Des jalons de résistance civile et d’action citoyenne radicale pacifique

Le pouvoir doit pencher du côté de la population pour obtenir des gains, même dans un contexte de lutte sociale radicale.

Désobéissance civile - Printemps québécois




Des jalons de résistance civile et d’action citoyenne radicale pacifique.
Plusieurs questions relatives aux lois, à l’obéissance citoyenne et la
désobéissance civile ont été soulevées au cours des récentes semaines de
remous sociaux. Les autorités ont affirmé que la loi est au dessus de
tout, et que le citoyen doit obéir, autrement, nous sommes face à
l’anarchie. Immédiatement, une question a émergé, qu’en est-il de l’action
radicale, ou de désobéissance au Québec? L’action des étudiants sort-elle
des normes de l’action politique engagée, ou se situe-t-elle dans une
tradition de lutte?
Lors de correspondances, Amir Khadir a rappelé à ma mémoire une brochure
publiée à Montréal en 1975, « Civil disobedience, Theory and Practice »,
dédiée au célèbre objecteur de conscience, le Docteur Henri Morgentaler.
Cette brochure fait une courte recension de l’histoire de la désobéissance
civile au Canada, un point de départ intéressant en ce qui concerne
l’action radicale pacifique.
Ce qui est frappant souligne Amir Khadir dans une communication, c’est que
la désobéissance civile a de très longues racines au Québec, allant de la
résistance des Canadiens-français à la conscription dès les premières
campagnes campagne de l’armée coloniale britannique contre les
révolutionnaires indépendantistes américains en 1775-77, jusqu’au front
commun des chefs syndicaux de 1972. Cet échange a été l'élément
déclencheur pour moi d'une réflexion sur l'historique des luttes radicales
pacifiques au Québec.
En fait suite à ce survol, j’ajouterais au commentaire de monsieur Khadir,
que les racines de la désobéissance se retracent probablement dès
l’occupation du territoire par les colons. En fait elle semble
omniprésente dans la vie des québécois jusqu’à l’obtention du droit de
grève par les travailleurs en 1964. Avant cette date, les grèves étaient
toutes des actions de désobéissance civile. Les racines de la
désobéissance au Québec sont donc profondes. Par exemple, les coureurs des
bois n’étaient-ils pas en réalité des désobéissants par vocation, voire
même, de véritables décrocheurs du système en place? La question se pose.
Certains actes de désobéissance sont bien documentés.
Entre autres, à chacune des conscriptions, de l’armée du Roi de France à
celles de la couronne d'Angleterre, les paysans québécois ont résisté aux
lancées militaristes des autorités. Pourquoi? La raison est simple. La vie
paysanne était terriblement rude au Québec, la nature ne laissant aucun
répit. Abandonner femme et famille dès le printemps pour aller faire la
guerre jusqu’à l’hiver venu était une garantie pour la misère et la
famine, l'hiver venu. C'est le cœur de l'émergence d’un certain pacifisme,
ou d'un anti-militarisme culturel québécois. Une révulsion culturelle
profonde contre la guerre et les armées, vraisemblablement dû aux
conséquences directes des guerres forcées sur nos ancêtres et leurs
proches.
Mais il y a encore matière à recherche. Bref ce court texte qui devait
compter tout au plus de deux ou trois pages, s’est à ma surprise transformé
en un survol de près de 15 pages, qui reste bien sommaire des actions
radicales, souvent illégales de la lutte populaire pacifique. Je constate
avec étonnement qu’une véritable culture de la désobéissance et de la
résistance existerait donc au Québec, et nous en serions les dignes
héritiers, n’en déplaise aux autorités et au législateur. Dans ces
quelques exemples, je n’ai pas la prétention d’avoir fait une véritable
recension historique détaillée, j’ai mis l’accent sur certains enjeux moins
connus et sur certaines actions pacifiques plus spectaculaires; ne
cherchant qu’à esquisser une illustration de l’étendu de l’action citoyenne
radicale en regroupant quelques observations.
Par manque de connaissance et de temps, je n’ai pas approfondi les actions
du mouvement féministe (entre autre le mouvement des suffragettes
québécois), des mouvements pour la tolérance face à l’orientation sexuelle,
les luttes syndicales, les nombreuses actions des mouvements étudiants du
passé, les luttes du mouvement souverainiste, et plusieurs lutte
environnementales comme celle de Greenpeace. Je sais aussi que le FRAPRU
et le Monde à bicyclette ont aussi conduit des actions citoyennes radicales
et pacifiques au Québec. Je suis persuadé que de nombreux militants seront
en mesure de compléter ce portrait.
Mais je reste impressionné par la radicalité, l’originalité, la persistance
et la créativité du mouvement étudiant actuel. Il est à espérer que cette
lutte restera dans la longue tradition de lutte pacifique du peuple
québécois, peuple qui n’a jamais vraiment eu le contrôle des moyens du
recours à la force.
Début de la colonie, et résistance à la conscription américaine

Dès le début de la colonisation du territoire québécois, plusieurs colons
se sont établis sur le territoire québécois en « squattant » illégalement
des lopins de terre. L’administration et la gestion du territoire étant
tellement inefficaces et corrompues, axée sur le népotisme, que le « squat
» illégal était la seule voie pour le colon français, et américain dans les
Cantons de l’Est, pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille et
survivre sans subir l’exploitation de seigneurs parfois sans scrupules.
Ces actes répandus de désobéissance civile furent à l’origine de multiples
conflits entre paysans et nouveaux détenteurs de titre, souvent des membres
de la bourgeoisie, dans de nombreuses localités du Québec. L’étude des
concessions, des premiers titres de propriété et des litiges du temps est
truffé de conflits avec des « squatters » illégaux; souvent des
autochtones.
Un autre facteur important a contribué à cette culture de la résistance, la
tradition des corvées populaires, obligatoires, non-rémunérées, au service
des armées. Les paysans étaient souvent conscrits de forces par les
officiers de milices français afin de contribuer à la construction des
infrastructures militaires de la colonie.
