Tristesse et désolation dans notre gouverne à mentalité provinciale. (1)

PQ - gouvernance nationale<br>Conseil national 14-15 et 16 mars


«Pro victis» disaient les Romains lorsqu'ils créaient une sorte de réserve
pour une peuple qu'ils avaient vaincu. Ils nommaient ensuite un gouverneur
romain et la province devenait un rouage quelconque dans l'empire.
«Province of Quebec», ont dit les Anglais en 1763 lorsqu'ils ont découpé, à
même la morte Nouvelle-France, un territoire pour les Canadiens. Puis il
ont nommé un gouverneur anglais et la province est devenue une parcelle
dans cet empire sur lequel le soleil n'allait plus se coucher.
La défaite cuisante de 1760 a eu des conséquences lourdes sur les plans
humains et matériels. Cela est assez facilement quantifiable. Mais ce
revers a laissé des traces dans un autre domaine, moins bien mesurable
celui-là: celui des mentalités. C'est particulièrement pernicieux et
encore plus dommageable à long terme. Les familles peuvent se refaire et
les dégâts matériels se réparer mais pour les attitudes et les mentalités,
c'est plus délicat. C'est sournois et obscur parce que ça relève la
plupart du temps de l'inconscient. C'est aussi dévastateur parce que ça
finit par imprimer souvent à tout un peuple des réflexes de colonisés.
C'est sur cette pathologie que travaillait René Lévesque quand il
répétait: "Cessons d'avoir peur et faisons-nous confiance." La tâche
était gigantesque mais le message a fini par passer dans une certaine
mesure avec la Révolution tranquille qui a vu l'émergence d'un réel pouvoir
économique québécois, le début d'une espèce de reconquête. Que voit-on
aujourd'hui ? La désolation, la dépossession, le vide, le désert de
l'impuissance. Qu'entendons-nous ? Le cliquetis des chaînes que nous
sommes en train de nous forger.
***
Que voyons-nous ? Nous voyons un ministre Bachand banaliser le passage de
nos entreprises sous contrôle extérieur en qualifiant ceux qui le déplorent
de chauvins ou pire de xénophobes. Il faut préférer un peu de chauvinisme
à un char d'insignifiance. Quand à la xénophobie, on voit bien que le
ministre se sent à l'aise quand vient le temps de pincer la corde de cette
culpabilité collective que certains ont tendue pour nous. Voir de la
xénophobie dans le fait de vouloir conserver des fleurons que nous avons
contribué à mettre au monde avec l'argent de nos impôts souvent, cela
relève de l'indécence et de la sottise. En fait, ce ministre serait-il un
colonisé conscient ? Finalement, c'est le Fonds de Solidarité qui doit
être content d'en être débarrassé.
Autre cas pathétique, la ministre Jérôme-Forget, toute heureuse de son
bricolage budgétaire tellement fragile qu'on devrait plutôt l'appeler la
ministre des faïences avec son trésor toujours vide. Alors qu'à Ottawa on
engrange des surplus qui frisent l'indécence, elle aime mieux chercher sous
la table d'inexistantes miettes pour «raboudiner» sa fragilité financière.
Elle est en amour avec ses budgets, en amour avec son handicap financier !
Faut tout de même le faire. Béate inconscience ou masochisme?
Quant au ministre Pelletier, «à l'ouest, rien de nouveau». Titulaire des
«Affaires-inter-gouverne-mentales», ministre de la grande frousse
constitutionnelle qui se cache pour chuchoter de vagues voeux creux et qui
fait ensuite semblant de ne pas entendre la méprisante rebuffade
outre-outaouaise, il n'a pas encore pris note que ce dossier est vraiment
clos au Canada. Il faut se demander pourquoi diable on se paie encore un
ministre pour cela. Il est un artisan inutile et surtout nuisible avec
tout son bagage soporifique.
Et la pathétique ministre de la culture. Elle participe à cette stratégie
libérale de l'éteignoir. Elle n'a pas compris ou feint de ne pas
comprendre que la langue est le moteur de la culture et que cette culture
est la charrue qui ouvre les sillons dans le processus d'affirmation d'un
peuple. Au lieu d'essayer de nous cacher l'état de la situation
linguistique, négation de sa formation journalistique, elle ferait
peut-être mieux de placer notre langue dans la catégorie des espèces
menacées au Québec. Mais elle travaille, elle aussi, à nous endormir.
Ministre de la clôture, devrait-on dire.
Pour ce qui est de la ministre de «l'environronnement» et celle des
Relations internationales qui doivent souvent voyager dans les valises de
leurs homologues fédéraux, on pourrait aussi se passer de leurs services en
attendant que ces dossiers veuillent vraiment dire quelque chose dans une
perspective vraiment québécoise.
Il y a aussi le ministre Couillard, le dauphin potentiel qui doit se
désoler en silence devant la remontée de son chef dans les sondages. Il
pilote un ministère périlleux, ce ministre de la «sentez-vous venir le privé
?» Le rapport du pseudo-père de l'Assurance-maladie va sortir et il ne
pourra plus se cacher. L'arrivée des rats à l'Hôtel-Dieu serait-elle
annonciatrice de l'invasion de notre système de santé par les rongeurs du
privé ?
Et de Jean Charest, le chef de cette équipe d'anesthésistes, que dire ?
Ou bien il a séché souvent ses cours d'histoire, ou bien il se contente
d'un statut de gestionnaire provincial. Pourtant, il doit comprendre toute
la différence entre pays et province, lui qui a cherché désespérément à
devenir premier ministre canadien. Ses pèlerinages à Ottawa où il traîne
discrètement ses petites savates de peur de soulever l'ombre d'un soupçon
de revendication ne donnent évidemment rien. Au lieu d'avoir une véritable
stratégie, il aime mieux travailler à une bricole factice comme celle du
Conseil de la Fédération qui lui a déjà apporté plus que sa ration de
déboires. Il n'a pas encore compris qu'à bientôt 20% de ladite
fédération, nous n'avons plus vraiment grand-chose à attendre. Il fait
tout pour ne pas réveiller les Québécois et si parfois, il se laisse un peu
emporter par des envolées vaguement autonomistes, on le prendra au sérieux
quand il participera aux célébrations entourant les Fêtes des Patriotes qui
figurent parmi les pères de la démocratie canadienne.
Que voilà un tableau bien déprimant. Ne s'agit-il que d'un difficile
moment à passer ? Ce serait bien d'en être sûr mais quand on observe ceux
qui veulent prendre la relève, on se dit qu'on est peut-être pas sorti de
l'auberge. (À suivre)
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Gilles Ouimet66 articles

