Tourner la page

UQAM - scandale financier

Maintenant que les auteurs de son malheur ont été identifiés, l'UQAM a raison de se concentrer sur la reconstruction de ses finances et de son image. Puisque la responsabilité du fiasco n'incombe pas à l'établissement seul, tous les responsables de la débâcle doivent être solidaires dans l'opération de dépannage.
Une page à tourner et une mission à poursuivre.» Voilà l'intitulé de la réaction que le recteur Claude Corbo a livrée à la presse au lendemain de la publication du rapport du vérificateur général du Québec sur les déboires de l'UQAM. Autrement dit: maintenant que les mystères de cette chute financière sont en partie élucidés, pouvons-nous recoller les pots cassés en préservant l'essence de notre université?
Le recteur Corbo reçoit sans doute ce rapport du vérificateur Renaud Lachance comme un soulagement: la brique braque les projecteurs sur les principaux responsables du marasme. Outre trois dirigeants aujourd'hui disparus du navire UQAM, le vérificateur suggère la négligence du conseil d'administration de l'Université, mais aussi de l'Assemblée des gouverneurs de l'Université du Québec et du ministère de l'Éducation.
L'UQAM se dédouane un peu vite, il faut le dire, sur le rôle qu'a joué son propre conseil. L'UQ aussi reste étrangement silencieuse malgré la mauvaise figuration qu'elle a offerte dans cet épisode. Mais le gouvernement est sans nul doute celui qui est maintenant le plus embarrassé.
La ministre Michelle Courchesne n'était pas en poste au moment où l'UQAM rêvait tout haut de ses projets immobiliers, mais c'est elle, plutôt que le ministre d'alors Jean-Marc Fournier, qui doit maintenant répondre de l'évidente nonchalance ministérielle, coupable en partie de la déconvenue que l'on sait. Le gouvernement ne peut plus faire la morale et se défiler de ses responsabilités. La décence élémentaire commande qu'il répare ce qu'il a contribué à bousiller.
En premier lieu: qu'il cesse d'appliquer à l'UQAM le principe de retenue d'une partie de sa subvention en contrepartie du dépôt d'un plan de redressement satisfaisant. Pendant qu'elle s'échine sur une énième version du retour à l'équilibre idéal, l'Université s'endette pour survivre, ses intérêts gonflant ainsi de 3 millions par année uniquement pour soutenir l'emprunt de ces 65 millions conservés en guise de réprimande par un gouvernement moralisateur. L'UQAM ne peut s'enfoncer davantage qu'elle ne le fait déjà. Qu'on la soulage donc de cette pression inutile.
En second lieu: maintenant que le «mal est fait», que Québec s'interroge sur le type d'UQAM qu'il souhaite entretenir. Quarante ans après son premier souffle, cette université publique, urbaine et centrée sur l'accessibilité s'écroulera-t-elle alors que les efforts des dernières années avaient justement permis de redorer son blason?
Le dernier plan de redressement présenté par l'établissement a été froidement reçu, tant par la firme Ernst & Young que par l'Assemblée des gouverneurs de l'UQ (une autre donneuse de leçons qui a pourtant participé, par son apathie, à cet effondrement!). Or, l'UQAM ne peut aller plus loin qu'elle n'avance dans les compressions sans remettre en question sa nature. Elle prévoit encore un déficit de 24 millions en 2011, et ce, après avoir sabré 10 % dans son budget!
Le gouvernement peut bien raffermir les règles de gouvernance des universités pour éviter qu'un tel chaos se reproduise, il demeure que pour sortir l'UQAM de ce mauvais pas, il doit cesser de sermonner et plutôt raffiner sa propre réflexion. Veut-il un établissement paralysé et placé sous respirateur? Souhaite-t-il une coquille vide méprisée par la clientèle? De cette méditation devrait naître la marche à suivre et, surtout, la hauteur du soutien à verser.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->