Bien que cette forme d’héritage feudal ait été l’objet de constantes
insatisfactions populaires et contestation, c’est suite à la Conquête
anglaise que semble s’être intensifiée la résistance des fermiers français
à cette forme de travail forcé non-rémunéré, imposé par le nouveau régime
politique. Le refus de coopérer à la construction des routes, bâtiments
militaires et autres infrastructures de protection força les dirigeants
britanniques à retirer la loi sur ces « Corvées », et la construction de
ces infrastructures en préparation en préparation au conflit avec les
américains devint un travail rémunéré.
Lors des campagnes militaires liées à la révolution américaine, soit dès
1775 à 1777, on retrace des actes de désobéissance systématiques et
organisés. Les Canadiens français auraient alors été très peu enclins à
aider les Britanniques du Canada à se défendre contre les attaques
américaines. Des manifestations contre la mobilisation décrétée par les
autorités militaires Britanniques ont eu lieu à l’époque, notamment
semblerait-il, à Terrebonne, à Verchères et à Berthier. Déjà, la
désobéissance aux conscriptions forcées semble déjà bien implantée dans les
mœurs des paysans et on semble déjà organiser la désobéissance. Les rafles
d’arrestation qui suivirent ces actes de résistance citoyen, suite à des
dénonciations, entraînèrent des arrestations massives de toute personne
soupçonnée ou accusée de « Haute trahison ».
Pour un pays sans armée. Écosociété.
www.ecosociete.org/t001.php
Résistance constitutionnelle de Papineau
Au début des années 1800, la désobéissance a même touché les dirigeants
politiques. Papineau prend le leadership du mouvement de contestation du
peuple et participe à de nombreuses assemblées populaires afin de mobiliser
les gens à la préservation de la constitution octroyée par la
Grande-Bretagne au peuple du bas Canada. Cette constitution est menacée de
toutes parts par les intérêts économiques actifs dans la colonie. Papineau
préconise une solution négociée et étonnamment non-violente. Il fonde ses
espoirs sur le fait que les Britanniques, fort de leur expérience avec la
colonie Américaine en 1776, agiront différemment avec le Canada. Entre
autres action pacifique, il préside un comité qui organise le boycott des
produits britanniques dans la colonie.
La « résistance constitutionnelle » de Papineau pour l’établissement d’un
gouvernement responsable prend diverses formes : campagnes électorales,
rassemblements et manifestations. Mais aussi une série d’actions que le
pouvoir considérait comme illégal, soit le boycott des produits
britanniques, l’importation en contrebande de produits pour éviter de payer
des douanes (qui était devenu pratique normal pour des milliers de gens) et
jusqu’à des ruées sur des Banques pour y retirer ses avoirs. Papineau
serait le précurseur des premiers mouvements de désobéissance civile
québécois, organisés par un dirigeant politique. Pas surprenant que l’état
du temps voulait la « tête à Papineau » et qu’il a du s’exiler.
On a écrit sur lui…. « La vie politique de ce grand homme est gravée, par
le burin de l'histoire, en caractères indélébiles; les luttes qu'il a
soutenues pour conserver intacte une constitution octroyée par la
Grande-Bretagne, et dont l'oligarchie du Canada s'efforçait depuis
longtemps d'arracher lambeaux sur lambeaux, sont inscrites en lettres de
feu dans le cœur de ses compatriotes»
Résistance Papineau
http://archives.vigile.net/idees/critique/monierepapineau1.html
Résistance à la conscription 1914-18
La résistance aux conscriptions semble rester l’axe central de la tradition
de résistance québécoise aux autorités. Pendant la Première Guerre
mondiale, dans le contexte de la Loi sur la conscription de 1917, les
Canadiens français qui refusent le service militaire sont à l’origine de
nombreuses manifestations dans plusieurs villes du Québec. Selon Serge
Mongeau qui a beaucoup écrit sur les questions de paix, on parle même de
sécession à l’Assemblée législative du Québec. À Québec, les policiers
tirent sur la foule lors d’une manifestation. Le bilan est de quatre
morts.
Dans le cadre de cette résistance, ce ne sont pas les manifestations
parfois violentes qui semblent avoir porté fruit et nui aux nombreux
efforts de recrutement de l’armée, mais la fuite des conscrits. Le refus
de coopérer à la loi, la désobéissance de 41% de ces conscrits qui n’ont
jamais été retrouvés par les traqueurs de l’armée canadienne fut au cœur de
cette résistance que l’on tente de minimiser. C’est sans parler des
milliers d’autres jeunes qui ne sont tout simplement pas inscrits tel que
l’exigeait la loi, et des nombreux citoyens leur ayant permis de se
défiler. Nombreux sont nos aînés qui peuvent encore témoigner de ces actes
de non-coopération assez généralisés dans les nombreux villages ruraux du
Québec.
Une culture de la résistance est bel et bien présente dans l’esprit des
québécois, et la révulsion face aux conséquences de la guerre des puissants
en sont une éloquente illustration. Pour un peuple qui se sent toujours
conquis et opprimé, ce n’est certainement pas une surprise.
http://www.francoidentitaire.ca/quebec/texte/T3240.htm

Résistance conscription 1939-45
Il est intéressant de relire l’histoire dans une perspective de résistance
populaire, on réalise que le radicalisme pacifique n’est pas nouveau. La
tradition anti-militariste se poursuit donc au cours de la seconde guerre
mondiale de 1939-45. Le référendum sur la conscription montre une
impressionnante opposition de la population québécoise, les citoyens
s’opposent au recrutement forcé à la hauteur de 72%. On doit se mettre en
contexte, et comprendre qu’en avril 1942, au moment de ce plébiscite, on
est en plein coeur d’une intense propagande de guerre.
Plus de la moitié des conscrits qui ont illégalement fui l’armée canadienne
étaient des Québécois. De son côté, le Canada anglais accepte le principe
de la conscription à 79 %. Encore une fois, dans un de ses ouvrages, Serge
Mongeau souligne la forme la plus efficace qu’a pris la résistance civile.
« Bien des jeunes Québécois [...] se réfugieront dans les bois ou se
cacheront ailleurs, avec l’appui sympathique de la population ». Le
pouvoir est donc impuissant sans la collaboration du peuple. C’est grâce à
cette non collaboration active de la population, à son appui actif à cette
forme de désobéissance par refus de coopérer, que les efforts de
recrutement de l’armée canadienne se sont avérés peu concluant. Ainsi, la
mise en application de la loi s’est avéré un véritable défi pour les
dirigeants.
