Sabia est brûlé

Il faudra mettre cette nomination sur la pile des erreurs de Jean Charest.

QUI a choisi Sabia et POURQUOI?



Le mandat de Michael Sabia à la présidence de la Caisse de dépôt et placement débute bien mal. L'homme ne s'impose certainement pas par l'aplomb de son jugement.
Le processus de sélection de M. Sabia a d'abord été bâclé à l'extrême. L'ex-haut fonctionnaire et ex-président de Bell Canada a officiellement été choisi par le président nouvellement nommé du conseil de la Caisse, Robert Tessier, mais ce dernier n'avait cependant qu'un seul candidat dans sa mire, Sabia. La nomination a ensuite été entérinée par une poignée seulement de membres du conseil.
D'abord, le bilan du passage de M. Sabia chez Bell est très mitigé, comme celui qu'il avait laissé précédemment au Canadien National.
Placé au centre d'une controverse, M. Sabia a annoncé peu après son entrée à la Caisse qu'il renonçait pour deux ans à ses primes et à l'indemnité de départ prévue à son contrat. Déjà multimillionnaire, il n'a pas beaucoup de mérite. Son détachement aurait par ailleurs été davantage pris au sérieux si cela avait été pour la durée complète de son mandat. La semaine dernière, nouvelle volte-face : il fait savoir qu'il remettra ses options d'achat d'actions de Bell Canada. La Caisse est partenaire dans Vidéotron, concurrent de Bell. Le monsieur venait de se réveiller.
Vendredi, enfin, M. Sabia s'est rendu prendre le lunch avec son prédécesseur Henri-Paul Rousseau au siège social de Power Corporation, où oeuvre maintenant M. Rousseau. Ils y ont reçu quelques têtes d'affiche du milieu financier et des affaires. Ce n'est pas très brillant au niveau de l'image publique. Manque-t-il à ce point de restaurants et d'hôtels à Montréal que cette prise de contact du président du plus important bras financier de l'État québécois ait dû se faire sur le bras des Desmarais de Power Corp plutôt qu'en terrain neutre?
La première obligation de M. Sabia est de redonner confiance aux Québécois dans la direction de la CDPQ, après ses pertes de 40 milliards. Or, ce déficit de crédibilité ne fait que s'accroître tellement le remplacement de Henri-Paul Rousseau est erratique.
IRRÉVERSIBLE
À moins que M. Sabia tire rapidement la conclusion qu'il est préférable, justement pour cette raison, qu'il remette sa démission, il est là pour de bon. Le gouvernement Charest ne peut reprendre le processus de sélection, comme le réclament les partis d'opposition. Un tel retour en arrière serait dévastateur auprès des agences qui établissent la cote des administrations publiques, et mortel politiquement pour Jean Charest.
J'étais de ceux qui disaient qu'il fallait donner la chance au coureur. Il est cependant de plus en plus manifeste que M. Sabia ne devrait pas occuper ce fauteuil. Pas parce qu'il est originaire de l'Ontario et parce qu'il a été un haut fonctionnaire fédéral, comme l'ont évoqué mesquinement des députés du Parti québécois. C'est un «bon Québécois», choisi par le PQ, Henri-Paul Rousseau, qui a jeté la Caisse dans un gouffre. C'est un autre «bon Québécois», aussi choisi par le PQ, Jean-Claude Scraire, qui a décidé de la construction du pharaonique siège social de la Caisse et qui s'est amusé avec ses fonds dans Montréal mode. C'est aussi un «bon Québécois» du PQ, Claude Blanchet, président de la Société générale de financement (SGF), qui a jeté des centaines de millions de nos impôts dans la folle aventure de la Gaspésia.
M. Sabia n'est pas la bonne personne pour occuper ce poste tout simplement parce que les Québécois n'auront jamais confiance qu'il est la bonne personne.
Il faudra mettre cette nomination sur la pile des erreurs de Jean Charest.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé