Sondes en sol mouvant

PQ - XVIe congrès avril 2011


Nulle maîtresse n'est plus volage que l'opinion publique, comme le montrent les sondages. La plupart du temps, ces «sondes» s'enfoncent dans du sol mouvant, et le sondage de demain démentira celui d'hier. Le cas de Pauline Marois en constitue une preuve éloquente, si besoin en était.
Aujourd'hui, la chef péquiste traîne de la patte, loin derrière son parti. Le prochain sondage nous dira peut-être que les électeurs péquistes voudraient la remplacer par Gilles Duceppe. Mais se souvient-on qu'en 2007, ce dernier s'était désisté de la course au leadership dans laquelle il comptait se lancer, parce que Mme Marois le devançait de 11 points dans les sondages?
Deux ans plus tôt, François Legault, qui préparait sa candidature au leadership depuis deux ans, s'était pareillement désisté en voyant André Boisclair planer dans les sondages... Aujourd'hui à la «tête», si l'on peut dire, d'un mouvement inexistant, sans membres, sans organisation et sans programme, le même Legault - un homme qui n'a jamais été particulièrement populaire quand il était ministre - séduit un électeur sur trois!
Tout cela est de la même eau que les sondages qui disent que 90% des Québécois s'inquiètent beaucoup du réchauffement climatique... alors que les émissions de GES dus aux VUS ont augmenté de 128% entre 1990 et 2006!
Dans La Presse de samedi, un ancien directeur du PQ, Pierre Châteauvert, rappelait que tous les chefs de l'opposition, depuis 1976, ont eu de basses cotes dans les sondages, de René Lévesque en 1976 à Jean Charest en 2003, en passant par Robert Bourassa en 1985 et Jacques Parizeau en 1994. Bref, à la veille de mener leur parti au pouvoir, ces hommes étaient fort peu populaires.
Les retournements de l'opinion concernant René Lévesque sont particulièrement saisissants?: trois ans avant d'être déifié (après sa mort), une forte majorité de Québécois souhaitait le voir quitter la politique, et son propre parti l'y aurait invité formellement s'il n'avait devancé de 24 heures le vote de blâme prévu au conseil national du PQ!
D'autres exemples d'incohérence? En 2004, 40% des électeurs péquistes voulaient se débarrasser de Bernard Landry, alors chef de l'opposition... mais affirmaient dans la même proportion que c'est avec lui qu'ils auraient le plus de chances de remporter les prochaines élections!
Cela dit, même si la relative impopularité de Mme Marois n'empêchera pas son parti de regagner le pouvoir - ne serait-ce que parce qu'après trois mandats libéraux, il est fort probable que les électeurs voudront du changement -, il n'y a pas de doute que Mme Marois n'est guère populaire.
Les raisons sont difficiles à cerner. Serait-ce dû à la guigne qui s'abat toujours sur les chefs de l'opposition?
Ce qui frappe, toutefois, c'est que parmi l'avalanche de reproches qu'on lui fait de tous bords tous côtés, les contradictions abondent. Ainsi, elle manquerait de fermeté. Par contre, on lui reproche son agressivité à l'Assemblée nationale. Pour les disciples de François Legault, elle serait trop souverainiste. Pour les purs et durs de son parti, elle ne le serait pas assez.
Très souvent, les critiques sont d'une superficialité à faire pleurer. Ainsi, elle serait trop «bourgeoise». Plus que Jacques Parizeau, fils de vieille famille outremontaise? Plus que Robert Bourassa, qui avait épousé une femme beaucoup plus riche que ne l'est le mari de Mme Marois?
On parle encore de ses tailleurs griffés. Mais a-t-on parlé de ceux d'André Boisclair, qui était habillé par Philippe Dubuc? On lui reproche d'avoir loué, dans son comté de Charlevoix, un modeste chalet pour donner le change. Mais qu'aurait-on dit si elle avait acheté un manoir?


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