Scandale, fonds publics et transparence

UQAM - scandale financier



Combien faut-il perdre d'argent pour se préoccuper de la transparence et du bon fonctionnement de nos institutions publiques?

La question me semble légitime. Qui se souciait, en 2001, que l'UQAM se propose d'utiliser des subventions à d'autres fins que celles auxquelles elles sont dédiées par les ministères et autres instances gouvernementales et qu'elle utilise des subventions destinées aux services aux étudiants pour payer du béton?
En tant qu'étudiants, nous avions beau alerter les ministères concernés, personne ne nous rappelait. En fait, il semble que tant que l'UQAM présentait un plan prévoyant une réduction de ses déficits, les moyens importaient peu et le respect des directives ministérielles également. Heureusement, cette fois-là, nous avons eu droit à la bienveillance du conseil d'administration (CA) pour amender la proposition budgétaire de la direction intérimaire. Car, dans ce contexte, c'était bien le seul rempart contre l'omnipotence parfois intransigeante et arrogante d'une direction élue collégialement par les professeurs et qu'aucun ministère ne sanctionne. C'est le lieu où les représentants du public doivent pouvoir obtenir de l'information et exercer un contrôle sur les décisions d'organismes publics.
Transparence?
Nous nous permettons ces remarques après avoir, avouons-le, abondamment passé pour le dernier des olibrius pendant plusieurs années au sein des instances de l'UQAM. Idéalement, ces instances doivent permettre la transparence, l'échange d'informations et la participation des usagers et du public aux décisions de l'université publique.
Mais ce n'est pas possible quand les représentants d'un groupe s'érigent en véritable caste et n'offrent pour seule réponse à toute question qu'un regard hautain, abusant de leur respectable statut de professeur pour s'élever au-dessus de la démocratie et du respect le plus élémentaire de la discussion publique. Alors, vous pouvez toujours poser des questions, vous n'aurez jamais de réponses. À vrai dire -- vous finissez par le sentir --, répondre devient même un peu lassant. Et, j'imagine, il est plus amusant de ridiculiser et de marginaliser les préoccupations mises de l'avant par ceux qui, pourtant, assurent une certaine représentativité du public, des usagers et des employés de l'institution.
Alors, nous reposons la question: quelle doit être l'ampleur du scandale et le montant des pertes pour que ces questions de transparence et de saine gestion préoccupent les autorités responsables?
Tape-à-l'oeil
Car, en effet, la situation peut dégénérer de la façon qu'elle l'a fait à l'UQAM. La direction peut carburer à l'image et voguer sur la confiance. Elle redore son image de professionnalisme savant, multiplie les opérations de visibilité, renforce l'image de leadership novateur de son recteur et, en même temps, n'étale que mirages, tape-à-l'oeil et autres éléphants blancs devant les administrateurs, quand ce ne sont pas carrément de faux chiffres.
Mais qu'importe la véracité des chiffres quand le CA ne contrôle pas le budget? Ainsi, en 2004, la direction procède-t-elle à un réajustement budgétaire en fonction de son plan de développement. Mais le CA n'en sera averti qu'après coup. Car voilà, la direction a estimé que sa responsabilité par rapport au plan de développement de l'institution lui permettait d'outrepasser ses responsabilités envers les administrateurs. Mais qu'importe, puisqu'il n'y a pas de conséquences, aucune, pour les dirigeants.
Démocratie
J'avoue avoir eu la naïveté de croire que nos gouvernements étaient là pour faire appliquer les règles démocratiques. Ou qu'il pouvait leur arriver de le faire. Aussi, le 23 septembre 2004, ai-je formulé l'ensemble de ces griefs dans une lettre de démission. J'y soulignais que, à mon humble avis, les administrateurs ne pouvaient assumer leur rôle et que ceci avait pour répercussion que le public ne pouvait contrôler une institution publique comme l'UQAM. Seulement, c'était avant que le Cirque du Soleil ne se retire du projet immobilier du Centre des Sciences. Avant, donc, que l'on puisse avoir des raisons sérieuses de remettre en question la faisabilité des projets immobiliers de la direction ou que l'on ne découvre un scandale de nature financière en son sein.
Alors, les administrateurs ont eu copie de la lettre. Elle a ensuite été envoyée au ministère concerné. Le vice-recteur exécutif m'a même répondu: mes préoccupations n'étaient pas fondées, la direction était transparente et les administrateurs, avisés. Rétrospectivement: du baratin. Alors, dites-moi, pourquoi faut-il qu'éclate un scandale de près d'un demi-milliard de dollars avant de commencer à se préoccuper de la transparence et de la saine gestion des institutions publiques?
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Siegfried L. Mathelet, Membre étudiant du CA de l'UQAM, 2003-04


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