Sans référendum, pas de souveraineté

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Élection Québec - le 8 décembre 2008 - les souverainistes en campagne


Texte publié dans Le Devoir du lundi 10 novembre 2008
Le référendum est à la souveraineté ce que l'heure de tombée est au journalisme. Sans heure de tombée, le journaliste n'écrit pas. Il lit, consulte, se documente. Mais ses recherches, discussions et réflexions ne trouvent leur aboutissement sous forme d'articles que sous l'injonction de la tombée.
Il en va de même pour le mouvement souverainiste. Sans l'échéance du référendum, il risque la dispersion, le fractionnement, l'étiolement. Seul le rendez-vous référendaire oblige à cibler sur l'essentiel, à discarter l'accessoire et à sonner le rappel des troupes. Seule la convocation du peuple à un choix décisif permet de vaincre les forces de l'inertie, de l'habitude et de la routine et de chambouler l'ordre social et politique.
C'est la position que défend le club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre) : tenir un référendum du peuple, pour le peuple et par le peuple sur l'indépendance nationale, c'est-à-dire remettre entre les mains du peuple québécois l'initiative d'un référendum sur la souveraineté.
La marginalisation du Québec
Un bref survol de l'actualité politique, militaire, sociale, environnementale, économique et linguistique démontre éloquemment la nécessité de l'indépendance nationale à cause de la marginalisation toujours plus poussée du Québec et son intégration comme une « province comme les autres » au sein du Canada.
À Ottawa, le gouvernement Harper a mis systématiquement en application son programme visant à redéfinir l'identité canadienne autour des Affaires étrangères, de la Défense et de l'Armée avec l'intervention en Afghanistan et l'augmentation conséquente des budgets militaires. Une politique que rejette le Québec. Selon les sondages, 70 % de la population québécoise s'oppose à cette guerre. Ses représentants à la Chambre des communes ont voté majoritairement contre le prolongement de la mission en Afghanistan. Le Québec, en tant que nation, se fait donc imposer cette guerre par une autre nation, la nation canadienne-anglaise.
Un Québec indépendant pourrait à l'exemple du Mexique inscrire dans sa Constitution l'interdiction de déployer des troupes à l'extérieur du pays sans déclaration formelle de guerre. Soulignons que le Mexique a une petite armée avec un budget militaire d'à peine 0,5 % du PIB, ce qui le place au 162e rang sur la liste des 173 pays répertoriés par le CIA World Factbook. Bien que situé en Amérique du Nord, le Mexique ne fait partie d'aucune alliance militaire : ni de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), ni du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD), dont font partie les États-Unis et le Canada.
Aux plans économique et environnemental, le Québec est privé des leviers essentiels et doit se soumettre aux politiques d'un gouvernement fédéral dont l'ordre du jour est défini par le lobby pétrolier de l'Alberta. Sous l'effet combiné de la hausse du prix du pétrole, du dollar canadien et du ralentissement de l'économie américaine, l'économie québécoise est aujourd'hui menacée d'une des pires crises économiques de son histoire.
Mettre fin à la dépendance au pétrole
Aux États-Unis, l'ancien vice-président Al Gore vient de lancer le défi aux Américains de combattre les changements climatiques en produisant d'ici 10 ans toute leur électricité avec des sources renouvelables. Un défi que le candidat démocrate Barack Obama se dit prêt à relever. Dans L'audace d'espérer (Presses de la Cité, 2006), Barack Obama identifiait d'ailleurs la fin de la dépendance des États-Unis au pétrole comme étant un de ses trois objectifs prioritaires.
Dès 2005, lors de la course à la chefferie du Parti Québécois, le SPQ Libre a défendu cette idée de mettre fin à la dépendance du Québec aux produits pétroliers. Il l'a réaffirmé en proposant la nationalisation de l'éolien lors du Conseil national sur l'environnement de l'automne 2006.
Il l'a étayé avec un plan de développement d'un réseau de transport public électrifié urbain et interurbain en faisant valoir l'extraordinaire potentiel de développement industriel et de création d'emplois que permet l'expertise québécoise dans la production d'électricité, d'aluminium et de matériel roulant.
