Cap sur l’indépendance

Retour à l’essentiel

Reprendre en mains les rênes de notre État et se libérer du carcan fédéral

Chronique de Richard Le Hir


Toutes ces histoires d’accusations lancées à droite et à gauche ont pour effet de nous distraire et de nous amener à nous diviser entre nous. Il est grand temps de revenir à l’essentiel, c'est-à-dire à la reprise en main par les Québécois de leur État et à l’extension de sa compétence à tous les champs qui lui échappent dans le cadre du système fédéral actuel.
Aucun dossier n’illustre mieux la pertinence et la nécessité d’une telle démarche que celui de la propriété et de l’exploitation de nos richesses naturelles. Si le Québec n’était pas immensément privilégié sous ce rapport, cette problématique n’aurait pas la même importance et ne se trouverait pas au cœur des enjeux de notre avenir.
Il y a exactement 13 mois, j’écrivais sur Vigile un article intitulé « Un carcan et des œillères qui nous empêchent de voir clair » dans lequel je décrivais la chance que nous avons, nous les Québécois, d’avoir un pays si riche. Et je mentionnais non seulement l’eau, notre « or bleu », mais également le pétrole et le gaz.
C’était à l’époque où le gouvernement Charest était engagé dans des grandes manœuvres avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick et certains intérêts privés dont l’effet aurait été de faire perdre au Québec son contrôle sur Hydro-Québec, et où il bradait en catimini pour une bouchée de pain les droits d’exploration pour les gaz de schistes.
Dans le courant de l’année, les œillères se sont levées et les Québécois ont commencé à saisir l’importance de la propriété et du contrôle de nos richesses naturelles pour assurer notre avenir.
Des questions fondamentales de sécurité se sont posées sur l’exploitation des gaz de schistes, questions que le gouvernement Charest, de connivence avec l’industrie, a d’abord balayées sous le tapis, puis dont il a fini à contrecœur par reconnaître l’existence en référant le dossier au BAPE pour avis. Et bien que le BAPE ait conclu à la nécessité de procéder à des vérifications approfondies, le gouvernement Charest est bien résolu à aller de l’avant dans un délai de deux ans.
Pourtant, des voix très sages et pas du tout suspectes de biais « écolo-gaucho » s’élèvent pour nous rappeler que la sécurité absolue constitue la condition sine qua non du développement des gaz de schistes. Ainsi, pas plus tard qu’hier, un éditorial du New York Times justement consacré à cette question énonçait le problème dans des termes très simples simples qui tombent sous le sens pour tout le modes, sauf pour Jean Charest et Lucien Bouchard :

« The issue here is not whether the country should be drilling for natural gas, which is an important source of energy as well as jobs in places like Pennsylvania and New York. The issue is whether it can be done safely. »


Et advenant que cette sécurité ne puisse être assurée,
« We would hope that [the New York State Department of Environmental Protection] prohibits drilling altogether in two watersheds that supply millions of people with unfiltered drinking water, while imposing the strictest possible drilling standards elsewhere. »


Autrement dit, tant que la sécurité n’est pas assure à 100 %, la question des retombées économiques ne se pose même pas.
Et depuis hier soir, nous savons aussi que le Québec pourrait devenir une province productrice de pétrole. En effet, le gouvernement fédéral et le Québec ont conclu une entente sur l’exploitation du gisement Old Harry dans l’estuaire du St-Laurent. Aux termes de cette entente, le Québec pourra percevoir la totalité des redevances sur le pétrole, comme c’est le cas pour Terre-Neuve et l’Alberta. Cette entente n’a donc aucun caractère exceptionnel. Ce qui est exceptionnel, c’est qu’il ait fallu autant de temps à Ottawa pour reconnaître que le Québec devait jouir du même régime que celui dont jouissaient déjà les autres provinces.
Si la décision survient maintenant, ce n’est sûrement pas l’effet du hasard. Au Canada anglais, on est convaincu que les Québécois succomberont au chant des mêmes sirènes que les autres provinces, et que alléchés et aveuglés par l’imminence de la manne, ils lâcheront la proie pour l’ombre. Dans ce cas-ci, cela voudrait dire s’embarquer les yeux fermés dans le développement du gisement Old Harry par peur de se faire voler par Terre-Neuve, sans se préoccuper des aspects environnementaux.
Sur le plan de la rentabilité électorale immédiate, on voit tout de suite les retombées favorables potentielles pour Ottawa. Charest s’imagine aussi qu’il peut en retirer un bénéfice. Old Harry et la possibilité pour lui de dénoncer les milieux indépendantistes pour cause d’antisémitisme, c’est du bonbon. Un moyen enfin de « passer à autre chose », comme il le dit si bien, et faire oublier les effluves de corruption qui émanent de son gouvernement, de son parti et de ses « p’tits amis ».