Il semble particulièrement ignoble et déplacé, dans le cadre d’une telle
tradition de débrouillardise pour la survie et de résistance aux autorités,
de prétendre que ces actes de résistance aient été guidés par une couardise
ou une quelconque sympathie pour les visées fascistes de certains militants
du moment.
On peut aussi voir la « traitrise » du maire de Montréal, Camilien Houde,
dans une toute autre perspective. Son opposition à la politique
d'enregistrement pour service militaire décrétée par le gouvernement
fédéral canadien de Mackenzie King en 1940 reprend ainsi tout son sens. Ce
geste de désobéissance qui lui valut une déportation sans procès dans un
camp de concentration à Petawawa pendant quatre ans révèle le courage et
l’engagement de la personne envers son peuple.
Comment se surprendre que le soir du 16 août 1944, au moment où il arrive à
la gare Windsor de Montréal, une foule de plusieurs dizaines de milliers de
personnes, pleine d'émotion, soit venue l'attendre et l'accueillir.
Camillien Houde entre alors dans la légende. L’histoire en fera peut être
le principal symbole de non-coopération politique par un dirigeant
politique québécois. La répression dont fut l'objet son geste lui acquit
l'estime populaire, et il restera une véritable légende de l’histoire de la
lutte populaire non-violentes et de l’action politique radicale au Québec.
Camilien Houde
http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/collaborations/8674.html

Missiles BOMARCs
Suite à la guerre, le sentiment antimilitariste ou anti-guerre québécois
s’est encore manifesté face à l’imposition de politiques fédérales.
Difficile de parler de la tradition de militance radicale des québécois
sans souligner l’Opération Saint-Jean Baptiste du 17 au 21 juin 1964. Des
manifestants pacifistes québécois et canadiens tentent de pénétrer dans la
base militaire de La Macaza, ils en bloqueront l’accès pendant 17 heures.
Deux célèbres résistants québécois font parti de cette première action
publique de désobéissance civile, Simonne Monet-Chartrand et Michel
Chartrand. C’est la première action publique d’interposition citoyenne
volontaire, en infraction à la loi, qu’il m’a été possible de recenser à ce
moment par ce rapide survol.
La Macaza est une base militaire installée dans la forêt des Laurentides
près de Mont-Laurier. Elle est à ce moment l'un des points stratégiques du
système de défense de l'Amérique du Nord (N.O.R.A.D.). Elle abrite alors,
depuis, peu des missiles Bomarc armés d'ogives nucléaires fournies par
l'Armée américaine. Ces engins sont des fusées sol-air munies d'une bombe
atomique dite tactique, d'une puissance équivalant à 400 tonnes de TNT, et
dont le rayon d'action atteint 400 milles.
L'introduction de telles armes nucléaires au Québec avait déjà provoqué
plusieurs manifestations pacifistes depuis 1964, à l'initiative du
Mouvement pour le désarmement nucléaire et la paix.
Les Québécoises et le mouvement pacifiste (1939-1967)
www.ecosociete.org/t005.php

Henry Morgentaler, droit à l’avortement
Les années soixante sont une période d’effervescence politique au Québec.
Une étude des mouvements souverainistes et étudiants du moment pourrait
permettre de recenser de nombreuses initiatives de résistance citoyenne
pacifique.
Une lutte particulière retient mon attention tant par l’originalité de
l’action de résistance, que par la teneur radicale et dramatique des gestes
posés est l’histoire du Docteur Morgentaler. Cet homme qui atteint l’âge
vénérable de 90 ans, s’est battu pendant plus de 30 ans pour le droit à
l’avortement libre et gratuit au Canada.
Henry Morgentaler est un survivant de l'Holocauste. Après avoir survécu au
camp de concentration d'Auschwitz, il accepte une bourse d'étude des
Nations unies offerte aux survivants juifs. Il étudie alors la médecine en
Allemagne.
Après ses études, il refuse d’aller en Israël pour cause politique. Lui et
son épouse quittent l’Europe en 1950 et vont au Canada, où il pratique la
médecine à Montréal. Il travaille comme médecin généraliste pendant presque
vingt ans, jusqu’à ce que ses opinions sur l’avortement créent des conflits
qui l’amènent à interrompre son activité. Le 19 octobre 1967, il s’adresse
à un comité du gouvernement du Canada et y énonce que les femmes enceintes
ont le droit d'avoir des avortements sécuritaires.
En 1969, il abandonne la médecine familiale et commence ouvertement à
pratiquer des avortements illégaux. Peu après 1970, il est arrêté à Québec
après avoir pratiqué un avortement. Plus tard en 1973, il dit avoir
pratiqué 5 000 avortements illégaux. Il est acquitté par un jury dans une
affaire judiciaire, mais l’acquittement est renversé par cinq juges de la
Cour d'appel du Québec en 1974. Il est emprisonné pendant 10 mois avant
d’en appeler de la condamnation et d'être par la suite de nouveau acquitté.

Une expérience qu’il qualifie de « jeu d’enfant »
comparativement à ses cinq années passées dans le camp d’Auschwitz à
l’adolescence.
En 1988, il obtient enfin gain de cause : l’arrêt Morgentaler décriminalise
l’avortement et invalide toutes les restrictions qui y étaient rattachées.
En 1992, une bombe explose à sa clinique de la rue Harbord à Toronto.
Morgentaler n’est pas physiquement blessé. En 1993, il gagne une nouvelle
cause devant la Cour suprême, R. c. Morgentaler (1993), cette fois contre
une réglementation provinciale de l’Ontario sur l’avortement.
Depuis le début du XXIe siècle, Morgentaler travaille pour ouvrir deux
cliniques privées d’avortement dans l’Arctique canadien, afin que les
femmes vivant là-bas n’aient pas à voyager de grande distance pour pouvoir
se faire avorter.
Cet homme, plus grand que nature, illustre parfaitement ce qu’un citoyen
qui a franchis ses peurs peut accomplir.