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Né à Mont-Laurier en 1947. Études primaires à cet endroit. Études classiques à Mont-Laurier et Hull entre 1961 et 1968. Diplômé en histoire de l’Université Laval en 1971. Enseignant à la polyvalente de Mont-Laurier entre 1971 et 2005. Directeur d’une troupe de théâtre amateur (Troupe Montserrat) depuis 2000. Écriture pour le théâtre, notamment une pièce à l’occasion du centenaire de Mont-Laurier en 1985 (Les Grands d’ici), une autre à l’occasion du 150e anniversaire du soulèvement des Patriotes (Le demi-Lys...et le Lion) en 1987 (prix du public lors du festival de théâtre amateur de Sherbrooke en 1988 et 2e prix au festival canadien de théâtre d’Halifax la même année). En préparation, une pièce sur Louis Riel (La dernière Nuit de Louis Riel). Membre fondateur de la Société d’histoire et de généalogie des Hautes-Laurentides. Retraité de l’enseignement depuis 2005.





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2 commentaires

  • Gaston Boivin Répondre

    29 janvier 2008

    Lorsque leur maître dort ou s'absente de la demeure, les valets s'affairent à leurs occupations quotidiennes comme s'ils en étaient les véritables maîtres, prêts à tous les mensonges, à toutes les illusions, à toutes les falsilfications, à toutes les justifications et à toutes les négations et dénégations pour maintenir et entretenir leur rêve utopique de pouvoir. Félix Leclerc a déjà dit d'eux:"Est-ce que tout serait à recommencer à cause de quelques magasiniers qui échangent, trafiquent, vendent trois siècles d'histoire pour quelques heures de pouvoir?"

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2008

    Tout cela peut se résumer à un vocable: La provincialisation des esprits. Symptomatique d'un rapport de force entre un état qui a annexé le Québec et l'a réduit au statut de demi état. Pour sortir de cette aliénation il faudra que notre projet politique soit celui de donner une consistance suffisante à ce demi état pour rétablir un rapport de force qui nous soit favorable.