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La différence, c’est que les Anglais sont maîtres chez eux et que nous ne le sommes pas. Ils ont un avenir, et nous, nous sommes en train de nous faire voler le nôtre.
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Alors, allons-nous être dupes et tomber dans ce panneau ? J’ose espérer que les Québécois, les indépendantistes et le PQ ont acquis au fil des expériences suffisamment de maturité pour réaliser que tout ce qui se trame en ce moment ne vise qu’à les déposséder de leurs ressources, de leur identité, et de leur avenir. D’où l’importance pour eux, maintenant que les œillères sont tombées et qu’ils comprennent ce qui est en train de se passer, de s’engager dans la reconquête de leur État en se débarrassant tout d’abord de Charest et du PLQ, et ensuite de se débarrasser du carcan fédéral qui est en train, lentement mais sûrement, d’assurer leur extinction.
Et pour ceux qui pourraient encore en douter, cette nouvelle ce matin : LE PARTI LIBÉRAL VEUT RENONCER À L'APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS POUR LES NOUVEAUX IMMIGRANTS, alors que, au moment même ou presque, l’Angleterre choisit pour sa part exactement la voie contraire :
« The final package to come into force from April involves tighter rules on the accreditation of private colleges that can sponsor overseas students; tougher English language requirements; tighter rules on students working part-time; restrictions on which students can bring dependants with them; maximum time limits of between three and five years on the length of courses; and changes to the post-study work route. »

La différence, c’est que les Anglais sont maîtres chez eux et que nous ne le sommes pas. Ils ont un avenir, et nous, nous sommes en train de nous faire voler le nôtre.


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2011

    Richard le Hir:''J’ose espérer que les Québécois, les indépendantistes et le PQ ont acquis au fil des expériences suffisamment de maturité pour réaliser que tout ce qui se trame en ce moment ne vise qu’à les déposséder de leurs ressources, de leur identité, et de leur avenir.''
    Je relisais la définition de la Politique de la Terre Brulée dans Wikipedia:
    ''La politique de la terre brûlée est une tactique consistant à pratiquer les destructions les plus importantes possibles, impliquant, en cas de conflit militaire, de détruire ou d'endommager gravement ressources, moyens de production, infrastructures, bâtiments ou nature environnante, de manière à les rendre inutilisables par l'adversaire.
    Cela peut concerner une tactique offensive, consistant à ravager les territoires de l'adversaire afin de l'empêcher de reconstituer ses forces ou de trouver un refuge, ou bien une tactique défensive consistant, face à une armée d'invasion, à se déplacer ou à se retirer (retraite) en détruisant ou en brûlant tout derrière soi (habitations, récoltes, bétail, routes, ponts, moyens de communications et de production), afin d'ôter à l'ennemi toute possibilité de ravitaillement.''
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_de_la_terre_br%C3%BBl%C3%A9e
    C'est bien ce qui nous arrive n'est-ce pas?
    Sauf que dans le cas des russes eux se défendaient des allemands qui envahissaient leurs terres.
    Ici ce sont des québécois-collabos qui brûlent les ressources de leurs propres frères et soeurs en échange de considérations présentes et futures de leurs maîtres.
    Et aussi incompréhensible que cela puisse paraître,ces mêmes collabos se font élire par leurs victimes qui ne voient pas le stratagème,ne décodent pas le mensonge et ne voient pas que leur existence en tant que nation est en péril!!!
    Comme un pattern de couple sado-maso qui se nourri de sa psychose.
    Ce qui me rappelle un bout du texte des Loco Locass dans ''Montréal est en Guerre'' ou il est dit:
    ...des peuples terrifiées signent eux-mêmes leur arrêt de mort. http://www.youtube.com/watch?v=nIn6xZZYrQc
    Et dans des moments de sommeil-éveillé me semble que je nous vois nous diriger collectivement vers l'abîme,comme un troupeau de bisons consentant poussé par son berger.
    Ce qui m'amène à cet extrait de Fu Man Chu de Charlebois:
    ....''Lorsque le héros attaché
    par le cou sur la voie ferrée
    constate qu’il est abandonné
    et que le train va arriver
    HELP SOMEBODY HELP SOMEBODY
    Je fais un rêve réveillez-moé
    Le train s’en vient
    Tch tch tch tch
    Le train le train va arriver.....''
    Sauf que c'est pu un rêve,on est d'ans jusqu'aux dents ...