Henry Morgentaler, plusieurs extraits de Wikipedia ont été utilises pour ce
texte.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_Morgentaler
_ http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/biographies/478.html
Actions Syndicales
Lorsqu’on parle de mouvement radical, de lutte populaire d’envergure et de
moyens d’action radicaux; on ne peut pas passer à côté des mouvements
ouvriers du Québec. Certains militants radicaux contemporains, par pure
ignorance ou par prétention idéologique dénigre de grands pans de
l’histoire des luttes sociales du Québec.
Il faut souligner qu’au Québec, avant l’obtention du droit de grève en
1965, toutes les grèves, étaient des actions de désobéissance civile. Une
grève de travailleurs était un acte illégal. La première grève au Québec
serait une grève des chapeliers de Québec en 1815, suivi d’une grève des
ébénistes à Montréal en 1824. Encore une fois, on découvre que les racines
de la résistance et de l’action radicale pacifique et illégale sont
profondes. Au cours des années 60, les infirmières, le personnel des
hôpitaux et les enseignants ont subi la répression des autorités avant
l’obtention du droit de grève.
Même après l’obtention du droit de grève strictement encadré, la
désobéissance civile a fait parti de l’arsenal de la lutte syndicale. Le
11 avril 1972, quelque 210 000 employés de la fonction publique et
parapublique québécoise entament une grève générale. Mais dix jours plus
tard, une loi spéciale met fin au débrayage. Les trois chefs du Front
commun intersyndical refuse de s’y conformer et sont emprisonnés. Ils ont
sciemment encouragé leurs membres à désobéir au décret du gouvernement. La
lutte syndicale menée par Louis Laberge, Marcel Pépin et Yvon Charbonneau
procurera toutefois des gains importants aux syndiqués.
La grève générale lancée par le Front commun des 3 syndicats nationaux
québécois en 1972 était une grève illégale, c’était à ce jour la plus
massive des actions de désobéissance civile dans l’histoire récente du
Canada.
Mais, grâce aux actes de défi massif, désobéissant à la loi 78, les
étudiants du Québec viennent de fracasser ce record de la désobéissance
civile pacifique la plus importante de notre histoire.
Front commun
www.csn.qc.ca/web/csn/communique/-/ap/nouv09-05-12
Résistance rurale
De nombreux actes résistances citoyens et de multiples barricades routières
effectuées par des compatriotes ruraux pour s'opposer à la fermeture de
services publics essentiels se sont produits au Québec. L’action pacifique
radicale n’est donc pas qu’un de militants politique éclairés, formant un
genre d’avant-garde de la lutte. Au Québec, l’action politique radicale
est l’affaire de tous.
Au Québec, l’Opération Dignité en Gaspésie est un exemple probant en ce
sens…. Au début des années 1970, des citoyens des régions concernées,
insatisfaits des projets de développement imposés par le gouvernement, et
choqués de voir ce même gouvernement fermer des villages, se lanceront dans
une véritable campagne de résistance et d'action sociale : l'Opération
dignité. Organisée autour de l'axe paroissial et initiée par trois curés,
le mouvement visera à faire « déraper » le projet du BAEQ, tout en
revendiquant travail et dignité pour les populations dans leur milieu
rural.
On assiste à la mise en place de barricades routières, au refus de citoyens
et de dirigeants à se conformer aux consignes des autorités, à l’occupation
de sites de services voués à la fermeture, à la nuisance systématique et
l’interposition face aux démolisseurs; cette campagne sera une véritable
prise de conscience du caractère parfois inhumain et abusif de plans
dessinés par les autorités politiques pour contraindre une population.
De cette résistance citoyenne naîtra l'action sociale concertée. « Celle-ci
se manifeste en particulier dans l'appui accordé aux différents mouvements
de solidarité qui surgissent alors et qui vont subsister jusqu'à
aujourd'hui : les Opérations-Dignité (1970-1972), le JAL (1973-1974), la
Coalition Urgence rurale (1980-1990). ». Au départ, des groupes populaires
émergeront spontanément et s'organiseront au fil des événements,
fonctionnant à l'aide d'une structure organisationnelle souple et légère
disposant de peu de moyen.
Les médias accorderont une place de choix à l'Opération dignité, si bien
que le gouvernement sera contraint de reculer. Aujourd'hui encore, cette
tranche d'histoire est l’assise sur laquelle se sont construits les
mouvements de défense du développement durable comme, par exemple,
Solidarité rurale du Québec. Il est facile de constater que la résistance
non-violente, et radicale n’est pas qu’un moyen de lutte urbain.
Opération dignité.
http://operationdignite.com/Petite-histoire-de-la-Journee-de.html
Les expropriés de Mirabel
En 1969, le gouvernement de Pierre Elliott-Trudeau réalisa la plus grande
expropriation de l’histoire du pays au nom du développement, pour
construire le plus grand aéroport au monde : Mirabel. Le projet fut un
cuisant échec pour plusieurs raisons sociales, politiques et économiques.
Au moment ou les expropriés de Mirabel prenaient conscience de l’injustice
des conditions de leur expropriation, une véritable résistance populaire
émergea. Les confrontations avec les autorités étaient presque
inévitables. Après 1972, le CIAC avait réussi à mobiliser environ 2000
membres et ils étaient de plus en plus puissants face au gouvernement. Les
citoyens étaient informés et mobilisés.
Les 16 paroisses qui étaient parfois en compétition avant l’expropriation
se retrouvèrent unies pour une cause : la défense de leurs droits. Plus les
années passaient, plus les forces policières devaient faire face à un
groupe informé et conscient qu’ils étaient victimes d’injustices.
Le mouvement se montrant de plus en plus fort, l’État utilisait son pouvoir
de coercition, encore une fois pour intimider le mouvement.
Cela n’arrêta point leur ardeur, ils continuèrent à manifester en trouvant
toujours de nouvelles façons d’attirer l’attention des médias, les actions
des agriculteurs expropriés ne manquait pas d’originalité.
