Indépendance politique du Québec 460

«Survivre, c'est vivre avec ce qui reste pour vivre.» (Guy Frégault»

Une bonne stratégie pour vivre indépendant est nécessaire.

Chronique de Bruno Deshaies

Bruno Deshaies
2017-09-17 16:45
«L’idée de l’Indépendance leur survivra.»(Marcel Haché, 8 septembre 2017).
Ce commentaire par Monsieur Haché m’a entraîné vers la rédaction d’une nouvelle chronique. L’espoir selon lui survivra au Parti Québécois. Cette idée fait partie des possibles qu’une société nationale se redécouvrir un jour pour elle-même. Depuis longtemps et encore récemment d’autres personnes m’ont exprimé leur scepticisme tout en espérant que l’indépendance advienne.
Cependant, de 50 ans en 50 ans, la situation ne s’améliore pas. Car «Survivre, c’est vivre avec ce qui reste pour vivre.» Survivre ne veut pas dire être en vie ! Vivre et agir, par contre, consiste à tirer sa subsistance ou ses moyens matériels d'existence (de quelque chose) qui nous appartient. Il ne faut pas l’oublier ! Le statut politique actuel du Québec ne le permet pas. Le sujet est tabou. On ne cesse de tourner autour du pot. La signification de cette expression est assez claire : «Hésiter, tergiverser, parler avec des détours avant d'aborder franchement un sujet». Dans l’action, c’est ce qu’il ne faut pas faire. Il faut «vider» la question. Il ne suffit pas de dire « SI on était indépendant.» Deux solutions se présentent à la société québécoise : l’indépendance ou l’assimilation. Entre ces deux solutions, des options indéfinies existent dont celle du provincialisme. Autrement dit : des formules de régime politique dans une union fédérale à définir.
L’autodétermination des peuples : des questions à se poser.
Le 10 novembre 2017 prochain pourrait être une bonne occasion de s’exprimer sur la nature d’une nation indépendante dans le cadre de «l’autodétermination des peuples». Puisque l’autodétermination risque de se limiter à faire le choix de son statut politique, cette démarche ne nous dit pas si l’objectif consiste à devenir un État souverain. Parmi les principes fondamentaux menant à l’idée de nation au sens intégral, il faudrait retrouver l’idée que cette «nation» peut commander sa propre vie, posséder son autonomie interne et externe, jouir de la pleine autodétermination politique, avoir son «self-government» complet. Si tel n’était pas le cas, c’est du fédéralisme.
L’idée de la nation au sens étatique, juridique ― l’État-Nation ― où l’accent est mis sur l’État, sur l’aspect politique, serait un système juridique, constitutionnel, le tout doté de la souveraineté politique. Ou différemment, l’État-Nation est un groupe de nations ou une seule nation (sens général), le tout soumis aux lois et aux pouvoirs d’un gouvernement souverain sur d’autres ordres de gouvernement. Donc, dire que nous sommes une nation ne définit pas son statut politique. D’où la nécessité de qualifier la nation au sens intégral qui dispose d’un État souverain complet. Les indépendantistes s’attendent à ce que cette position soit claire dans l’esprit des dirigeants du Parti Québécois. Le besoin d’une orientation nationale vraiment indépendantiste semble en retard sur le niveau des attentes du public. D’où les insatisfactions individuelles et collectives devant autant de pleutrerie.
De quelle souveraineté peut-il bien s’agir pour les gouvernements provinciaux ou locaux quand ils agissent dans le fédéralisme ? Parler de la «souveraineté interne» des provinces ou des États provinciaux est très relatif, car le pouvoir central recouvre en fin de compte l’ensemble étatique fédéral. Les interdépendances de compétences sont rarement à l’avantage des provinces ou des États locaux. C’est l’État fédéral qui possède tous les grands pouvoirs dévolus au Central et mêmes ceux qui surgiront plus tard. C’est la logique même du fédéralisme.
Comment comprendre le fédéralisme ? Dans une récente chronique de Claude Bariteau, celui-ci nous rappelle le projet de 1995. Il écrit :

Pour se convaincre de l’impact d’un changement du statut de la langue au Québec, il suffit d’imaginer une victoire en 1995 suivie d’ententes octroyant des pouvoirs exclusifs au Québec, dont l’économie, le développement, la langue, l’immigration et les programmes sociaux-culturels. Avec eux, le Québec aurait eu un statut de quasi-pays et de partenaire du Canada dans les relations internationales, la monnaie, l’armée, les communications, etc.

