Forger notre parti-pris

2 mai 2011 - NPD - écueil en vue...

Tout autant nous avons pu déplorer récemment un processus de démonisation de la dissidence vis-à-vis de l’appareil de parti péquiste, nous devrions maintenant, dira-t-on, nous prêter à l’inquisition de Nycole Turmel, chef intérimaire du NPD. Rappelons les faits : militante de longue date au NPD, membre du Bloc Québécois de 2006 à 2011 et également membre de Québec solidaire, Nycole aurait échoué au serment du Test. À ce titre, Stephen Harper, Stéphane Dion et Bernard Landry gagneraient à réviser leurs jugements partiaux. Audi alteram partem…?
Reconnaissons-le, le défi est colossal pour Nycole Turmel. Au moment où les conservateurs taxent d’indésirable voire de terroriste, tout militant récalcitrant à l’ordre établi, l’élection du NPD au rang d’opposition officielle apportait une bouffée d’air frais dans l’esprit de plusieurs. Répétons-le, Stephen Harper aura beau jeu de déclarer toute déception inévitable à l’encontre du NPD, si nous sommes pour noircir l’indésirable à grands traits, aussi bien déclarer que la démocratie est devant une impasse.
Syndicaliste… progressiste… pour un Québec libre… Qui ne le serait pas? Toute dissidence, même nulle et non avenue du point de vue de l’adversaire, doit être débattue au sein de certains espaces publics. Ce n’est pas le cas présentement, alors que la foire d’empoigne l’emporte sur ce qui relève du débat. Amir Khadir fut fustigé et pris à partie à plus d’un titre, et à commencer par Gilles Duceppe. Peut-être était-il difficile d’admettre que la conjoncture était nouvelle.
Pour le moins, faire preuve de vision n’est pas donné à tou-te-s. Au-delà même des divergences semblant inconciliables, la présente brèche historique dans laquelle nous nous engouffrons laisse présager une certaine éclaircie de l’horizon politique à venir. Ce n’est point le moment de ménager la chèvre et le chou, encore moins de s’asseoir entre deux chaises. Tant qu’à moi, Nycole Turmel a été conséquente de ses choix tout en laissant place à un certain avenir. Politiquement, bien certainement, elle en paie aujourd’hui le prix.
À l’instar de ce qui s’est passé un 2 mai, le Québec semble prompt à vivre certaines secousses démocratiques. Grand bien nous fasse… le temps de la complaisance est fini. Il ne faut pas pour autant prendre nos souhaits pour des réalités. Tout simplement, nous nous devons de faire le tri au sein des aspirations de notre contrée. Souventes fois, nous nous sommes sacrifiés devant l’autel de la prise de pouvoir proprement dite. Aussi bien dire que c’est l’autel, car ce pouvoir fut souvent illusoire.
Qu’il s’agisse d’une coalition, d’opportunisme politique et/ou de la création d’un nouveau parti, le champ des possibles s’est récemment dédoublé. Exercice salutaire s’il en fut un, l’été nous permet de tester nos affinités politiques et quelque réelle vocation. Pierre Curzi a beau utiliser l’image de dire qu’il est une proie de Québec solidaire, il n’en reste pas moins que les épreuves traversées par Amir Khadir et le NPD testent l’ADN québécois. Ceci sans compter sur la Coalition de l’avenir du Québec.


