Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, le gouvernement du Québec se résout à éponger la dette de l’UQAM, toujours étouffée sous le poids de ses erreurs et créances. Il n’avait d’autre choix que de mener ce sauvetage, étant donné sa part de responsabilité dans le désastre.
À tous égards, le prix à payer est toutefois lourd. En annonçant hier qu’elle sortait l’UQAM du gouffre, la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, confirme un engagement de 380 millions. C’est une belle bouée dorée: pour sauver un seul établissement, Québec verse la totalité du réinvestissement revendiqué par toutes les universités depuis des lustres! On en entend grogner en coulisses...
Le montage est simple: pour l’îlot Voyageur, cette carcasse neuve mais vide dont l’avenir reste incertain, Québec promet 200 millions de dollars. ll ajoute 180 millions pour soulager l’UQAM du fardeau du Complexe des sciences, cet autre projet immobilier par lequel les déboires de l’université ont commencé.
La situation était devenue intolérable: noyée sous les dettes, l’UQAM accumulait des intérêts de plus de 50 000 $ chaque jour, de quoi l’égorger! Elle a présenté plan d’équilibre sur plan d’équilibre depuis des mois sans jamais trouver écho favorable. Pourquoi lui venir maintenant en aide?
Un peu sans doute parce que l’UQAM n’est pas seule à traîner une réputation de polissonne depuis le dévoilement de sa déconvenue. Comme témoin passif, le gouvernement est aussi responsable de cette descente aux enfers. Il a été établi que le ministre de l’Éducation d’alors, Jean-Marc Fournier, avait suffisamment d’éléments pour prévoir une crise. Au printemps 2006, le ministère des Finances a soutenu une imposante émission d’actions pour l’UQAM. Il aurait dû alors poser des questions.
Ce «cadeau» de 400 millions est peut-être aussi une manière implicite de reconnaître un sous-financement chronique contre lequel l’établissement se bat depuis des années. Le dernière distribution du réinvestissement fédéral fait de l’UQAM une des grandes perdantes car elle n’a pas de «statut spécifique», ce qui atteste son statut d’université lésée.
En soulageant l’UQAM de ce fardeau, Québec pige dans ses coffres mais il paie aussi cher de ses liens avec les autres universités. Celles-ci rageront d’assister, impuissantes, à cette rédemption relativement «aisée». Antipathique, l’UQAM leur enlève autant d’argent qu’elle en reçoit, en plus de leur laisser dans la gorge une future loi sur la gouvernance qui n’a rien pour les ravir.
C’est le candidat au rectorat Claude Corbo qui convenait lui-même de la position inconfortable du gouvernement, qui hésitait à aider l’UQAM pour ne pas être accusé de «récompenser l’aventurisme immobilier, l’irresponsabilité administrative, la délinquance financière».
Monsieur Net a fait son travail. Mais la partie n’est pas gagnée. Des négociations restent à mener avec les syndicats; la confiance est à rétablir avec de nombreux partenaires; le déficit est à résorber d’ici 2013. Mais on a affranchi l’UQAM de ses chaînes. Il le fallait.
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