Léger gain pour la Caisse de dépôt

Un rendement de 2,33 % pour les six premiers mois de l'année

CDPQ - Où va Michael Sabia?

François Desjardins - La Caisse de dépôt et placement du Québec a dégagé un rendement de 2,33 % au cours des six premiers mois de 2010, a-t-elle indiqué hier en précisant que cette performance — en apparence faible aux yeux du néophyte — a eu lieu dans un contexte difficile et truffé d'incertitudes aux quatre coins du globe.
La Caisse, qui gère les fonds de 25 gros déposants — dont les employés du secteur public, la Régie des rentes et les travailleurs de la construction —, avait signé un gain de 10 % en 2009, mais elle a dû se contenter de moins depuis quelques mois, car les marchés n'ont cessé de battre de l'aile.
Plus gros investisseur sur les marchés canadiens, la Caisse se console en signalant que, pour cette première moitié de l'année, l'indice de référence auquel il faut comparer ses résultats s'est chiffré à -0,74 %. Au final, la Caisse a donc pu faire passer son actif net de 131,6 à 135,8 milliards.
«Nous sommes heureux des progrès, mais il reste beaucoup de travail à faire», a dit le président de la Caisse, Michael Sabia, lors d'une conférence téléphonique. Il faisait référence à l'état des investissements de la Caisse, d'une part, et, d'autre part, à la grande réorganisation mise en oeuvre après son arrivée comme patron en mars 2009.
«Les marchés ont été difficiles et assez turbulents, notamment la Bourse en mai et en juin, a-t-il précisé. Mais pour les 12 derniers mois, notre rendement a été de 13 %, comparativement à un indice de référence de 8,2 %. C'est une valeur ajoutée de 5,8 milliards pour nos clients.»
C'est la deuxième fois que la Caisse présente un bilan en moitié d'année. Auparavant, elle se contentait de publier ses résultats sur une base annuelle, généralement à la fin de l'hiver.
Par exemple, l'autre grand investisseur institutionnel au Canada, la caisse de retraite Teachers, en Ontario, ne présente les siens que sur une base annuelle.
Québec satisfait
Le ministre des Finances, Raymond Bachand, s'est dit satisfait du travail de M. Sabia et a ajouté que le gouvernement Charest lui réitère sa confiance. Le porte-parole de l'Action démocratique du Québec (ADQ) en matière de finances, François Bonnardel, a affirmé à la Presse canadienne que l'équipe de M. Sabia a fait du bon travail dans la gestion des risques, bien qu'il faille attendre les résultats de fin d'année pour poser un jugement définitif.
De son côté, l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic s'est permis d'exprimer son scepticisme «concernant la fidélité de ces chiffres», car «les chiffres d'aujourd'hui ne sont pas vérifiés par le Vérificateur général du Québec, comme c'est le cas pour les états financiers annuels».
M. Sabia, autour duquel la presque totalité des hauts dirigeants ont été remplacés depuis son arrivée, a dit que la Caisse a bénéficié d'une bonne performance dans trois secteurs qui représentent 60 % de l'actif, soit les placements privés, les infrastructures et les revenus fixes, dans lesquels la Caisse a misé sur une surpondération. (Les résultats détaillés sont disponibles à l'adresse www.lacaisse.com.)
Mais les marchés ont évolué plutôt à la baisse cette année. Au cours des six premiers mois, la Bourse de Toronto a reculé de 4 %, comparativement à -7,5 % pour l'indice américain S&P 500.
Le portefeuille des marchés boursiers a donc diminué de 5,5 %, alors que celui de l'immobilier a connu une légère amélioration. Dans son portefeuille des placements privés (+14,7 %), cependant, la Caisse a profité d'une bonne performance de Quebecor Media, a dit M. Sabia. Dans celui des participations et infrastructures (+10,1 %), elle a pu s'appuyer sur les bons rendements de Gaz Métro.
Toujours sous-exposée aux marchés
Sur le plan défensif, la Caisse a pu se protéger de la situation précaire en Europe en diminuant son exposition aux marchés boursiers, si bien qu'au 30 juin, environ 34 % de l'actif s'y trouvait. Aussi, elle dit avoir pris des moyens pour limiter l'influence des marchés du crédit sur son portefeuille des BTAA, qui sont en fait les titres à long terme nés de la restructuration du papier commercial.
«On a pu éviter plusieurs trappes de sable, mais aussi saisir des occasions», a dit M. Sabia, qui a hérité l'an dernier d'une véritable patate chaude et dont le mandat est marqué par un recentrage sur la gestion du risque. L'important, c'est la performance à long terme, a-t-il insisté.
Prié par un journaliste de dire combien de temps la Caisse demeurera sous-exposée aux marchés boursiers, le vice-président aux placements, Roland Lescure, a dit qu'«il faut être flexible, il faut être pragmatique, car sur les marchés, la volatilité peut aller dans les deux directions».
À la Caisse, le semestre a notamment été marqué par ce que la direction appelle «une nouvelle offre de portefeuilles aux déposants», qui découle des consultations effectuées l'an dernier. Présentement, environ 18 % de l'actif de la Caisse est géré de façon indicielle.


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