Saint-Uber? Non merci.

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Le Québec peut très bien vivre sans UBER

Depuis mardi, on veut nous faire croire qu’une catastrophe s’abat sur le Québec. Laquelle ? Uber pense quitter notre territoire.


À voir la mine effarée de ceux qui ont l’impression que le ciel leur tombe sur la tête, on devrait plutôt parler de Saint-Uber !


Le récit proposé est à peu près le suivant. Une entreprise reposant sur l’innovation, la flexibilité et la mobilité se serait installée chez nous.


Modernité ?


Mais le Québec serait un pays hostile à ceux qui veulent faire les choses autrement. Il s’agirait d’une société hostile aux entreprises qui veulent sortir des façons de faire traditionnelles.


Il serait refermé sur lui-même, hostile au changement, au progrès. Une entreprise qu’on présente comme le symbole admirable du capitalisme moderne nous déserterait parce qu’elle ne nous trouverait pas assez bons pour elle.


N’est-ce pas la preuve de notre infinie médiocrité ? À tout le moins, c’est ce qu’on veut nous faire croire.


Mais pour peu qu’on fasse des efforts, on peut voir les choses autrement. Pour peu aussi qu’on ne se soumette pas à la propagande ambiante.


On peut constater que derrière les mots innovations, flexibilité, modernité, il y a ce qu’on pourrait appeler une compagnie pirate, qui veut s’installer ici sans respecter les règles de la place. Elle fait comme si les règles et les normes que nous nous sommes données comme société relevaient d’un folklore juridique qu’on devrait balayer comme un vieux tas de poussière.


Elle voit dans le moindre compromis qui lui est demandé une offense à sa grandeur.


On peut y voir aussi une compagnie qui s’accorde avec la nature impériale du capitalisme contemporain. Il désigne un territoire, il le conquiert et veut le soumettre à ses règles.


Et quand il y a trop de résistance, alors on décampe en se disant qu’on reviendra bien un jour quand les gens de la place se seront assagis et cesseront de lutter contre le XXIe siècle.


Respect


Est-ce à ce point insensé et exagéré de demander aux nouvelles entreprises de respecter minimalement, et même un peu plus que minimalement, les pays où elles s’installent ?


Personne ne parle de se fermer aux influences extérieures. Personne non plus ne s’oppose à une plus grande flexibilité dans nos sociétés éclatées.


Il ne s’agit pas non plus de défendre sans nuances une industrie du taxi encroûtée à réformer.


Mais on ne saurait non plus faire semblant que le modèle de société proposé par les Uber de ce monde n’a pas quelque chose de glaçant.


Dans ce modèle à la mode, il n’y a que des individus déliés les uns des autres, mis en concurrence, sans droits sociaux, sans ancrages, sans racines et luttant pour leur survie.


C’est la lutte de tous contre tous, magnifiée par la révolution technologique, qui laisse croire que nous sommes dans une formidable époque de libération des êtres humains.


Mais ce n’est pas être réactionnaire que de ne pas croire à ces fadaises.