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6 commentaires

  • Élie Presseault Répondre

    6 août 2011

    @ Denis Landry :
    « C`est comme si la démocratie est tolérable seulement si on a les résultats voulu, sinon on fait une bonne séance de peur.
    La démocratie comme façade, qu`on laisse tomber comme une guenille quand ça fait pas LEURS affaires. »
    Voilà justement un piège dans lequel les Québécois-es ne doivent point tomber. Si nous dénonçons les Nycole Turmel de quelque opportunisme et que nous les couvrons de toutes les épithètes, aussi bien dire que nous abandonnons le peuple à lui-même. Laissons le peuple cheminer. Si nous sommes pour nous adresser à son intelligence et l’interpeller dans ses actes sans pour autant le condamner, ceci peut être de nature à relever le débat.
    @ Jean-Charles Morin :
    « Mais voilà, ce bon vieux Jack est mourant (cela ne me surprendrait pas outre mesure qu’on nous annonce son décès dans les prochaines semaines) et il s’est bien gardé de nous le dire avant les élections, le p’tit vlimeux ! Finalement le Québec, gros Jean comme devant, n’ira pas à la brasserie d’en face prendre une bière avec le bon Jack. »
    Réduire ça à sa plus simple expression… Ok. Il faut pour autant être francs : Jack Layton y a été pour beaucoup dans l’élection du NPD au rang d’opposition officielle. Les Québécois sont majoritaires dans la formation de l’opposition officielle. Ils mesurent encore le poids de leur acte du 2 mai dernier. Ils entrevoient ce qu’un gouvernement Harper majoritaire réalise de promesses et laissent distiller cette atmosphère apocalyptique que l’on nous prédisait. Nous avons vu neiger.
    @ Laurent Desbois :
    Envisager des convictions totalement opposées. Le peuple s’est détaché de la base des partis politiques. De plus en plus, l’oligarchie au sommet de ces mêmes partis politiques s’est peu à peu révélée. Qui est Bernard Landry pour nous faire la leçon ? Stéphane Dion qui, main sur le cœur, demande la transparence la plus complète. C’est bien une lubie que de croire que les libéraux se refont une virginité.
    Jean-François Lisée, ok… c’est bien beau de prédire au-travers des faits historiques, de mettre en garde et de se placer face au vent contraire, mais que faisons-nous pour établir un plan de match crédible ? Pierre Dubuc peut considérer le point de vue d’un adversaire. Pour sa part, Patrick Bourgeois avait prédit une éventuelle déroute du Bloc Québécois. Ce dernier vivait sur du temps emprunté depuis la vague du scandale des commandites.
    De campagne en campagne électorale, à force de reprendre la même vieille recette, les électeurs en viennent à réévaluer leurs priorités. C’est comme ça que le NPD s’est imposé, d’autant plus que le Bloc présentait un programme sympathique aux revendications du peuple ordinaire. Condamner le geste d’une défection ou d’un passé bloquiste au profit d’un engagement de longue date au NPD et au sein des forces progressistes, c’est regarder les gens de haut.

  • Laurent Desbois Répondre

    6 août 2011

    Je ne le crois pas! J'appuis Stéphane Dion, le ROC et Bernard Landry en même temps!
    @Denis Landry,
    On ne reproche pas à Turmel de changer de parti ou même de se convertir au fédéraliste. On reproche à madame Turmel d’«Avoir des convictions totalement opposées dans deux partis indépendantistes, militer dans un parti fédéraliste puis ensuite devenir le chef de l’opposition officielle du Canada, il y a quelque chose qui ne marche pas. ». Et je dois préciser, « pendant plusieurs années et en même temps!!!! ».
    Quand j’écoute ces Layton (Turmel) ou Mulcair, j’ai l’impression d’entendre PET…. un demi-siècle plus tard ! « Un non, c’est un oui….. »
    Qui sera le premier(e) Bouchard à Jack, qui quittera le NPD pour se joindre au Bloc? J’espère qu’il ou elle saura quitter son adhésion au NDP, avant de devenir membre du Bloc Québécois ! Sinon, j’appuierais Dion pour le dénoncer !
    Turmel doit professer sa foi fédéraliste à répétition? Elle a voulu scinder le Canada? Elle me rappelle la pauvre Michaëlle Jean !!!! Au moins cette fois, on ne risque pas de se faire traité de raciste, pour oser en parler!
    @Élie Presseault
    « Pouvons-nous voir cette situation avec les yeux d’un politicien professionnel ? »
    C’est quoi çà ????
    Quand j’écoute ces Layton (Turmel) ou Mulcair, j’ai l’impression d’entendre PET…. un demi-siècle plus tard ! « Un non, c’est un oui….. »
    « Il est important de considérer l’importance de rallier plusieurs courants de sympathie politique différents. Sans politique de la main tendue, tout essai sera bien vain. »
    Non !!! Pas à des menteurs !!!!
    Voici la position du NDP concernant LA QUESTION NATIONALE
    http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/le-npd-et-le-quebec-quand-le-soleil-a-rendez-vous-avec-la-lune/8594/
    http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=3017
    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=156960801034095&set=a.103732429690266.5479.100001605282488&type=1&theater
    "Notre programme est un programme fédéraliste, et ils l'ont signé" - Jack Layton, 6 mai 2011, affirmant que tout ses voteurs vont défendre le Canada.
    Et Madame Turmel l'a signé!!!!
    http://tvanouvelles.ca/video/934392761001/jack-layton-defend-ruth-ellen-brosseau/