Par exemple, lorsque les Travaux publics voulurent contrôler jusqu’au
conditionnement de leur terres, le mouvement alla épandre du fumier sur
leur terrain. Un autre cas impliquant les épandeurs à fumier fut celui de
l’inauguration de la grange à Rousille. Le gouvernement avait décidé de
transformer cette grange expropriée en galerie d’art. Les agriculteurs
mécontents voulurent faire «sentir» aux invités de l’inauguration que cette
grange avait, d’abord et avant tout, une vocation agricole.
Lors de procès contestant des conditions injustes de règlement, les
agriculteurs ont apporté des vaches, des fourragères et des tracteurs dans
les rues et devant le palais de justice de Saint-Jérôme.
On commente : «[…] fallait voir les petites génisses brouter (l’herbe
étendu sur) l’asphalte sous la surveillance de la brigade anti-émeute»
À plusieurs reprises, ils occupèrent les bureaux du fédéra. Le but n’était
pas de vandaliser les lieux, mais bien de ralentir le travail du
gouvernement.
«Aucun dégât, ni dommage… juste assez de dossiers mélangés pour occuper les
fonctionnaires pendant un bon bout de temps».
Mais tout cela ne se faisait pas sans peines. Évidemment, il y eu maintes
reprises des arrestations et poursuites judiciaires suite à ces actes de
désobéissance civile. Que faire lorsque l’État utilise la force et que l’on
est certain qu’il est dans le tort? Cela résulta en certains dérapages de
violence générée par la répression policière légitimée par le gouvernement
Trudeau.
La résistance de ces paysans floués doit rester une jalon de l’histoire des
résistances populaires.
https://papyrus.bib.umontreal.ca/jspui/bitstream/1866/4312/4/Gagnon_Poulin_Eric_2010_memoire.pdf
Les organisations religieuses et les sanctuaires
Plus inattendu pour plusieurs, les organismes religieux ont aussi
d’importantes réalisations dans le domaine de l’action radicale et de la
désobéissance civile. Dans la plus pure tradition du Chemin de fer
souterrain, « Undergound Railroad », fierté canadienne de la lutte
anti-esclavagiste; les sanctuaires illégaux ont été utilisé pour protéger
des réfugiés sous ordre d’expulsion.
Malgré plusieurs cas dans les années 70, c’est dans les années 80 que le
recours au sanctuaire resurgit au Canada avec le cas d’un jeune
guatémaltèque qui permit d’obtenir un moratoire sur les renvois au
Guatemala. Au Québec, même si le recours au sanctuaire ne devient pas le
mouvement important que connait les États- Unis, les sanctuaires
surviennent ponctuellement. Lorsque la vie des personnes est menacée et que
les abus ou les erreurs du processus de déportation sont flagrants, les
organismes religieux invoquent le devoir de protéger son prochain.
D’ailleurs, le gouvernement libéral de Jean Charest a fait l’histoire ici
puisqu’il a la honteuse responsabilité de la première violation du
sanctuaire de l’Église St-Pierre à Québec le 5 mars 2004. Ce geste pour
arrêter puis déporter un demandeur d’asile, a suscité une forte réaction
d’indignation au sein de la population. Différents milieux et différentes
organisations, laïques tout aussi bien que religieuses, ont dénoncé cet
abus de pouvoir des forces policières et des agents d’immigration qui ont
ainsi rompu la tradition du recours à la protection des sanctuaires établie
respectée jusqu’alors. Plusieurs ont aussi rappelé l’importance qu’ont ces
espaces sacrés pour assurer la défense des plus vulnérables contre un
système générateur d’injustices mais aussi pour affirmer les valeurs
fondamentales des sociétés québécoise et canadienne, d’accueil.
En cette année 2004, année de mise en œuvre de lois restrictives en termes
d’acceptation de réfugiés, au moins huit églises ont accepté d’accorder le
refuge à des demandeurs d’asile qui étaient menacés de déportation. Ces
être humains avaient épuisé tous les recours possibles pour faire
reconnaître leurs besoins de protection, malgré l’appui de ressources
citoyennes expertes dans le domaine.
Ces sanctuaires qui se sont matérialisés en cette année charnière se
retrouvent dans différents lieux au Canada : Halifax, Québec, North Hatley,
Montréal (3 lieux), Ottawa et Winnipeg. Les communautés de foi qui se sont
engagés à enfreindre la loi appartiennent à différentes dénominations
chrétiennes : l’Église Unie du Canada (3), l’Église Unitarienne (2),
l’Église catholique (2) et l’Église anglicane (1). Lorsqu’on parle
d’actions politiques radicales, on a souvent l’image du jeune militant
habillé en noir et confrontant la police. Le mouvement des sanctuaires
illustre parfaitement l’effet pervers de la propagande.
Cette tradition de désobéissance civile est bien vivante tant au Canada,
qu’au Québec et cette tradition doit se maintenir afin que notre société
garde un minimum d’humanité en cette sombre période pour la condition
humaine.
Sanctuaire de réfugiés.
www.egliseunie.org/paroisses/st-pierre/textes/violation_sanctuair.pdf
Nos impôts pour la paix
L’association « Nos impôts pour la paix » fait la promotion depuis 30 ans
d’une désobéissance fiscale pour éviter de payer la part de nos impôts
fédéraux qui va au soutien à la guerre.
Ceux qui s’objectent aux dépenses militaires par principe, ou pour des
raisons de conscience, et qui veulent faire connaître leur objection au
gouvernement canadien en ont la possibilité. Plusieurs canadiens
retiennent leur impôts et de les placent dans un compte commun de
résistance. Ce fond génère des bénéfices qui sont réinvestit dans des
initiatives citoyennes de paix.
Ainsi, au cours des années ce sont plus de 1000 canadiens qui ont
participés à cette forme d’objection de conscience fiscale, ou de
désobéissance civile contre la loi sur l’impôt. A ce jour aucune
accusation criminelle n’a été portée contre ces honnêtes citoyens qui
expriment leur objection face aux impôts militaires depuis les débuts de
l’organisme citoyen Conscience Canada en 1978.
Nous avons ici un autre exemple d’action radicale ou des personnes
enfreignent volontairement la loi pour lutter en faveur d’une cause qui
touche des principes humains fondamentaux.