Comment doit-on accepter le principe fédératif après l’échec référendaire de 1995 ? Le changement n’a pas eu lieu. Pour se protéger le gouvernement souverain au Canada a consolidé son statut de Dominion. La suprématie de l’État canadien est réelle sur l’ensemble des gouvernements locaux et de la société canadienne y compris les autochtones. Il faut bien noter sur ce qu’il advient en fait, dans une union fédérale, de la souveraineté de chaque État membre. Et il faut aussi surveiller la nature du degré de souveraineté au niveau local dans une union fédérale, une fédération d’États ou un État fédéral. Il y a certes pour chaque État membre une souveraineté locale mais celle-ci ne peut limiter le pouvoir fédéral qu’à un niveau inférieur. De façon générale, le pouvoir fédéral ou central détient la suprématie. Car il assume la défense des intérêts supérieurs de l’unité nationale tout autant que pour « défendre la loi, l’ordre et le bon gouvernement ». Si bien qu’on peut douter en droit d’une existence de « souveraineté » à l’échelon provincial ou local. Ces états sont souvent placés finalement dans une situation de quasi-union fédérale ou même d’État unitaire. Il ne faut donc pas se leurrer avec l’idée de l’existence d’une confédération. Le concept de Confédération est polysémique. Nous le vivons collectivement. «[Un] statut de quasi-pays et de partenaire du Canada dans les relations internationales », est-ce une option possible ? Quelles différences peut-on faire entre la pure ligue fédérale et l'union fédérale stricte ? Ceci nous rapproche beaucoup d’une quasi-union fédérale, donc près d’un État unitaire.
Une constitution pour le Québec
La proposition péquiste vise un idéal et poursuit son cheminement dans le régime en voulant se donner une constitution provinciale qui s’accorderait le privilège de «Refuser de continuer à financer le poste de lieutenant-gouverneur du Québec, qui représente une relique monarchique passéiste et coûteuse rejetée par plusieurs partis politiques au Québec.» (Cf. «Donner au Québec une constitution», ligne 0020.) Pour le XVIIe Congrès, «Le chemin des victoires» présente les propositions de mise «En marche vers le Pays du Québec» portant sur la «Proposition principale». Tous les membres ont leurs mots à dire. Comme vous pourrez le constater la «Proposition principale du XVIIe Congrès du Parti Québécois» ratisse large. Cependant, il y a un quelque chose qui ne parvient pas à nous emballer. Ce document devrait être simplifié pour ne pas dire repensé. Cela s’entend, la «Proposition principale» ne concerne pas seulement les membres du Parti mais surtout le public et tous les citoyens et citoyennes.
«Emprunter le chemin des victoires» implique une quantité de détails définis dans les termes qui suivent :
«Le Parti Québécois s’engage sur un chemin de victoires [c.-à-d., une victoire après l’autre] qui nous mènera ultimement à l’indépendance, à la liberté politique. D’abord, en remplaçant le gouvernement libéral en 2018, puis, en demandant aux Québécoises et aux Québécois de lui confier le mandat de réaliser l’indépendance en 2022 (Lignes 0008-0009).»


