ll y a des classements plus flatteurs que d’autres. Il y a aussi des classements dont les premiers sont, étrangement, les derniers. Selon une étude de 2011, réalisée par la firme comptable KPMG, Sherbrooke arrive en tête de la liste des villes d’Amérique du Nord où les coûts d’exploitation sont les plus bas pour les entreprises.
Abstraction faite des villes du Mexique, Sherbrooke se classe en effet au sommet du palmarès, tout juste au-dessus des villes de Moncton et Fredericton du Nouveau-Brunswick. En guise de comparaison, toujours en Amérique du nord, Montréal et Québec se classent respectivement quatrième et dixième.
Il faut savoir que, comme KPMG l’explique, le coût de la main-d’œuvre, c’est-à-dire les salaires et les avantages sociaux, représente généralement entre 46 % et 60 % des coûts qui varient avec l'emplacement pour les entreprises du secteur de la fabrication. Du côté du secteur des services, on observe plutôt des marges de l'ordre de 74 % à 85 %. En d'autres termes, si Sherbrooke se classe à la tête de cette étude, c'est principalement à cause des bas salaires offerts aux employés.
Ce n'est pas là un constat nouveau. La Conférence régionale des Élus de l'Estrie et Emploi Québec Estrie ont produit conjointement en 2007 une étude comparative du coût de la vie en Estrie par rapport à d'autres régions de Québec. Il y est clairement inscrit que « la région de l’Estrie, et plus particulièrement la RMR de Sherbrooke, se classe bien souvent en queue de peloton au regard des salaires offerts par les entreprises ». L’étude ajoute que « l’analyse des données du dernier recensement canadien révèle un déséquilibre salarial évident, en fonction des niveaux de compétence des personnes ».
Selon la banque de données des statistiques officielles sur le Québec, le revenu d'emploi par habitant n'aurait été que de 21 736 $ en 2009. Il se retrouve ainsi en deçà de la moyenne québécoise et canadienne et n'a progressé que de 9 % en cinq ans.
Il faut aussi savoir que les principaux employeurs de la région de Sherbrooke se retrouvent dans le domaine public et parapublic (Université de Sherbrooke, CHUS,
CSRS, Ville de Sherbrooke, etc.) et offrent des salaires largement supérieurs à ce revenu d'emploi, tirant ainsi vers le haut cette statistique. Le secteur privé n’a vraiment rien, actuellement, de reluisant à offrir aux habitants de Sherbrooke.La table d’action contre l’appauvrissement de l’Estrie possédait en 2009 le plus grand nombre de travailleurs au salaire minimum, selon Statistiques Canada.
Un héritage de l'ancien maire Jean perrault ?
Il est un fait reconnu que les résultats très semblables des différentes éditions de l' étude de KPMG mentionnée plus haut représentaient une fierté pour l'ancien maire Jean Perrault. Il suffit de consulter la revue Publicommerce de l'Union des Municipalités du Québec de décembre 2008 pour s'en rendre compte, Selon l'article « Sherbrooke, plus que jamais l'endroit où investir ! » faisant allusion à cette étude, M. Perrault n'hésitait à qualifier les résultats de distinction en matière d'économie…
Le « Cheap Labor », une distinction économique ?
Patrick Beaulieu,
Entrée libre, Sherbrooke,
novembre 2011
Source:
http://www.amecq.ca/actualite/2011/11/29/sherbrooke_capitale_du_cheap_labor/
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
17 décembre 2011Déjà dans les années 60, il était de notoriété publique que les Cantons de l'Est et l'Est de Montréal et ses « factries » si bien chantées par Clémence Desrochers, étaient des lieux de « cheap labor ».
Et depuis, on avait axé le développement sur le tourisme et la villégiature en Estrie, mais il semble bien que la situation n'a pas beaucoup changé.