Comité des Quakers
www.quaker.ca/Committees/wartaxconcerns/PTR_07-Fr.pdf
Actions pacifistes contre les déploiements de missiles intermédiaires en
Europe

Au début des années 1980, l’Europe est en émoi. L’Union des Républiques
Socialistes Soviétiques (URSS), la seconde puissance militaire de la
planète vient tout juste de déployer les missiles intermédiaires SS-20 à la
frontière de ses pays alliés. L’Occident par la voie de l’OTAN, veut
riposter par le déploiement dans ses propres pays alliés de sa toute
nouvelle quincaillerie nucléaire, les missiles de croisières et Pershing.
Le pépin est que ces armes seront sous responsabilité d’un commandement
militaire américain, et que leur déploiement accroît de façon considérable
les risques de guerre nucléaire totale, et accidentelle. C’est la furie en
Europe où plusieurs centaines de milliers prennent la rue, et des milliers
de citoyens organisent des centaines d’actions de désobéissance civile.
Au Québec aussi la résistance au militarisme s’installe, et des milliers de
québécois prendront des autobus, plus de 50 au total, pour se rendre au
siège des Nations Unies le 12 juin 1982 pour une manifestation historiques
regroupant plus de 2 000 0000 de personnes. C’est dans ce contexte que
s’organisent les premières actions de désobéissance civiles non-violentes
entraînant des arrestations importantes au Québec. Ces actions de
désobéissance civile du 25 octobre 1983 à Montréal devant les consulats
américain, soviétique et le Centre de recrutement des Forces Canadiennes
deux jours plus tard entraînent l’arrestation de plus de 80 personnes.
Ces actions marquent le début de campagne de luttes citoyennes dans la plus
pure tradition de la lutte non-violente. Les militants reçoivent une
formation à l’action, le scénario de l’action est préétablis, les gens
consultent des avocats et sont au courant des conséquences de leurs actes.
En cas d’arrestation prévisible ou inévitable, les arguments et stratégies
de défense sont abordées et une entente de solidarité est signée.
Ces actions politiques radicales de citoyens indignés mèneront à une
dizaine d’années d’action citoyenne non-violente sur des enjeux militaires
et d’injustice économique.
Crise des missiles au Québec
http://bv.cdeacf.ca/CF_PDF/LVR/1984/15janvier/126137.pdf
Luttes autochtones pour le droit à l’autodétermination
La longue tradition autochtone de barricade routière pour revendiquer des
bénéfices de l'exploitation de leurs terres ancestrales est évidente pour
tous. Ce qui est parfois moins évident pour le citoyen, c’est que la
grande majorité ont toujours été pacifique, et se sont accompagnées de
nombreux gestes de résistance : longues marches, interposition face aux
développeurs, nuisance aux travaux, refus de se conformer aux règles de
coupe, de pêche et de chasse, et parfois, sabotage évitant les traumas et
divers actes de non-coopération avec les forces de l’ordre. A de
nombreuses reprises, ces actes ont pris la forme de désobéissances
civiles.
Une campagne de désobéissance civile pacifique des plus intéressantes dans
l’histoire des luttes autochtones au Québec s’est déroulée sur la Côte-Nord
du Québec et au Labrador, à la fin des années 1980. Il s’agit de la lutte
non-violente du peuple innu contre les vols à basse altitude (jusqu’à 30
mètres du sol) effectués par des chasseurs supersoniques de pays de l’OTAN
dans cette région appelée Nitassinan. Les Innus se sont opposés au projet
de transformer la base militaire canadienne en base permanente de l’OTAN,
ce qui aurait eu pour effet de décupler le nombre de ces vols extrêmement
bruyants – qui serait passé de 6000 à 100 000 par année – et des
simulations de bombardements sur le territoire où ils vivent et chassent.
C’est en septembre 1988 que des Innus décident de passer à l’offensive en
initiant une campagne de désobéissance civile. Une famille occupait déjà
l’aire de bombardement depuis le début du mois de septembre. Le 15
septembre, une première manifestation est organisée sur la base de Goose
Bay, dans la section réservée à l’aviation allemande.
Soixante-dix personnes y participent, incluant des enfants et des personnes
âgées. Toutes sont arrêtées et accusées de méfaits. Cette répression ne les
décourage pas, au contraire. Sept jours plus tard, un autre groupe d’Innus,
de tous les âges, occupe la section hollandaise de la base.
Ils se couchent sur le sol (une pratique appelée die-in – variante du
sit-in – comme s’ils étaient morts). Les 63 adultes et 15 enfants qui ont
participé à cette action sont accusés de méfaits.
La campagne se poursuit le 27 septembre. Deux cents Innus manifestent de
nouveau, arrêtant les activités militaires pendant deux heures. Mais, cette
fois, il n’y a aucune arrestation. Le 4 octobre, un groupe de personnes
occupe le bout de la piste de décollage. Des vols militaires en provenance
d’Europe sont retardés et un vol commercial est dirigé vers un autre
aéroport. Sept personnes sont arrêtées, dont les leaders autochtones.
En mars, les Innus relancent leur campagne par des vagues successives
d’occupation. Entre le 18 et le 23 mars, soixante-huit personnes sont
arrêtées en essayant d’installer leur tente sur la base militaire de Goose
Bay.
Dans ce contexte particulier, l’action de désobéissance civile a permis à
la totalité des gens de se joindre à la lutte et de manifester leur
indignation; de l’enfant à la grand-mère.
Une analyse approfondie des luttes autochtones au Québec pourrait
multiplier les exemples du genre. C’est lorsqu’un moyen de lutte est
accessible à tous qu’il prend véritablement toute son efficacité.
Lutte au Nitassinan
www.cjf.qc.ca/fr/relations/article.php?ida=1348
Assemblée des premières nations.
www.canadiana.ca/citm/specifique/abagitation_f.pdf

Projet des Ombres
Au milieu des années 80, les organismes montréalais lancent une campagne
d’actions, combiné à des actes de désobéissance civile pour sensibiliser
aux dangers de la guerre nucléaire et conséquences possibles d’une telle
guerre.
Cette campagne pour la paix sera épique car annuellement, pendant trois
ans, des militants radicaux arpentent les rues de Montréal la nuit et
peignent des ombres sur le pavé des rues de la ville, en contravention des
règlements municipaux. L'événement central de la cause est la
commémoration du bombardement atomique d'Hiroshima.