Tout cela est de la politique provinciale. Disons le franchement, dans l’optique indépendantiste les «victoires» dans le régime n’ont pas donné tous les résultats escomptés. Le bilan des avantages est au profit de la nation majoritaire le Canada Anglais. Si le chemin passe par l’écriture d’une constitution locale, il faut déjà se poser des questions. Philippe Moreau Defarges a publié un article sur «le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » où il conclut : «Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes n'est pas une notion cohérente, stable….] L’ONU ne peut être que la principale caisse de raisonnante de ces évolutions, de leurs contradictions.» (p. 670)» (Cf. [«L'Organisation des Nations unies et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.» ->Numéro 3 pp. 659-671). http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1993_num_58_3_6276]Dans Politique étrangère Année 1993 Volume 58 Les droits des minorités font partie d’une autre catégorie du droit des peuples à l’autodétermination. La collectivité ancestrale canadienne-française qui a bâti le Québec d’aujourd’hui ne peut être niée ni sur ses racines ni dans son évolution. Le Canada Anglais ne peut ni occulter ni usurper ce passé a contrario du Canada français différent et distinct. D’ailleurs, il fut majoritaire dans la XVe Colonie britannique en Amérique du Nord entre 1760 jusqu’en 1850 (parce que majoritaire dans le Canada-Est ou Bas-Canada et après dans la Province de Québec). Ces Canadiens, Canadiens-Français ou Québécois-Français se cherchent une place dans la vie et l’organisation internationale.
Comment faire partie de facto du concert international
Pour faire partie collectivement et librement de la vie internationale les Québécois.es doivent se doter d’un État souverain. Afin d’y parvenir, le travail doit se faire sur le terrain. Une formation politique qui souhaite provoquer un tel changement politique doit faire comprendre au public les fondements d’une nation indépendante. Et c’est ici où l’État joue un rôle important pour réglementer, soutenir, corriger, défendre la vie collective nationale. En ce moment, toutes ces conditions générales appartiennent au gouvernement souverain du Canada Anglais.
A contrario, si le débat s’appuyait sérieusement sur les inconvénients in se du système fédératif pour une nationalité ou une nation minoritaire qui est consciente de sa distinction, le combat prendrait une autre tournure. Ce chemin, le Parti Québécois est encore incapable de s’y engager. Il condamne les injustices du système (les oppressions accidentelles) mais ne s’attaque pas au RÉGIME en tant que tel. La critique du fédéralisme ne nous donne pas ce que nous avons perdu de liberté collective (cette privation nationale, c’est de l’oppression essentielle) ― soit la perte de se gouverner soi-même sans l’intervention d’un tiers qui nous superpose. Le gouvernement du Canada agit à notre place. Il nous remplace à l’externe et à l’interne sur toutes les questions relatives à l’unité canadienne, et c’est son droit !

