Tir groupé contre l’entente d’Ottawa avec Netflix

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La soumission à Ottawa a des conséquences

Le concert d’indignation fait front commun. Une centaine de signataires publient mercredi un message contre l’injustice fiscale dans les pages des quotidiens québécois.



La prise de conscience était déjà collective après l’entente en septembre dernier entre le gouvernement Trudeau et Netflix. Le milieu culturel et celui des affaires accordent cette fois leur voix pour décrier les traitements de faveur : « On ne peut pas permettre aux géants étrangers d’échapper aux taxes que toutes les entreprises d’ici doivent prélever. »



À deux jours de la venue à Montréal de Mélanie Joly, le message est relancé. La ministre du Patrimoine canadien doit défendre vendredi la vision de son gouvernement pour les industries culturelles devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.



La coalition est spontanée et momentanée. L’indignation, elle, n’est toutefois pas éphémère, avertissent plusieurs des signataires. « Il y a plus de deux ans qu’on demande aux gouvernements d’intervenir pour les biens intangibles », affirme Stéphane Forget, de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).


 


« Un désastre »



Les hommes d’affaires Alexandre Taillefer et Pierre Karl Péladeau sont également du nombre. Ils avaient tous deux fait des sorties publiques pour étriller l’entente, qui prévoit que les revenus de Netflix ne seront pas taxés au Canada.



Le grand patron de Cogeco, Louis Audet, qui qualifiait de « désastre » l’entente avec le géant américain, appose aussi sa signature, ainsi que le directeur du Devoir, Brian Myles. Télé-Québec, Groupe TVA, TV5, Bell Média ainsi qu’une dizaine de producteurs et de réalisateurs y figurent.



Denys Arcand, Karine Vanasse, Sophie Lorain, Martin Matte, Patrick Huard signent en leur nom propre. Des regroupements d’auteurs, de techniciens, de propriétaires de cinéma, l’Union des artistes, l’Observatoire du documentaire, des théâtres, des festivals ; le milieu culturel veut remettre le débat en manchette, élargissant sa Coalition pour la culture et les médias.



Luc Godbout, éminence grise de la fiscalité québécoise, ne cache pas les motivations derrière sa signature : « Nous avions indiqué dans notre rapport [de 2014 sur la fiscalité québécoise] qu’il y avait urgence d’agir. L’urgence est encore plus grande aujourd’hui. »



L’effet de concurrence déloyal est incontestable, dit-il, tout en reprochant à la ministre de ne pas avoir encore répondu à « des questions simples ». Il suffirait, à l’instar de l’Australie, de réputer Netflix comme faisant des affaires au Canada, explique-t-il.



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