Des campagnes se succèdent où des militants arpentent les rues de Montréal
en peignant des ombres humaines sur le pavé et les trottoirs. Ce geste
commémorait les personnes qui s'étaient désintégrées lors de l'explosion
atomique et n'avaient laissés qu'une trace de cendre à forme humaine sur le
sol. Jusqu'en 1986 ces campagnes contrevenant aux lois municipales mèneront
à l'arrestation de plusieurs dizaines de militants pour la paix par la
police municipale.
Entre les six et neuf août le « Projet des ombres » transformait les rues
de Montréal en véritable jeux du chat et de la souris. Les militants
pacifistes arpentaient les rues munis de cruchons remplis de chaux et leurs
éponges, dessinant aussi rapidement que possible des centaines d'ombre
humaines sur les pavés. Les policiers de l’administration Drapeau
tentaient eux, désespérément, de les repérer et de les détenir aussi
rapidement possible afin de limiter le nombre de symbole relatant la
destruction atomique auxquels les citoyens montréalais seraient exposés le
matin venu.
Ces gestes citoyens sont à l’origine des partenariats montréalais avec la
ville d’Hiroshima, de la commémoration annuelle du recours à l’arme
atomique au Jardin botanique et de la présence du pavillon du bassin
Bonsecours conçu à l’image du Dôme d’Hiroshima; mausolée commémoratif de ce
drame humain dans le Vieux Port de Montréal.
D’ailleurs, cette place devrait se nommer la place du « Projet des Ombres
».
Couverture de The Gazette
http://news.google.com/newspapers?nid=1946&dat=19850807&id=OyAyAAAAIBAJ&sjid=16UFAAAAIBAJ&pg=2619,2703277
Uranium Namibien
Ces campagnes ont touchées en 85 et 86, la lutte au régime raciste
d’Afrique du Sud. Parmi plusieurs actions contre des entreprises qui
faisaient affaire avec le régime politique raciste, l'importation
d'uranium en provenance de la Namibie, occupée par l'Afrique du Sud, fut un
enjeu ciblé. Des ententes internationales empêchaient le Canada de faire
affaire avec des pays et entreprise exploitant les ressources de ce pays
occupé.
Une centaine de militants formés à l'action de désobéissance civile
non-violente ont constitués divers groupes d’affinité. Ceci afin de
conduire une campagne d’opposition à la transformation de l’uranium
namibien provenant au Canada par le Port de Montréal, étant destinés à un
retraitement à Éliott Lake et à être retourné comme combustible en Afrique
du Sud.
Étalée sur plusieurs semaines, la campagne a fait connaître le travail de
recherche effectué par les gens de Greenpeace Canada sur le retraitement de
cet uranium, elle a alerté l’opinion publique sur la question, forcé le
parlement à étudier la question et à prendre position. Près d’une centaine
de militants de groupes anti-nucléaire et anti-apartheid ont été arrêtées
suite à diverses formes de blocus, à des entrées par effractions et de
multiples actes de nuisance au transit des camions qui acheminaient
l’uranium.
Les procès, très médiatisés, utilisant des avocats internationaux de renom,
ont ultimement menés à l'arrêt de l'importation d'uranium namibien en
provenance de l'Afrique du sud.
Peace Magazine
http://peacemagazine.org/archive/v03n4p40.htm

Foire ARM-X
On ne devrait pas omettre la lutte contre la foire à l'exportation d'armes
ARM-X, au parc Lansdowne à Ottawa. Cette campagne s’est échelonnée sur
plusieurs années et fut l'objet d’action de désobéissance civile annuelles
ou femmes allaitant, et vieillards sont arrêtés, et parfois emprisonnés.
Lors d’une action d’interposition visant à bloquer l’accès aux exposants de
la foire d’arme, une dame âgée aura les côtes fracturées dans une
bousculade avec un policier; levant ainsi une indignation généralisée. Ces
manifestations dans la plus pure tradition de l’action non-violente
entraînèrent l’annulation de ces foires aux armes jusqu'en 1993, et de
nombreux reports.
Lors de ces nombreuses actions, la discipline, la formation, le courage et
la détermination des militants ont mené à de nombreux gains et à une
excellente médiatisation des enjeux. Les procès ont servis d'enjeux pour
la nouvelle, entraînant l'embarras des autorités et d'importantes
modifications dans le comportement oppressif des autorités.
La parfaite maîtrise des actions et l’enjeu délicat des foires pour
l’exportation d’armes furent des leviers importants pour les militants
non-violents.
Documentation sur la foire ARM-X
http://coat.ncf.ca/ARMX/armx_booklet.pdf

Le Blocus du Plan G, et le désarroi des autorités

Au Québec, toujours grâce au travail acharné de l'Alliance pour l'action
non-violente, les manifestations pacifiques composées de gens formés et
déterminés prenaient de l’assurance. L’action entraînant la fermeture des
opérations du centre nerveux du gouvernement provincial, le plan "G", sans
que les autorités n'osent arrêter une seule personne fut une action
déterminante. Ce fut l’élément déclencheur pour un mouvement populaire
mobilisé dans l’action non-violente radicale, dans des d’action visant les
grandes concertations économiques des dirigeants de ce monde.
Les militants en provenance de nombreux organismes communautaires
québécois, regroupés en groupes d’affinité thématique, regroupés selon
divers enjeux touchant le gouvernement québécois s’opposait à la
marchandisation du bien commun. L'action non-violente et son développement
rapide devenait la hantise des gouvernements en place, tant au Québec, qu’à
Ottawa ou les actions se multipliaient.
L'action communautaire avait un nouveau levier de pouvoir qui s'avérait
d’une redoutable efficacité.
L'occupation du plan G, pendant une journée complète par de multiples
groupes d'affinités composés de près de 400 personnes, n’entraîna aucune
arrestation, le gouvernement québécois n'osait dorénavant plus la
confrontation médiatique que ces événements généraient...