Abordons maintenant la question sous deux aspects différents : l’indépendance politique et l’indépendance nationale.
La doctrine de l’indépendance politique
«Une nation se doit de tirer le maximum de sa vie intérieure afin de pouvoir bénéficier au maximum de ses relations extérieures [...]. À l’inverse, une nation ne doit pas craindre (doit rechercher le plus possible) les contacts extérieurs, afin d’enrichir sa vie intérieure. Une grande partie des relations extérieures seront surtout des défis stimulants qui provoqueront des progrès (politiques, économiques, culturels) intérieurs.» (Maurice Séguin, Les Normes.)
On peut dire d'une nation qu'elle est indépendante lorsqu’avec tout voisin plus fort ses relations sont telles qu’elle conserve malgré tout la maîtrise suffisante de sa vie collective.
La dynamique intégrale qui en découle pour l’ensemble de la société est incommensurable. Comment se fait-il que le public ne parvient pas à comprendre majoritairement que ce statut politique est un bien en soi pour son développement individuel et surtout collectif ?
Dans la vie, l’action et la réaction (par soi) ou la présence et l’autonomie développent, enrichissent, épanouissent. Par contre, l’inaction, l’absence, le remplacement et la subordination paralysent, appauvrissent. Par exemple, pour l’individu agir, même mieux, à la place d’un autre, c’est le remplacer, c’est d’une certaine manière le paralyser – l’opprimer. De même, quand il s’agit d’une société, la privation, le remplacement de l’agir (par soi) collectif équivalent à une oppression essentielle. Si bien qu’on peut établir le tableau suivant :
Action.____________Présence.
Réaction (par soi).___Autonomie.
Inaction.___________Remplacement.
Absence._________ _Subordination.
Les concepts de la colonne de gauche correspondent à des situations de la colonne de droite qui sont propres tant aux individus qu’aux sociétés. S’il y a action, il y a présence ; s’il y a réaction (par soi), il y a autonomie ; s’il a inaction, il y a remplacement ; s’il y a absence, il y a subordination.
Par ailleurs, on peut aussi obtenir le tableau suivant :
Inaction volontaire.
Inaction imposée.
S’il y a inaction volontaire ou imposée, on observe « le remplacement par un autre » qui entraîne la stagnation, la limitation ou la diminution. Et, analogiquement, les mêmes principes s’appliquent à l’agir collectif d’une société. Or, dans le cas d’une collectivité nationale, la privation, le remplacement de l’agir (par soi) collectif équivalent à une oppression essentielle.
Si le public réussit majoritairement à comprendre que dans le partage des pouvoirs où le Québec est inactif ou absent, il pourra admettre que le fédéralisme canadien ne lui convient pas. Le problème n’est pas dans le comportement des politiques mais essentiellement dans la constitution canadienne. Les péquistes ont la responsabilité de faire comprendre que l’inaction n’est pas seulement volontaire mais qu’elle est imposée par le système fédéral. C’est ce virage politique sur lequel les péquistes doivent travailler dans l’optique indépendantiste. Une constitution provinciale ne changera absolument rien dans le régime canadien actuel.
Le réel de la situation est méconnu, mal évalué ou mal interprété historiquement ; le symbolique de la société québécoise demeure embrouillé par une sémantique douteuse ; l’imaginaire est hors de contrôle où se heurtent deux thèses principales : 1- La «foi» fédéraliste, 2- la «foi» indépendantiste. L’Histoire avec un grand «H» n’existe pas ; c’est la réalité du Passé trop difficile à supporter. Le Québec est dans un cul-de-sac sinon indéfiniment à la croisée des chemins (ou victime du paradoxe de l’âne de Buridan). Pendant ce temps-là, le gouvernement canadien s’approprie notre passé à son avantage. À leurs yeux, la Nouvelle-France dont le Canada français fait partie du Canada Anglais et de son patrimoine. Si l’on me demande de changer le nom de la rue Amherst, peut-être que j’oserais demander le changement du nom de l’Aéroport (PET). Ici nous nageons dans les oppressions accidentelles (sans vouloir minimiser les injustices). Qu’on le veuille ou non, il y a un avant et un après 1760. Les fédéralistes de tout acabit n'y voient qu'une continuité. Après tout, le Québec est dans le Canada !
(En terminant sur cette question, je conseillerais la consultation du "Toupictionnaire" : le dictionnaire de politique aux mots Autodétermination, État-Nation, État et Indépendance.)
L’indépendance nationale

«L’indépendance et la souveraineté sont toujours limitées ; même la nation la plus forte doit tenir compte des autres nations. Les alliances entre nations sont nécessaires mais entraînent des restrictions.» (Maurice Séguin, Les Normes)
«Les pressions, les influences, les échanges s’accroissent, ajoutant aux difficultés, aux rivalités et aux tensions internationales, mais malgré tout, les relations de voisinage sont épanouissantes si l’organisation collective d’une Nation, maîtresse et forte chez elle, est capable de surmonter et d’assimiler finalement ces influences extérieures.» (Maurice Séguin, Les Normes)
L’indépendance nationale : un concept fondateur
de la politique française face aux réalités internationales
(Observatoire en géostratégie de Lyon)
La liberté d’action pour la nation indépendante a le mérite de démontrer «la liberté d’initiatives de son État». «Ce serait un gros plus», comme on pourrait dire, pour le gouvernement souverain du Québec.

«Une indépendance politique passant par l’affirmation de la liberté d’action.»
(Quentin Voutier)
«L’environnement de l’État se trouve être les relations internationales, c’est-à-dire les relations interétatiques. » L’auteur ajoute cette note : «C’est une approche traditionnelle des RI [relations internationales] qui fait abstraction des relations transnationales actuelles.»
«L’indépendance nationale comme ligne de conduite politique implique donc des actions qui démontrent la liberté d’initiatives de son État. Par conséquence, plus que la doctrine ce sont les actions effectuées en son nom qui la forgent.»
«L’indépendance nationale doit se comprendre avant tout comme une garantie de capacité d’action face à nos partenaires, et dans cette perspective la construction européenne nous semble pour partie laisser de coter ce qui fait l’Europe c’est-à-dire ses cultures politiques.»
Plan de l’article
- L’indépendance, un concept nébuleux utilisé à diverses fins