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2011

    Pendant que M. Le Hir site le New York Times:
    "Autrement dit, tant que la sécurité n’est pas assurée à 100%, la question des retombées économiques ne se pose même pas."
    ...un participant se croit bien malin de répéter cet anachronique aphorisme: "...les écolos vont hurler..."
    L'énergie ne peut plus être opposée à l'écologie: si une forme d'énergie dépassée n'est plus compatible avec la qualité de vie sur cette planète, il faut la remplacer par forme d'énergie qui le sera. C'est la seule façon moderne de développer.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2011

    Jean-Thomas Bernard parle de 200 à 300,000 barils par jour qu'on pourrait tirer d'Old Harry (le Québec en consomme 400,000).
    «En se fiant aux redevances que perçoit Terre-Neuve (20 $ le baril), Jean-Thomas Bernard calcule que Old Harry rapporterait entre 4 à 6 millions $ par jour, donc des revenus de 1 à 2 milliards $ par année pour le Québec. «Peut-être 3 milliards $, s’il s’agit vraiment de bon pétrole et que les prix continuent d’augmenter», a-t-il ajouté.
    http://lejournaldemontreal.canoe.ca/journaldemontreal/actualites/national/archives/2011/03/20110325-063301.html

  • Archives de Vigile Répondre

    25 mars 2011


    Vous avez raison monsieur Le Hir, retournons à l'essentiel.
    André Vincent

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2011

    Salut M.Le Hir
    N'eut été de l'attaque en règle des libéraux contre le site Vigile.net, je n'aurais pas réagi aujourd'hui sur ce site. Mais trop c'est trop. John James Charest est devenu le nouveau Edgar Roover de l'époque du Maccartisme. Avoir en sa faveur Gesca, Canoë, Radio-Canada ne lui suffit pas, Charest s'attaque pour la deuxième fois à Vigile.net qui survit grâce à de maigres donnations du public. Sur Canoë présentement, trois chroniqueurs vedettes (Martineau, Duhaime, Hébert) s'attaquent au Bloc québécois comme larons en foire and you call it démocracy...
    http://blogues.canoe.ca/ericduhaime/general/le-bloc-trudeauiste/

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2011

    M. Le Hir,
    Moi aussi, je crois qu'il est temps de revenir à nos pénates.
    Le but, jusqu'à tout récemment, était :
    "Charest voleur dégage" pour reprendre le slogan d'une bannière vue à la manifestation du 12 mars 2011.
    Le cas Del Negro étant réglé par les écrits de M.Mathieu, la preuve étant que celui-ci a disparu du site QIC et que les journaux commencent à diffuser le tout, c'est à souhaiter que les journaux francophones le diffusent également ???
    Ce qui enleverait au PLQ de Charest la diversion en attaquant Vigile.
    Alors maintenant oui "Cap sur l'indépendance" et le premier pas est de continuer à étudier, décortiquer et trouver dans les dossiers des libéraux les failles et cachotteries.
    Et je m'excuse M.Le Hir mais je compte énormément sur votre savoir ainsi que les différents auteurs selon leurs compétences respectives de Vigile pour nous informer.
    Merci d'être là.
    Lise Pelletier

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2011

    Old Harry c'est un petit Klondyke, une sorte de miracle qui ferait tilter Robert Bourassa! C'est 2 milliards de barils de pétrole. A 150$ (d'ici un an ou deux) c'est 300 milliards de dollars au nord des Iles. Le PIB du Québec pendant un an.
    Reste à voir comment on va l'exploiter. Avec les écolos qui vont hurler et les p'tits amis qui vont chercher à se remplir les poches, attendez-vous à un gros show dans les prochaines années.
    Rappelons que l'Ile Anticosti contient entre 30 et 70 milliards de barils. On peut en sortir entre 5 et 10%, soit 1,5 milliard à 7 milliards de barils.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2011

    J'abonde dans le sens de vos propos monsieur Le Hir, mais je pense néanmoins qu'il faut mettre aussi l'accent sur la pression qui doit s'intensifier pour que Charest dégage.
    Je me permet de dire même si c'est légèrement hors propos, que la Vigile qui s'annonce doit faire partie de nos travaux de fin de semaine, jusqu'à ce que le peuple obtienne entière satisfaction et qu'on se débarasse de ce faux-frère qui espère qu'on oubliera qu'il doit se tenir une Commission d'enquête sur les malversations dont peut-être il est à la marge.