La présence hypothétique de ressources pétrolières et gazières dans le golfe Saint-Laurent ne devrait pas nous distraire de cet objectif. Il serait malencontreux de se donner comme perspective celle d'un État-rentier, dont la pêche, la forêt et les mines nous ont montré les limites. Il faut plutôt promouvoir cette idée emballante d'une nouvelle révolution économique comme l'a été la nationalisation de l'électricité de 1962.
Une donnée fondamentale : le recul du français
Les données du dernier recensement ont montré le recul du français au Canada, au Québec et à Montréal. En triturant les chiffres, les fédéralistes ont cherché à invalider ce constat pourtant clair et limpide. Pourquoi un tel acharnement ? Tout simplement parce qu'ils savent que la question linguistique est désormais liée à la souveraineté du Québec. Dans leur optique, reconnaître le recul, c'est donner des armes aux souverainistes. Encore faudrait-il que ces derniers veuillent s'en servir !
On peut et on doit proposer des modifications à la Loi 101, mais comment croire qu'il sera possible de faire appliquer la réglementation aux petites entreprises lorsque celles de plus de 500 employés n'ont pas encore leur certification de la Loi 101 plus de trente ans après son adoption. En 1977, elles se sont francisées parce qu'elles sentaient au-dessus de leur tête l'épée de Damoclès de la souveraineté. Après l'échec du référendum, ce fut le retour au « business as usual ».
Le SPQ Libre croit à la nécessité de réexaminer le modèle québécois à la lumière des nouveaux paramètres que sont, entre autres, le vieillissement de la population, la faiblesse du taux de natalité, la participation massive des femmes au marché du travail et la mondialisation des marchés.
Mais nous ne croyons pas que la solution réside dans les privatisations, la déréglementation et la désyndicalisation comme le prônent les émules de Tony Blair. Ces derniers devraient d'ailleurs prendre note de l'effondrement économique de leurs « modèles », que ce soit la Grande-Bretagne de Tony Blair ou l'Irlande.
Qui fixera le prochain rendez-vous ?
Un peu partout à travers le monde, les tenants du néolibéralisme sont invités à quitter la scène. Une nouvelle génération de politiciennes et de politiciens s'apprêtent à prendre la place. Des femmes et des hommes politiques qui revalorisent le rôle de l'État, qui cherchent à redéfinir l'État-providence en l'adaptant aux nouvelles conditions sociales avec des programmes ambitieux de garderies, de congés parentaux, de conciliation travail-famille et des réinvestissements majeurs dans l'éducation et le développement des sciences.
C'est le programme que développe, par exemple, Barack Obama dans « L'audace d'espérer » dont le sous-titre est « Une nouvelle conception de la politique américaine ». Au moment où ces lignes sont écrites, nous ne savons évidemment pas s'il sera élu, ni s'il lui sera possible d'appliquer un tel programme aux États-Unis compte-tenu de la puissance des éléments de droite regroupés autour du lobby militaro-pétrolier mais, chose certaine, sa candidature et le programme qu'il défend auront un impact considérable sur la scène politique occidentale et, à plus forte raison, au Canada et au Québec.
Sondage après sondage, plus de 40 % de la population se déclare favorable à l'indépendance du Québec, malgré la campagne de presse sans merci des forces fédéralistes et les vicissitudes du mouvement souverainiste. Cette aspiration à la liberté, à une vie meilleure ne se dément pas. Alors, qui sonnera le rappel ? Qui entérinera l'heure de tombée ? Qui fixera le prochain rendez-vous du peuple québécois avec l'Histoire ?
Extrait d'un livre intitulé Sans référendum, pas de souveraineté, édition du Renouveau québécois, 188 pages.
Nous vous invitons à vous procurer ce livre en cliquant sur le lien suivant : Sans référendum, pas de souveraineté
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Marc Laviolette, président
Pierre Dubuc, secrétaire
Pour le club politique Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre)
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