a. Une indépendance politique passant par l’affirmation de la liberté d’action
b. Le militaire comme vecteur de concrétisation de l’indépendance
- Mise en perspective de l’indépendance française face aux réalités changeantes du monde
a. La modification à l’interne et à l’externe de la capacité d’initiative unilatérale
b. L’indépendance dans l’action comme concept dénaturé
CONCLUSION
« L’indépendance est par nature l’apanage de l’État dans les RI [relations internationales], c’est son application qui détermine sa pertinence.»
«L’indépendance doit rester la liberté de s’affranchir de la posture d’allié perpétuel, réel ou désiré, pour chercher d’abord les intérêts de la Nation représentée. S’opposer ne signifie en rien la rupture des relations et des liens qui unissent les partenaires.»
Notes
Bibliographie
L’auteur inclut cette référence dans son article :
Sun Tzu, L’Art de la Guerre. Traduction en français, 1772. Lecture en ligne des XIII ARTICLES.
«Si nous voulons que la gloire et les succès accompagnent nos armes, nous ne devons jamais perdre de vue : la doctrine, le temps, l’espace, le commandement, la discipline.»
Dernières remarques
L'État et les nations indépendantes pratiquent un nationalisme dans l'ordre des relations internationales. Cette liberté d'action détenue par le biais du principe de l'«indépendance nationale» entraîne inévitablement des tensions et même des crises.
C'est ce que vit la diplomatie internationale en ce moment avec le cas de la Corée du Nord.
La situation est comparable, toutes choses égales d’ailleurs, en ce qui concerne les «minorités» dans tous les systèmes fédéraux. La nation «majoritaire» ne manquera pas d’exercer son nationalisme «hypocrite» qui peut devenir «excessif». Le parti qui veut défendre le principe de l’indépendance nationale doit prendre conscience qu’il a devant lui d’autres gouvernements souverains qui le surveillent. Dans le fédéralisme, il est inévitable que l’État fédérant s’affirme et impose sa ligne de conduite à l’État fédéré. Ce qui est le cas de figure du Québec en position d’infériorité politique sur place. Ce n’est pas de la tarte aux pommes !
Il ne faut pas rêver. Le «Chemin des victoires» ne se déroulera pas en vase clos. Le gouvernement du Dominion est toujours présent et demeure inconditionnellement un chien de garde de l’unité canadienne. Son indépendance politique est en jeu. Est-ce que les péquistes ont compris la situation réelle du rapport de force ? C’est l'obstacle majeur de la marche vers l’indépendance du Québec. Une variable incontournable dans la lutte nationale.
Il faut entreprendre un travail de sape soutenu pour alimenter la pensée indépendantiste dans l’opinion publique avec un message bien structuré. Travailler à ce discours avec minutie, cohérence d’idées et de groupe, et avec objectivité. En ce moment, les péquistes sont loin du compte. Ils doivent bien se comprendre sur l’objectif. En outre, ils ont besoin d’un public plus large que le nombre de leurs membres et une façon de faire qui les mettrait en contact avec tous les milieux de la société. Ils doivent apprendre à écouter. En ce moment, la «Proposition principale» n’atteint pas le but. Si l’on joue aux échecs, comme c’est le cas en politique, il faut une stratégie adaptée à l’objectif ou à la fin visée. La stratégie est l’art de diriger et de coordonner des actions pour atteindre un objectif.
(Cf. Ouverture à la stratégie. Edgar Morin et Action et stratégie. Edgar Morin)
Deux diapositives qui peuvent faire réfléchir sur les programmes, les plans de gouvernement et l’action politique réelle in situ.)
Pour sa part, Maurice Séguin, s’interroge sur le respect de la vérité historique «qui sera plus profitables» aux acteurs et équipes politiques.
«Si entretenir des illusions, taire des difficultés, escamoter des déficiences peuvent paraître faciliter l’action immédiate, à longue échéance la vérité même pénible se révélera plus profitable aux hommes d’action, pour élaborer la stratégie globale et organiser les forces de la collectivité.» (Les Normes)

En résumé. Un cheminement critique vers l’indépendance serait préférable à un «Chemin des victoires» (?) en cas d’échec. De plus, ce cheminement ne pourrait se faire sans l’usage de mots qui décriraient mieux le statut d’une véritable nation indépendante. Bien sûr, les indépendantistes doivent démasquer le fédéralisme. En revanche, ils ont l’obligation d’insister sur les avantages et surtout le bien en soi pour une collectivité nationale et distincte de se gouverner par elle-même, librement.

