Le recensement de 2006 vient confirmer ce qui se voit à l’œil nu dans les rues de Montréal; le français régresse et l’anglais progresse. Et cette fois, la régression du français est marquée et visible même pour les esprits les plus obtus.
Voici ce qui en est:
· La proportion de Canadiens de langue maternelle française ne cesse de décroître passant, entre 1951 et 2006, de 29 % à 22 %.
· A l'extérieur du Québec, entre 1951 et 2006, la proportion de Canadiens de langue maternelle française passe de 7,3 % à 4,1%.
En 50 ans, la proportion de francophones à l’extérieur du Québec a presque été divisée par deux.
· Au Québec, entre 1951 et 2006, la proportion de francophones de langue maternelle française est passée de 82,5 % à 79,6%.
La proportion de francophones est la plus basse depuis 1931. Il s’agit d’un chute de 1,8 points en 5 ans, soit 2,2 %. Ce qui est énorme. Il faut songer qu’à ce rythme, il ne faudra qu’une génération (25 ans) pour que la proportion de francophones au Québec passe sous la barre des 70 %.
· Au Québec, entre 2001 et 2006, la proportion de personnes parlant français à la maison est passée de 83,1 % à 81,8%.
Il s’agit d’une chute de presque 3 %. Encore là, il s’agit d’une baisse brutale. On peut parler d’un début d’effondrement de la proportion de francophones au Québec. A ce rythme, en une génération, les francophones ne représenteront plus que 66 % de la population environ. Si les taux d’immigration augmentent comme le veut le gouvernement Charest et que les anglophones ne migrent pas massivement vers les autres provinces, la chute sera encore plus rapide.
La population totale du Québec est de 7 433 216 personnes environ. Il faut songer qu’une perte de 1% du poids relatif des francophones est égale à 74 332 personnes. Pensons que l’écart entre le OUI et le NON au référendum de 1995 représentait seulement 54 000 voix. Il aurait suffi que 27 000 votes changent de camp pour que le Québec soit maintenant un pays indépendant. Pour atteindre 50% +1 voix, les francophones devront maintenant être plus nombreux à voter OUI.
Le gouvernement Charest voit dans le recensement de 2006 « des bonnes nouvelles ». Ne nous méprenons pas : les fédéralistes constatent surtout que les franco-québécois sont en voie de perdre le contrôle de leur avenir politique. Jean Charest voit aussi sa base électorale se raffermir et celle de l'opposition chanceler. On peut penser qu'à partir de 75% de francophones seulement, tout référendum deviendra presque impossible à gagner car il faudrait presque 67% de OUI chez les francophones pour atteindre le 50%+1.
La langue parlée à la maison étant le principal déterminant du vote, avant même de songer à faire un autre référendum, il faudrait imposer des mesures pour franciser davantage d’allophones afin de préserver l’avenir. Et pour ça, il faut à tout prix que les institutions anglaises au Québec, qui sont financées à même les fonds publics, cessent d’être assimilatrices.
Frédéric Lacroix
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