablement valide ... dans un Québec indépendant ...
    Où est le Québec indépendant de Pauline dans tout ça?