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Bruno Deshaies209 articles

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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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2 commentaires

  • André Gignac Répondre

    1 octobre 2017

    Monsieur Deshaies


    Très difficile d'espérer un Québec indépendant lorsque la majorité des Québécois est incapable de faire la différence entre une province et un pays et incapable de faire la différence entre un indépendantiste et un fédéraliste. Le PQ a failli lamentablement en éducation politique pour conscientiser les Québécois à l'indépendance du Québec.



    De plus, plusieurs Québécois se disent ceci: pourquoi avoir notre propre pays? Nous en avons déjà un! Améliorons-le plutôt en espérant une refonte ou une rénégotiation de la constitution "canadian" lorque nous savons pertinemment que le cadenas est fermé à tout jamais. Par deux fois cette année, Justin Trudeau a dit non à toute renégotiation constitutionnelle. Continuons à vivre politiquement dans le  néant toujours assis entre deux chaises et dans notre confusion indentitaire. 



    INDÉPENDANCE OU ASSIMILATION!


    André Gignac 1/10/17


  • Marcel Haché Répondre

    20 septembre 2017

    @ Bruno Deshaies. (et peut-être Jean Brilland aussi)
    Faire la promotion de l’Indépendance, ce n’est facile pour aucun parti. Cette Cause, qui promet un grand changement, un grand chantier, cette Cause n’est pas une Cause facile. Et gagner des élections n’est pas facile non plus. Rien n’a jamais été bien facile pour les indépendantistes. Et il n’y a rien à l’horizon qui pourrait annoncer des jours faciles pour l’ensemble du mouvement indépendantiste.
    Mais faire la promotion de l’autonomie provinciale n’est pas plus facile non plus. Faire la promotion de la « société distincte » ne pourrait en aucun cas constituer un passe-partout facile au cours d’une campagne électorale. Je crois bien que tout l’électorat- et Nous, toute la nation- sommes vaccinés contre cette maladie qui pourrait s’appeler la « constitutionnalite facile ».
    Il semble bien que la recherche de la facilité politique soit vaine dans tous les cas. C’est donc pour cette raison qu’il est devenu tout à fait inutile (et même contre-productif) d’utiliser la langue de bois. Tous les partis politiques sont parfaitement capables d’utiliser cette langue facile à apprendre, qui ne contient pas de mots difficiles comme le mot liberté.
    Mais vienne un grand malheur, ou même une grande menace, et tout un peuple, fédéralistes et séparatistes réunis, pourront se réconcilier avec cette idée très simple qu’ils sont tous en danger, et que c’est aussi toute une Patrie qui est en danger. Les patriotes sont, en effet, cette immense majorité de gens ordinaires qui ne s’intéressent absolument pas à la politique, non plus qu’à la « constitutionnalite facile », mais qui répondent toujours « présent » lorsque c’est requis.
    Évidemment, les choses deviendraient sans doute un peu plus facile aux indépendantistes si, plutôt que de s’adresser à une multitude de consommateurs et de revendicateurs de changements et de progrès… s’ils s’adressaient plutôt à une multitude de patriotes, dont aucun parmi tous les patriotes parmi Nous n’a cette idée saugrenue de se coucher chaque soir dans des draps aux couleurs des patriotes de 1838. Évidemment, le fait d’être eux-mêmes patriotes, les indépendantistes, cela les aiderait comme un ti-peu peut-être beaucoup à toute forme de promotion de l’Indépendance…On jase.
