Serment d'allégeance à Marois

«L'hémorragie est stoppée. Chacune des personnes autour de la table s'est engagée formellement. On peut tourner la page», a déclaré la chef péquiste

Quel jugement!...



Les députés péquistes, dont Bertrand St-Arnaud, Stéphane Bédard et Martin Lemay, ont longuement applaudi leur chef avant la tenue du caucus.

Photo : Agence QMI


Robert Dutrisac - Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier — La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a demandé à ses députés de prononcer un serment d'allégeance lors du caucus extraordinaire des élus péquistes, et c'est ce qu'elle a obtenu.
«Je peux garantir aux militants que l'hémorragie est stoppée. Chacune des personnes autour de la table s'est engagée formellement. On peut tourner la page, a déclaré Pauline Marois au terme d'un caucus qui s'est étendu sur cinq heures hier après-midi. Chacun et chacune a affirmé son adhésion d'abord au programme du Parti québécois, au Parti québécois, et qu'ils ont le goût d'aller à la rencontre de la population du Québec avec ce programme et à mes côtés, solidairement.»
«J'ai devant moi un caucus uni; c'est la seule chose que je leur demandais, a-t-elle signalé. Ils sont souverainistes, ils veulent faire la souveraineté et c'est sûr qu'on ne la fera pas en rangs dispersés.» Seuls 3 des 46 députés toujours au PQ — Sylvain Simard, Gilles Robert et Nicolas Girard — n'ont pas participé au caucus; toutes ces absences étaient justifiées.
La chef péquiste a commenté les cinq démissions de ses députés — Jean-Martin Aussant, Louise Beaudoin, Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Benoit Charette. «C'est profondément décevant que des gens en qui on a confiance, qui sont des
souverainistes convaincus, décident de quitter la barque», a-t-elle dit. En ce qui a trait à Benoit Charette, elle a eu cette remarque: «J'ai été assez étonnée que M. Charette appelle M. Legault avant moi pour l'en informer [de sa démission].»
Selon la chef péquiste, ce qui «choque beaucoup» les militants et la députation, c'est que les démissionnaires se sont fait élire sous la bannière du PQ et qu'ils siègent désormais comme indépendants.
Pour la rentrée parlementaire, Pauline Marois entend revoir les tâches de ses députés, «rebrasser tout ça». Elle procédera à une «certaine réorganisation» de son cabinet. Il y aura une «belle discussion» sur des propositions que ses députés lui soumettront par écrit «pour faire de la politique autrement», y compris à l'Assemblée nationale.
En ce qui touche l'idée avancée par Pierre Curzi de former une coalition de souverainistes, Pauline Marois a affirmé que le PQ «avait toujours été capable de constituer la coalition et nous allons continuer dans ce sens-là».
Cinq heures auparavant à l'entrée du caucus, le doyen des députés péquistes, François Gendron, a fait une sortie virulente contre les démissionnaires et dénoncé les raisons qu'ils ont invoquées pour justifier leur geste. «Un petit mal de ventre», «de petites réflexions de nuance», «un petit guidi qui [les] fatigue», des raisons toutes différentes pour chacun des cinq démissionnaires, a dit François Gendron, qui n'a pas caché son indignation. «Je n'en reviens pas, ça n'a ni queue ni tête.»
«Un parti politique, ce n'est pas un jouet, surtout un parti politique qui a marqué l'histoire, a affirmé le député d'Abitibi-Ouest à l'entrée du caucus. Regardons qui nous sommes. Regardons les hommes et les femmes qui sont passés au PQ depuis 76. Ce n'est pas une risée, ce n'est pas une farce.»
François Gendron a reconnu qu'il y a un danger «certain» que le parti implose. Les démissionnaires auraient dû «prendre le temps de réfléchir» sur des «bases fondamentales» et «historiques».
«C'est important de faire partie d'un parti politique. Quand M. Bougault a décidé de se sacrifier [en sabordant le Rassemblement pour l'indépendance nationale lors de la création du PQ], il l'a fait pour la cause. Ils devraient y penser, a-t-il rappelé. On va faire la souveraineté avec un paquet de souverainistes indépendants? Voyons! La farce a assez duré.» Sans les nommer, il a vilipendé des démissionnaires qui lui auraient dit qu'ils ne se représenteraient pas à la prochaine élection, «mais qui sont capables de dire à la télé, une demi-heure après: "je vais me représenter comme indépendant"».
Comme sa chef, le député de Rousseau, Nicolas Marceau, estime que les démissionnaires n'ont pas de «mandat populaire» pour siéger comme indépendants puisqu'ils ont été élus sous la bannière péquiste. «J'estime qu'il y a un détournement de démocratie et un manque de légitimité», a-t-il soutenu. Ils devraient, selon lui, démissionner comme députés et demander un nouveau mandat à la population dans une élection partielle.
«Il faudrait qu'il y ait moins de gens qui se prennent pour des chefs et qu'il y ait plus d'Indiens, croit pour sa part le député de Roberval, Denis Trottier. Ce que je crains, c'est que les ego deviennent plus importants que la cause.»
Forçant sur le sourire, le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, croit que la population s'attend à ce que les péquistes soient «positifs». Il trouve même des aspects positifs aux dernières défections. «L'équipe n'a jamais été aussi unie parce que ceux et celles qui ne se sentaient plus bien à l'intérieur du PQ ont exprimé leur malaise. Maintenant, tout est à faire. Alors, on met un pied devant l'autre et on construit.»
Son collègue de Marie-Victorin, Bernard Drainville, préconise de mettre l'accent sur l'équipe qui entoure Pauline Marois et de définir le mandat que le PQ demandera à la population lors de la prochaine élection, «sans renoncer à tenir un troisième référendum» sur la souveraineté. Y renoncer comme le préconisait le député démissionnaire de Deux-Montagnes, Benoit Charette, «c'est grosse erreur», juge Bernard Drainville, bien qu'il reconnaisse comme lui que les Québécois ne sont pas prêts pour un autre référendum. «On ne peut pas dire de quoi l'avenir sera fait», a-t-il plaidé. «On n'est pas des girouettes», a-t-il ajouté.
Tant MM. Cloutier que M. Drainville croient que l'idée d'une coalition de souverainistes, comme l'a proposée Pierre Curzi, mène paradoxalement à la division. «Il y a déjà une coalition; c'est le PQ», a souligné le président du Parti, Raymond Archambault, à l'instar de la chef. «Dire que la coalition est en train de se désagréger, on verra.» Les militants sont toujours là, a-t-il fait valoir, «c'est l'aile parlementaire qui s'agite». Les députés doivent refaire l'unité. «J'espère que l'hémorragie va cesser et qu'on se mette à faire la promotion du programme», a-t-il avancé.
Le député de Bertrand, Claude Cousineau, réclame des votes libres; il voudrait aussi que les comportements des élus péquistes à l'Assemblée nationale changent. Il a dit, hier, qu'il restait au sein du caucus, mais que l'été en sera un de «réflexion». Le principal responsable du ton employé par l'opposition péquiste en Chambre, le leader parlementaire Stéphane Bédard, dont on dit qu'il pourrait être appelé par Pauline Marois à occuper d'autres fonctions, a éludé toutes les questions à ce sujet.


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