Tiens ta promesse, François!

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Il est tout à fait normal d'interdire les signes religieux pour les professeurs dans le réseau public


Le gouvernement Legault, qui connaît un bon début de mandat, se frottera bientôt à son premier vrai test, qui donnera le ton pour la suite des choses.


M. Legault veut, d’ici l’été, interdire le port des signes religieux visibles aux personnes en position d’autorité avec pouvoir de coercition.


Il faut habiter la planète intellectuelle de Justin Trudeau pour s’en offusquer.


La question qui en émeut certains est : en plus des juges, procureurs, gardiens de prison et policiers, faut-il appliquer cette mesure aux enseignants ?


Oui


La réponse doit être oui pour quatre raisons.


Premièrement, si l’on prend au mot le critère retenu, posez-vous une question toute simple : un enseignant est-il une figure d’autorité avec un pouvoir de coercition ?


Si vous répondez non, vous avez une curieuse conception du rôle de l’enseignant.


Deuxièmement, disons les choses comme elles sont : ce sont le hijab islamique et, dans une moindre mesure, le turban sikh, qui sont au centre du débat public.


Or, c’est de toute évidence dans le milieu éducatif que se trouve le plus grand nombre de gens potentiellement concernés.


Troisièmement, l’éducation est un milieu où l’adulte sera en contact avec des enfants particulièrement influençables plusieurs heures par jour.


L’une des justifications majeures du hijab serait d’afficher une « réserve » afin de ne pas exciter la convoitise des hommes.


Franchement, est-ce le message que nous souhaitons que des enfants reçoivent dans le Québec d’aujourd’hui ?


Vous m’expliquerez comment concilier cela avec notre insistance collective sur l’égalité entre les hommes et les femmes.


Quatrièmement, examinons attentivement qui est contre cette inclusion des enseignants.


Il y a un PLQ figé, « canadianisé », devenu un corps étranger dans le Québec français, et la frange antinationaliste de QS.


Il y a des syndicats, qui feront toujours passer la défense d’un membre ayant payé sa cotisation, s’il n’a pas enfreint la loi, devant l’intérêt général.


Et il y a les militants du multiculturalisme œuvrant dans l’écosystème médiatique, dont certains se rallient à contrecœur à une interdiction minimaliste excluant les enseignants.


Pourquoi ce ralliement penaud ? Tout simplement parce qu’ils voient que trop ramer contre le courant finit par être pénalisant.


Société distincte


La Presse nous expliquait que, dans un monde idéal, nous n’aurions pas ce fâcheux débat.


Au cas où on ne l’aurait pas remarqué, le monde n’est pas idéal, et ce débat traverse tout l’Occident.


Petite société nord-américaine, le Québec n’a pas la puissance d’intégration des États-Unis, et le multiculturalisme canadien vise expressément – lisez Trudeau père – à faire du Québec français un tribalisme folklorique.


Des pays parfaitement respectables font déjà ce que la CAQ veut faire, et des tribunaux y ont statué que le noyau dur de la foi se vit d’abord intérieurement.


L’argument de la perte d’emploi se règle avec une clause de droit acquis.


La position de la CAQ est solidement appuyée par les Québécois.


M. Legault doit se rappeler où sont ses vrais alliés et livrer la marchandise telle qu’elle fut promise.