Pour les six premiers mois de 2010, la Caisse de dépôt et placement du Québec a obtenu un rendement de 2,3 % comparativement zéro pour la même période de l'année dernière, et à -0,7 % pour l'indice comparatif du marché. Nous sommes loin de la moyenne de rendement de 7 % attendue par les déposants, mais après l'hémorragie de 2008 qui a laissé échapper 40 milliards du bas de laine, il y a lieu de croire à la capacité de la nouvelle équipe de maintenir l'équilibre entre prudence et rendement.
À la même époque, l'an dernier, la Caisse affichait un rendement nul parce qu'elle n'avait pas eu le temps de reconstituer son portefeuille d'actions alors que le marché boursier rattrapait une partie de ses pertes de 2008. Cette année, la Bourse ayant généré des résultats négatifs au cours des six premiers mois, le même phénomène de sous-pondération en actions du portefeuille de la Caisse lui a permis de faire «moins pire» que le marché.
C'est donc grâce à de bons résultats dans d'autres secteurs, comme les placements privés et les titres à revenus fixes, que les gestionnaires de la Caisse sont parvenus à sortir la tête de l'eau avec un rendement de 2,3 % pour le premier semestre de 2010.
Ce qu'il y a d'encourageant dans ces résultats, ce n'est pas le pourcentage affiché qui n'a vraiment rien de spectaculaire, mais l'attitude de la haute direction de la Caisse qui semble avoir pris un virage plus raisonnable dans sa politique d'investissements. Finis, les produits dérivés à la mode du jour qui devaient rapporter gros mais qui ont coulé à la première grosse vague; fini aussi le recours à outrance à des emprunts pour acheter des actifs qu'il faudra vendre en panique pour rembourser les prêteurs si le marché s'effondre.
Et comme l'objectif est toujours de faire mieux que l'indice de référence du marché pour chacun des portefeuilles, la Caisse offre désormais à ses déposants d'investir directement dans des produits qui copient l'indice dans les secteurs spécialisés dont elle n'a pas l'expertise pour bâtir et gérer elle-même un portefeuille performant. C'est le cas notamment des obligations à long terme dont le mouvement est difficile, voire impossible à prévoir, des actions américaines et de marchés émergents. Il était temps que la Caisse cesse d'embaucher des pseudo-experts ou de confier ce travail à des sous-traitants pas plus en mesure d'obtenir des résultats satisfaisants.
Autre changement d'importance, le recours systématique et quotidien à des outils d'évaluation du risque plus performants qui permettent d'ajuster les portefeuilles selon la conjoncture au lieu de naviguer de façon intuitive. L'argent confié à la Caisse de dépôt n'est pas un excédent d'épargnes populaires destiné à la spéculation, mais la base de la pyramide de revenus sur laquelle repose la sécurité financière des Québécois parvenus à l'âge de la retraite. On ne «joue» pas avec ce capital: on le protège d'abord, et on le fait fructifier ensuite.
Il est encore beaucoup trop tôt pour crier victoire. Au cours des dix dernières années, la Régie des rentes a reçu 2,9 % de rendement moyen pour ses placements à la Caisse au lieu des 7 % sur lesquels elle compte à long terme. Ce manque à gagner de plusieurs milliards et le rattrapage qu'il impose sont d'autant plus importants que l'économie mondiale s'enlise. À moins d'un retournement de situation, il faudra revoir les cotisations ou les prestations de ce régime public, peut-être même les deux. Ce que personne ne souhaite.
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j-rsansfacon@ledevoir.com
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