Blocus du Plan G
www.lagauche.com/lagauche/spip.php?article1245
SALAMI, une lutte québécise contre la mondialisation
Au Québec, une véritable culture de l'action radicale non-violente était en
rapide émergence dans les milieux militants et communautaires. On ne se
contentait plus de l’action pacifique, les gens étaient formés pour
garantir le déroulement strictement non-violent des actions.
Les mouvements citoyens et communautaires québécois, de plus en plus
mobilisés, ont rapidement détecté le scandale dans les négociations
multilatérales sur la mondialisation. Longtemps avant les « crash »
boursiers liés aux abus des grands financiers, des actions citoyennes
radicales avaient dénoncés la mondialisation des profits, et les
restrictions dans la mobilité des personnes, des règles du travail et de
l’environnement. Cette mondialisation servait les intérêts des riches et
puissants; et aucunement les intérêts de la population.
Au cours des années 90, et jusqu'au tournant des années 2 000, ces
stratégies ont été transposées avec succès aux actions altermondialistes, à
la lutte pour le droit à des logements sociaux et à la campagne de lutte
contre le régime d’apartheid sud-africain.
Lors d’actions de désobéissance civile avec des gens formés, dans un
contexte de campagne planifiées; le gros bout du bâton semblait du côté des
manifestants, les policiers marchaient littéralement sur des œufs et la
provocation ne fonctionnait tout simplement plus. La sympathie des média
était pratiquement unanime.
Opération SALAMI
www.pmm.qc.ca/salami/francais/opers.html
Puis Québec 2001, le sommet des Amérique, le dérapage
Au Sommet des Amérique de Québec, il s’avère impossible d’aménager un
espace pour l’action politique radicale non-violente. Certaines
organisations internationales, des groupes anarchistes canadiens et
certains rares militants québécois prennent part à des actions directes de
confrontation agressive avec es forces de polices.
L’histoire de la suite des événements est bien connue.
***
Seules les grandes marches de type familiales sont possibles, des militants
non-violents risqueraient de subir les contrecoups de la confrontation.
Les risques sont trop grands et la cohésion de stratégies avec les groupes
militants de l’extérieur s’avère impossible.
Nous entrons dans l’ère de la diversité des tactiques, ou certains
militants exigent la solidarité avec les moyens d’action directe,
impliquant les confrontations avec les forces de l’ordre, les bris ciblés,
sans prise de responsabilité et des tactiques agressives diverses. Cette
nouvelle doctrine de lutte place les bases de la confrontation permanente
avec les forces policières dans le cadre des manifestations annuelles «
Contre la brutalité policière », expression simple de révolte sans réel
projet de société.
Face à cette avant-garde de révoltés, une coupure s’est produite dans
l’action politique radicale au Québec. La désobéissance civile
non-violente a été exclue des manifestations relatives à des enjeux
globaux, et est devenu un moyen d’action occasionnel dans le cadre de
revendications précises, mises en place par certains organismes sociaux et
environnementaux.
Campagne d’opposition au recrutement militaire dans les écoles.
Au cours des récentes années, simplement à titre d’illustration, les
associations étudiantes ont repris le flambeau de l’action radicale
pacifique en s’impliquant dans la campagne d’opposition au recrutement
militaire dans les écoles.
Grâce à une stratégie d’opposition systématique et non-violente, grâce à
des gestes théâtraux et symboliques et créatifs, sit-in, die-in,
occupations, contre propagande et gestes d’interpositions divers et de
perturbation la résistance à la présence des recruteurs militaires s’est
installée. Les étudiants ont confronté les administrations, parfois les
services de sécurité des institutions et même l’intimidation policière; les
étudiant de nombreux CEGEPs et universités ont gardés les militaires
recrutant pour la guerre en Afghanistan hors des écoles du Québec.
Dans le cadre de cette campagne d’action, le message en faveur de la
non-violence se devait d’être sans ambiguité. Le message central de la
campagne à véhiculer était : les écoles ne doivent pas devenir des lieux où
l’on entraîne les jeunes vers des situations où ils sont en devoir
inévitable « de tuer ou d’être tué ». Ce message ne devait pas qu’être
véhiculé par les militants étudiants, mais aussi les enseignants et
organisations syndicales du secondaire. Une campagne axée sur la
confrontation et des gestes de violence ne pouvait pas fonctionner.
Dans le cadre d'une telle campagne, les militants savaient que le moindre
dérapage serait utilisé contre les militants. La gigantesque machine à
propagande à laquelle ils font face a les moyens de contrer toute action de
violence. C’est à ce titre que la campagne a condamné l'attentat contre un
Centre de recrutement des Forces canadiennes à Trois-Rivières. Il n'a en
rien contribué à la campagne et ne fait pas le poids face aux images
d'enfants manipulant des armes dans les camps de cadets et dans le
Vieux-Port de Montréal.
Campagne d’opposition au recrutement militaire dans les écoles.
www.antirecrutement.info/?q=fr/node/4
Les réactions de l’armée
www.antirecrutement.info/?q=fr/node/2354
Nécessité de recherche
Ce rapide survol de nombreux jalons de l’action radicale pacifique des
divers mouvements québécois nous donne véritablement un contexte dans
lequel se situe l’action actuelle des mouvements étudiants. La lutte
populaire par des moyens pacifique est profondément ancrée dans l’histoire
de la province et dans la tradition communautaire québécoise. Ce qui saute
aussi aux yeux, c’est que cette longue tradition est profondément méconnue
et nécessite des recherches.
On a souvent l’impression que certains groupes, ou certaines factions
militantes ne saisissent pas la réalité, le fait qu’une majorité des gestes
populaires qui ont été à l’origine d’avancées importante dans la
social-démocratie québécoise se sont matérialisée par une action radicale,
un engagement ferme et systématique, mais pacifique gagnant ainsi l’appui
de la population.
Le défi majeur de l'action militante reste toujours de maintenir le lien
avec la réalité du terrain et des groupes. Il faut bien que les moyens de
l'action militante favorisent la mobilisation des victimes et permette au
plus grand nombre de passer à l'action. Il s’agit de faire en sorte que
l’action sociale débouche sur un véritable mouvement de masse, et de
changement au bénéfice du bien commun.
Le pouvoir doit pencher du côté de la population pour obtenir des gains,
même dans un contexte de lutte sociale radicale.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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