L'affaire Nycole Turmel

Les Québécois aussi ont droit à la transparence

Tiens, tiens! "la raison d'être (du BQ) est de sortir le Québec du Canada" - Stéphane Dion... Pourquoi toute cette merde C-20 puisque le but du mouvement souverainiste québécois est aussi clair que vous le dites?!



La chef intérimaire du NPD, Nycole Turmel

Photo : Agence Reuters Chris Wattie


L'actuelle chef intérimaire du NPD, Nycole Turmel, a été membre du Bloc québécois pendant quatre ans, jusqu'en janvier dernier, et membre de Québec solidaire encore il y a quelques jours. Cette adhésion à deux partis souverainistes de la part de celle qui remplit les importantes fonctions de chef de l'opposition officielle a été décrite comme un problème pour le reste du Canada, mais pas pour le Québec.
Je crois au contraire que c'est surtout envers les Québécois que Mme Turmel a manqué d'honnêteté. C'est au Québec qu'elle a fait campagne, à Hull-Aylmer. Ce sont des Québécois qui l'ont élue. C'est à nous en premier lieu qu'elle a caché des choses.
En démocratie, tout citoyen a le droit de changer d'allégeance. Mais un candidat à une élection se doit de ne pas cacher ce changement, surtout s'il est tout récent. C'est en cela que Mme Turmel a manqué de transparence.
Mme Turmel a écrit au Bloc, en janvier dernier, qu'elle résiliait son appartenance à ce parti pour des «raisons personnelles». C'était faux: on ne se présente pas candidat pour un parti que pour des raisons personnelles. Ces raisons sont d'intérêt public. C'est pourquoi un candidat se doit de les révéler.
Pourquoi, durant et après la campagne, lorsqu'elle a été interrogée sur les appuis qu'elle avait donnés dans le passé à des candidats bloquistes en tant que dirigeante syndicale, n'a-t-elle pas révélé son appartenance de longue date à ce parti et à Québec solidaire? Il a fallu une enquête journalistique pour que ces informations soient révélées au public.
Affaire de jugement
On doit s'interroger sur le jugement de Mme Turmel: c'est une chose que de voter Bloc sans être souverainiste, c'en est une autre que de devenir membre de ce parti, dont la raison d'être est de sortir le Québec du Canada. Mme Turmel affirme que c'est le programme social du Bloc qui l'a séduite. Pourtant, le NPD présente des candidats dans toutes les circonscriptions du Québec. Mme Turmel jugeait-elle le programme social du Bloc supérieur à celui du NPD?
Elle dit qu'elle est devenue bloquiste par amitié envers une députée. Qu'est-ce que l'amitié a à voir là-dedans? Nous avons tous des amis de différentes allégeances, mais nous n'adhérons pas à leur parti pour autant.
Mais au-delà de son manque de jugement, ce sont ses cachotteries qui sont à dénoncer.
J'ai du respect pour ceux de mes concitoyens du Québec qui affichent leur croyance en l'indépendance. Je pense qu'ils se trompent gravement en voulant renoncer au Canada, mais je respecte leur point de vue. Je sais aussi faire la part des choses. J'ai pu travailler avec Gilles Duceppe lorsque, comme chefs de partis d'opposition, notre lecture du bien commun coïncidait. Mais ce que je n'accepte pas, ce sont des élus qui cachent leur parcours politique.
En soi, le parcours de Mme Turmel, qui l'a conduite à donner son adhésion exclusivement à un parti qui croit dans le Canada, est une bonne nouvelle pour l'unité canadienne. Mais alors pourquoi l'a-t-elle dissimulé?
Le NPD n'a maintenant plus le choix: il doit opter pour la transparence. Quel rôle la direction du NPD a-t-elle joué dans cette dissimulation? Combien de députés NPD ont-ils été, ou sont encore, membres de partis souverainistes? Vont-ils le rester? Combien voteraient pour l'indépendance si un référendum avait lieu?
Ces questions n'ont rien d'une chasse aux sorcières. Les électeurs ont droit d'en connaître les réponses. C'est une question de respect envers tous les Canadiens et, en particulier, envers les Québécois.
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Stéphane Dion - Député libéral de Saint-Laurent-Cartierville


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