Bloquons le Plan Nord !

Rouler pour ne pas se faire rouler !

Je serai donc de la manif contre le Plan Nord. Au diable le handicap! Si le premier ministre peut gouverner sans tête, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas manifester sans jambe.

Désobéissance civile - Printemps québécois

Manifester quand on est en fauteuil roulant ou en béquilles, ce n'est pas de la petite bière. Déjà que de se rendre tous les jours au bureau en empruntant le transport en commun (celui doté de rampes) n'est pas évident non plus. Une fois sur deux, on ne peut monter (quand l'autobus est bondé ou que la rampe ne fonctionne pas, ce qui est fréquent).
Mon état de santé, passablement amoché par le diabète, avec les conséquences redoutables qui s'ensuivent parfois (dans mon cas: l'amputation d'une jambe, l'insuffisance rénale, les problèmes cardiaques qui ont conduit à un triple pontage, bref, les sept plaies d'Égypte), ne me permet plus de mener des activités militantes comme du temps de ma jeunesse. Ceci dit, pas question de me résoudre à baisser les bras, à regarder le monde en spectateur, à me détourner des combats sociaux et politiques.
Alors, quand l'occasion se présente, j'enfourche mon fauteuil roulant ou je m'accroche au déambulateur, et je repars sur le sentier de la guerre. Au diable ceux qui voudraient me faire renoncer à cet idéal de justice, qui m'habitera, je crois bien, jusqu'à mon dernier souffle.
Samedi, le 21 avril, à 10 heures, j'avais prévu participer à la manifestation organisée par le Réseau de résistance du Québécois et Innu Power contre le Plan Nord de Charest. Eh bien, me croirez-vous, j'ai été à deux doigts de louper cette occasion... à cause du maudit diabète (sachez que je déteste autant cette maladie que s'il s'agissait de Charest, alors vous pouvez vous imaginer !). Cette nuit, j'étais à l'urgence pour un petit rien relié aux reins, mais un petit rien qui a bien failli gâcher ma fin de semaine, car on comptait m'hospitaliser!
On n'a pas fait ni un ni deux et on m'a fixé au poignet un bracelet d'hôpital (avec, entre autres, pour m'identifier le beau nom de jeune fille de ma mère aujourd'hui décédée), on m'a fait enfiler une jaquette bleu poudre avec vue imprenable sur mon derrière (ce qui a fourni le prétexte à l'infirmière pour y introduire un coton-tige aux fins de sa collecte de cultures bactériennes... chacun son loisir) et on m'a fait les analyses et tests sanguins appropriés. J'étais cuit et, vraiment, j'aurais braillé comme un veau à l'idée de dormir à l'hôpital, manger à l'hôpital, mourir à petit feu à l'hôpital.
Mais parfois, il y a un bon Dieu pour les activistes. Ce matin, vers 10 heures, coup de théâtre! Le médecin entre dans ma chambre en coup de vent et m'annonce que les résultats des tests sont très rassurants. Je peux quitter l'hôpital, car de simples antibiotiques suffiront.
Je serai donc de la manif contre le Plan Nord. Au diable le handicap! Si le premier ministre peut gouverner sans tête, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas manifester sans jambe. Alors je serai devant le Palais des congrès à 10 heures samedi. Vous qui avez encore et, je vous le souhaite, pour toujours vos deux jambes, vous n'aurez qu'à prendre le métro et à sortir à la station Place d'Armes... Bloquons le Plan Nord ! Dégage, Charest !


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    21 avril 2012

    Bravo pour ton courage qui fait de toi un exemple pour bien du monde.
    Yves Chartrand

  • Archives de Vigile Répondre

    21 avril 2012

    Monsieur Durand
    Vous êtes un modèle de courage et de détermination pour tous les Québécois. Toute mon admiration! Nous l'aurons notre pays!
    MORT AU PLAN NORD ET VIVE L'INDÉPENDANCE DU QUÉBEC !!!
    André Gignac 21/4/12

  • Archives de Vigile Répondre

    21 avril 2012

    Et moi qui est privé de parole, qui ne peut faire guère plus de 300 mètre sans devoir m'assoir (sciatique), qui s'appuie sur une canne pour continuer... j'y serai aussi, entouré de mes quatres petits-fils (13-10-8-5) à qui je dois fabriquer des affiches ce matin. Ils vont frapper à ma porte tantôt, chacun sachant déjà ce qu'ils veulent inscrire sur leur affiche et demain : avanti ! toute la smala, les amis, les vaillants...
    Le regroupement de départ est chez moi. En ce dimanche matin, je serai jeune, je n'aurai plus mal nulle part, j'aurai vingt cinq ans, ce sera comme dans les années '70 et je crierai en dedans : mort aux vaches ! ni dieu ni maître !le Québec retrouve son peuple! et Charest mange d'la marde !!!
    Et je danserai encore, sur le pont, au dessus du tourbillon quotidien, et je me dirai encore : qu'ils sont beaux nos jeunes, articulés, intelligents,courageux et libre...
    Bravo pour ton courage Jean-Pierre Durand.
    André Vincent

  • Caroline Moreno Répondre

    20 avril 2012

    Félicitations pour ton courage et ta détermination. Tu as toute mon admiration.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 avril 2012

    Bravo je vous admire.J'espère que beaucoup de personnes
    vous suivront.