  • Jean-Charles Morin Répondre

    6 août 2011

    M. Pressault,
    Je vous remercie d'avoir réagi à mon modeste commentaire. Je comprend fort bien le désir de plusieurs Québécois qui, se sentant piégés dans quelque vieille dialectique qui n'aboutit pas, veulent se sortir de l'ornière creusée par les vieux réflexes partisans, suivant votre expression.
    La question est de savoir s'ils le peuvent vraiment. Bien sûr, on peut voir la promotion du NDP/NPD comme opposition officielle grâce à l'appui inattendu du Québec comme une nouveauté rafraîchissante en soi mais la question est de savoir si ce phénomène est autre chose qu'un simple coup d'éclat qui fait beaucoup de bruit sur le coup mais qui se révèle sans conséquence par la suite. Les anglophones ont un terme très imagé pour décrire ce genre de météore: "A flash in the pan".
    Pour ma part, j'ai tendance à croire à la théorie du météore pour les raisons suivantes:
    1. Le NDP/NPD est maintenent l'opposition officielle. Cela va lui donner plus de visibilité, de meilleurs budgets de fonctionnement et une résidence officielle (Stornoway) pour son chef. Mais ça va s'arrêter là car, puisque les Conservateurs sont majoritaires, l'opposition n'aura aucune prise sur les futures orientations politiques prises par le gouvernement étant donné le gouffre idéologique qui les sépare.
    2. Le Québec n'a pas voté NDP/NPD. Il a voté pour le bon Jack avec qui il aimerait bien aller prendre une bière à la brasserie d'en face. Mais voilà, ce bon vieux Jack est mourant (cela ne me surprendrait pas outre mesure qu'on nous annonce son décès dans les prochaines semaines) et il s'est bien gardé de nous le dire avant les élections, le p'tit vlimeux! Finalement le Québec, gros Jean comme devant, n'ira pas à la brasserie d'en face prendre une bière avec le bon Jack.
    3. Le Québec sera-t-il bien servi par ses nouveaux élus du NDP/NPD? Pas sûr du tout. Outre le fait que la plupart sont des "poteaux" qui ne s'attendaient qu'à faire de la figuration sur les affiches, le temps d'une campagne électorale, et sont sans qualification particulière pour occuper un siège de député, ils apprennent à la dure qu'en tant que membre d'un parti politique "pancanadien", ils doivent souvent défendre une ligne de parti qui est contraire aux intérêts régionaux de leurs commettants. On l'a vu dans le dossier des chantiers navals de la Davie, défavorisés par leur propre parti au profit de ceux des Maritimes. Après tout, il n'y a pas que le Québec qui a voté NDP/NPD. Nos "poteaux" risquent de se leur faire rappeler souvent.
    4. Le fait qu'un "crypto-séparatiste" se retrouve du jour au lendemain chef intérimaire du parti et chef de l'opposition officielle a créé un véritable malaise au sein du parti et au sein de toute la députation fédérale. Tous vont s'y mettre, Bob Rae en tête, pour qu'elle parte et vite. À votre place, je ne miserais pas un "deux" sur sa survie. Si Nicole Turmel avait eu la moindre préscience de pouvoir être élue aux dernières élections fédérales, jamais elle n'aurait adhéré à Québec solidaire ou au Bloc québécois, cela tombe sous le sens. Maintenant, malheureusement pour elle, son passé l'a rattrapé et les anglos sont loin d'apprécier. Or ce sont précisément eux qui mènent à Ottawa. C'est normal: ils ont l'avantage du nombre et le Canada est leur pays par choix avant d'être le nôtre par défaut.
    Toutes ces raisons vont faire du NDP/NPD une véritable étoile filante dans le ciel politique québécois. En voulant sortir du pattern établi depuis le deuxième référendum, suivant votre expression le commun du mortel québécois a "changé quatre trente sous pour une piasse". "Pourquoi pas?", me direz-vous. Là-dessus je suis bien d'accord avec vous. En démontrant l'impasse dans laquelle il se retrouve au fédéral, quel que soit le parti pour lequel il vote, le Québec n'aura rien gagné, mais il n'aura aussi rien perdu sauf ses illusions.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 août 2011

