Savez-vous qu’il existe une station de ski où il est obligatoire de payer en dollars américains pour obtenir une passe annuelle ? Précision importante : une station de ski qui n’est pas située aux États-Unis. Je parle du Mont-Tremblant, situé dans les Laurentides.
Comme rapporté par le Journal la semaine dernière, la compagnie américaine propriétaire de Tremblant, Alterra Mountain Company, a décidé d’emprunter une pente glissante. Elle offre désormais deux choix de laissez-passer (nommées Ikon et Ikon Base) donnant un accès illimité à Tremblant et à 26 autres destinations aux États-Unis et au Canada. Et les laissez-passer en question doivent obligatoirement être payés en dollars américains. Si vous êtes un ardent skieur, mais que vous souhaitez le faire seulement à Tremblant et payer en dollars canadiens, il existe tout de même la « passe » Tonik, qui exclut plusieurs journées dans l’année, notamment pendant le temps des fêtes et les jours fériés. Ça n'inclut pas, en somme, les journées où ça vous adonne vraiment d’y aller.
Changer son argent en dollars américains pour skier toute l’année dans les Laurentides ? Ce n’est certainement pas la première fois qu’une compagnie américaine rit des citoyens et des clients d’un des lieux où elle décide d’investir. Je dirais même qu’il est ardu de reprocher à des entreprises de vouloir faire du profit.
Le problème vient du côté politique.
Tel que mentionné dans l’article du Journal concernant cette affaire, rien dans la Loi sur la protection du consommateur n’exige au commerçant de vendre dans une devise particulière. Je n’ai pas de problème à ce qu’un commerçant permette l’emploi d’une devise étrangère, mais j’en ai à l’idée qu’il l’oblige. Ces situations devraient tout bonnement être interdites. Le député fédéral Xavier Barsalou-Duval exigeait hier que le gouvernement canadien adopte une loi allant en ce sens.
On sait malheureusement à quel point les pouvoirs publics sont souvent à genoux devant les puissances privées. Souvenons-nous de la dernière campagne électorale provinciale, quand Philippe Couillard affirmait en plein débat des chefs qu’il fallait impérativement que les travailleurs des chaînes de montage parlent anglais au cas où un boss anglo débarquait dans l’usine. Sous peu, peut-être exigera-t-on que les commerces soient tous prêts à obliger l’utilisation du dollar américain juste au cas où. Il y a beaucoup de riches touristes américains, vous savez...