Ruth-Ellen Brosseau
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Louise Plante Le Nouvelliste (Trois-Rivières) La candidate NPD dans Berthier-Maskinongé, Ruth-Ellen Brosseau, qui se prélasse actuellement à Las Vegas au lieu de faire campagne, serait quasi unilingue anglaise, au point de ne pas avoir pu accorder une entrevue en français à la radio communautaire de Maskinongé, un des rares médias à avoir réussi à lui parler personnellement.
Jonathan Gariépy, responsable de l'information, a confié au Nouvelliste que la courte entrevue réalisée avec la candidate s'était avérée catastrophique au point que la station a renoncé à la diffuser.
La situation serait du plus haut comique, disent ses adversaires, si Mme Brosseau ne risquait pas sérieusement d'être élue le 2 mai prochain.
Pour un souverainiste pur et dur comme Guy André, député bloquiste sortant, la chose est difficile à avaler surtout dans un comté francophone à presque 100 %.
«C'est déplorable de ne pas parler la langue et de ne pas connaître le comté. C'est quand même spécial. Le NPD a manqué de stratégie. Ça montre que c'est démuni comme parti.»
M. André dit avoir entendu Jack Layton, chef du NPD, affirmer que chacun de ses candidats était actif au Québec. «Ça m'avait étonné, parce que dans Berthier-Maskinongé, la campagne ne se fait qu'à trois.»
Le candidat bloquiste ajoute qu'une campagne électorale permet aussi aux candidats de se familiariser avec les enjeux locaux. «On se nourrit pour bien représenter ces gens à Ottawa. Là, on a une candidate en vacances qui pourrait arriver et représenter les gens de Berthier-Maskinongé. Même absente, on dit qu'elle est vraiment dans la course.»
M. André qui poursuivait sa campagne dans la région de Lavaltrie n'a pu s'empêcher de faire remarquer «que c'est difficile de se battre contre un fantôme».
La libérale Francine Gaudet ne la trouve pas drôle non plus. «En tout cas, ce n'est pas tout à fait ma stratégie qui en est surtout une de terrain, afin de rencontrer le plus de gens possible», confie-t-elle.
La candidate libérale rappelle que ce n'est pas un chef de parti qui fait aboutir un dossier de centre de santé dans une région rurale, mais bien son député, comme elle-même l'a fait alors qu'elle représentait Maskinongé à l'Assemblée nationale.
«Il semble qu'elle parle difficilement le français au point que les entrevues ne sont pas possibles. Ça manque de sérieux et ça démontre que lorsque le NPD a recruté ses candidats, il ne s'attendait pas à performer dans les régions.»
Quand on demande à Mme Gaudet si cela ne la rend pas un peu cynique d'envisager que Mme Brosseau puisse devenir sa députée, elle répond que cette perspective ne tient pas la route. Visiblement, elle ne veut même pas l'envisager.
«Je serais renversée et un méchant paquet de gens le serait aussi. Je ne peux croire ça. Moi, je porte les projets et les problèmes des gens pour trouver une solution. Alors, quand on me dit qu'on pourrait élire une personne qui parle mal le français, qui n'habite pas le comté, ne sait peut-être même pas où il se trouve et qui est en vacances à Las Vegas... Les gens ne savent même pas son nom.»
Mme Gaudet ajoute que Thomas Mulcair, le numéro deux du NPD, a perdu une occasion de faire face à la situation lorsqu'il a tenté de minimiser la chose en disant simplement que les jeunes candidats «feraient leur expérience.»
La candidate libérale ajoute comprendre les électeurs de vouloir du changement, mais elle les invite à bien mesurer les conséquences.
Pour sa part, la conservatrice Marie-Claude Godue prie le ciel pour que les électeurs de son comté lisent les journaux et écoutent les médias électroniques afin de bien savoir pour qui ils s'apprêtent à voter.
Mme Godue dit bien sentir le besoin de changement dans Berthier-Maskinongé mais rappelle que c'est un gouvernement conservateur qui sera élu.
Elle avoue comprendre la sympathie qu'éprouvent les Québécois pour le chef du NPD, Jack Layton qui, même malade, mène une bonne campagne.
«Cela dit, je me fie au bon jugement des gens de Berthier-Maskinongé et qui ont vu des candidats, moi et mes adversaires, faire campagne sur le terrain. C'est l'un de nous qui doit gagner.»
La candidate conservatrice estime que ce ne serait pas sérieux que Mme Brosseau devienne députée d'un comté dont elle ne sait rien et dont elle ne connaît pas les gens.
«Je respecte la démocratie... mais c'est complètement absurde. Je crois que même Mme Brosseau est un peu dépassée par la situation et qu'elle ne se serait sans doute pas présentée si elle avait su. Moi, j'espère que les gens choisiront au moins un parti fédéraliste. Le Bloc, ça ne sert à rien.»
Le Nouvelliste a tenté en vain de parler à Mme Brosseau qui n'a pas retourné ses appels.
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