    Un coté et tolérant, l`autre moins...
    Je peut comprendre qu`elle soit politiquement opportuniste
    pour toute sorte de raisons qui sont les siennes.
    Elle a été élue au suffrage universel et ça, c`est suffisant pour moi.Elle a des comptes a rendre qu`a ses électeurs, mais on demande plus...
    Beaucoup plus, Parce qu`elle a des tendances souverainistes, on la juge inapte a la direction du NPD. Ça sent la chasse au sorcières, l`intolérance.Du David Levine
    Alors qu`on laisse un Levesque ou un Parizau libéral devenir Péquistes ou un Bachand devenir libéral après être Péquistes sans trop de brouhaha(mais donne des expliquations).
    De ce coté de la rivière outaouais, on met en place les règles du jeux et on respecte les résultats, même si les résultats déplaise(référendum 80 et 95).
    Du coté du ROC, c`est pas la même chose, il y encore cette volonté de faire du mange-canayen.C`est comme si la démocratie est tolérable seulement si on a les résultats voulu, sinon on fait une bonne séance de peur.
    La démocratie comme façade, qu`on laisse tomber comme une guenille quand ça fait pas LEURS affaires.
    Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark.
    Denis Landry

  • Élie Presseault Répondre

    5 août 2011

    M. Morin,
    Tout commentaire est un défi. Ce que vous amenez comme propos tient selon une certaine lorgnette. Oui, effectivement, Nycole Turmel savait fort bien qu’en flirtant avec du « séparatiste », elle s’aliénait une certaine part de capital de sympathie de la part des anglophones. Ceci, nous le saisissons parfaitement bien. Pourtant, la nature dysfonctionnelle de la quincaillerie constitutionnelle canadian devrait en inciter certains à faire preuve de clairvoyance. Si rien n’a fonctionné avec les Québécois-es, pourquoi ne pas tenter le tout pour le tout. Mais non, encroûtons-nous dans nos vieux réflexes et habitudes.
    Nous connaissons fort bien la propension du ROC à durcir le ton en face de ce qui ressort du moule de la fidélisation canadian. Soit tu es un fidèle ou tu te soumets entièrement.
    Les dernières cartouches s’épuisent… Le Canada a tout tenté, sauf que finalement le NPD a formé l’opposition officielle après avoir été un éternel tiers parti. Nous connaissons la tradition selon laquelle le Québec tranche sur le sort de ceux qui forment le gouvernement… Depuis le Bloc Québécois, la formation des gouvernements successifs s’est toujours faite malgré le Québec. Harper a fait le pari qu’en boudant le Québec, ça finisse par lui sourire… Pour ma part, je crois que le commun du mortel québécois veut sortir du pattern établi depuis le 2e référendum.
    L’inédit de l’élection du NPD au titre d’opposition officielle fait clairement précédent. Avant même cette figure imprévue, les Nycole Turmel de ce monde n’envisageaient pas de remporter des mandats de députés sous la bannière du NPD, du moins au Québec. Pouvons-nous voir cette situation avec les yeux d’un politicien professionnel? Il est important de considérer l’importance de rallier plusieurs courants de sympathie politique différents. Sans politique de la main tendue, tout essai sera bien vain.

  • Jean-Charles Morin Répondre

    5 août 2011

    Nicole Turmel aurait dû savoir qu'en adhérant à Québec Solidaire et au Bloc Québécois, deux partis de "damned separatists" voués à la destruction du Canada tel que le conçoivent les anglophones, elle s'ostracisait elle-même de tout rôle significatif dans un parti pan-canadien au niveau fédéral. Le fait qu'elle ait flirté avec ces formations par amitié plutôt que par conviction profonde reflète à mon avis, comme l'a souligné à juste titre Bernard Landry, son manque de sérieux et de jugement politique.
    Quoiqu'en dise Élie Pressault, au fédéral ce sont les anglophones qui décident du sort de ceux qui militent au sein des formations qu'ils dominent et au NPD le sort en est jeté: Nicole Turmel va se faire montrer la porte car sa position est d'ores et déjà intenable aux yeus de tous les partis fédéralistes comme chef intérimaire de l'opposition officielle.
    La question est maintenent de savoir si elle va quitter la tête haute en assumant pleinement des choix passés ou si elle va se confondre en excuses dans la langue de Yann Martel en rampant à quatre pattes vers la sortie...
    Jean-Charles Morin