    Le multiculturalisme canadien ne l’affirme pas explicitement, mais il pose quand même qu’il n’y a qu’une seule nation partout au Canada. L’exemple suivant est tout à fait révélateur : si les « nations » amérindiennes bénéficient du qualificatif de « nation », de « premières nations » au Canada, n’est-ce pas simplement pour marquer que ces peuples sont maintenant tellement assujettis qu’ils ne posent plus aucun danger pour la grande nation des « canadiens et des canadiennes » ? Et par ailleurs, derrière cette détestable expression sur-utilisée « des canadiens et des canadiennes » ne se profile-t-il pas le rejet de toute référence à l’idée même de nation, y compris d’elle-même, la nation canadienne, ainsi que de toutes les « premières nations » ? Prudents, la nation des « les canadiens et des canadiennes » se garde bien, en effet, de reconnaître au peuple québécois le statut de nation, comme il est fait en pure hypocrisie aux peuples qui étaient là avant Eux et même avant Nous.
    De telle façon, Nous ne sommes plus maintenant (pour Eux) qu’une autre minorité d’individus, qui avons évidemment des droits « historiques », cependant qu’Ottawa Nous dénie l’essentiel de toutes les forces dont il dispose : un droit à l’Histoire. (Pérennité)
    Le multiculturalisme canadien pose ainsi que les « canadiens et les canadiennes » sont chacun d’eux leur seule patrie. Tout un « gouvernement des juges » veille par ailleurs à maintenir cette fiction que le Canada serait en passe de devenir cette société post-nationale souhaitée par les antipatriotes. Quelle utilité alors l’histoire ou l’Histoire, on se le demande. Mais comme disait un de mes vieux professeurs d’il y a très longtemps; voilà bien une définition du Canada qui en dit plus par ce qu’elle tait que par ce qu’elle dit…
    Et voilà bien ce que pourrait faire un gouvernement indépendantiste véritablement déterminé : ne plus jamais utiliser cette maudite langue de bois ET ne plus jamais tout dire non plus… MAIS tout faire ! Autrement dit : reprendre ici même et à notre compte la méthode qui Nous est imposée et que Nous font subir les « canadiens et les canadiennes ». Car…
    Car prendre les mêmes moyens, ce n’est pas nécessairement prendre la même fin. Nos gouvernements provinciaux, qui célèbrent tous en chœur la « belle province », n’en restent pas moins tous cantonnés dans le même splendide isolement à l’intérieur du Canada. Un gouvernement indépendantiste déterminé, mais déterminé… n’y est strictement pas tenu. Il n’y a jamais été tenu non plus…
    Où pourrait donc résider alors le véritable « pouvoir » menant à l’Indépendance du Québec, si ce n’est pas quelque part à l’intérieur même de son immense, de sa si lourde et si mal aimée fonction publique ? Un Redressement National pourrait commencer là, puisqu’il faut bien commencer quelque part.
    Il n’y aurait donc rien de plus aléatoire, de plus risqué et même de plus contre-productif pour un gouvernement indépendantiste québécois que d’entreprendre des politiques de « ruptures » (avant d’être solidement en selle…). Quelque soit le gouvernement provincial qui voudrait s’adonner à cette Game-là à l’égard d’Ottawa, celle des « ruptures », il serait rapidement rappelé à l’ordre et lâché par l’électorat qui l’avait porté au pouvoir. Cela s’est déjà vu… et se verrait encore.
    C’est essentiellement dans le Discours, bien davantage que dans le Programme (des programmeux), c’est là que pourrait bien se situer le passage étroit du Discours à tenir EN MÊME TEMPS que la plus dure et la plus impitoyable Realpolitik à mener, afin de Nous sortir de notre maudit isolement politique¹ : soit quelque part entre le beau risque du lénifiant René Lévesque et la souveraine indifférence de l’impérial Maurice Duplessis, cette température politique située quelque part entre les deux, c’est là qu’un gouvernement indépendantiste déterminé, mais déterminé… pourrait se garder fidèle (et facilement) le seul électorat capable de lui fournir tout le carburant qui lui serait nécessaire sur le chemin de la Victoire… soit dit cet électorat négligé mais pourtant déterminant à la poursuite d’une Cause qui a une histoire bien plus longue que celle du P.Q. et qui prétend encore qu’il est possible de faire l’Histoire.
    Salutations.
    ¹ Si un gouvernement indépendantiste n’est pas même capable de briser son isolement à l’intérieur du Canada, c’est rêver en couleur que de croire qu’il pourrait percer sur la scène internationale, elle devenue un grand village