Réparer Montréal

Corruption à la ville de Montréal


On dit que Montréal est ingouvernable. Que c'est une ville difficile à gérer parce qu'elle est dirigée par 19 maires. Que les arrondissements ont trop de pouvoirs. Ce sont des récriminations qu'on entend depuis plusieurs années déjà et qui expliqueraient l'immobilisme actuel de la métropole.
Le temps est venu d'analyser la situation et de poser un diagnostic objectif sur les structures de gouvernance de Montréal.
Dans les années récentes, plusieurs suggestions ont été émises. Du côté de Vision Montréal par exemple, Benoit Labonté propose entre autres de centraliser les services d'urbanisme et de déneigement et de retirer aux arrondissements le pouvoir d'imposer une surtaxe. Le maire de l'arrondissement Ville-Marie souhaite également rétablir l'équité entre les arrondissements.

À Projet Montréal, on est plus radical. Dans un mémoire déposé dans le cadre du projet de loi 22, en novembre 2007, le parti dirigé par Richard Bergeron proposait l'abolition du conseil d'agglomération (qui serait remplacé par un conseil municipal élargi) ainsi que la disparition pure et simple du comité exécutif (qu'on remplacerait par des commissions comme dans certaines villes canadiennes).
Certains, comme le conseiller Cosmo Maciocia ou le pdg de Juste pour rire, Gilbert Rozon, proposent de réduire le nombre d'arrondissements (M. Rozon est également adepte de la centralisation) alors que d'autres fantasment et rêvent de revenir à l'époque d'avant les fusions.
On le voit, les solutions vont dans tous les sens.
D'où l'urgence de mettre sur pied un groupe de travail qui étudierait la situation actuelle.
Il n'est pas question de tout effacer et de recommencer à zéro, mais bien de proposer des modifications qui permettraient une meilleure gestion de la Ville ainsi qu'une meilleure prise de décision.
Avant d'arriver à l'étape des solutions, il faut d'abord brosser un tableau clair de l'administration municipale. Qui comprend vraiment le fonctionnement de Montréal aujourd'hui? On ne sait plus qui est responsable et imputable au sein de cette administration.
On entend souvent dire que personne n'a envie de se lancer dans un débat de structures, que les Montréalais n'ont pas envie d'entendre parler de gouvernance. Cette attitude est non seulement réductrice, elle est dommageable pour Montréal. S'il est vrai que les problèmes de gouvernance expliquent l'inertie actuelle, alors la métropole ne peut plus se payer le luxe de remettre ce débat à plus tard.
Si l'absence de leadership montréalais est due, en partie, aux problèmes de structures, alors réglons-les.
Pour pouvoir réparer Montréal, il faut que la ministre des Affaires municipales nomme rapidement un groupe de travail à qui on confierait le mandat d'examiner en profondeur la gouvernance de la Ville de Montréal et d'émettre une série de recommandations objectives et non-partisanes. La gouvernance doit également figurer au nombre des enjeux qui seront débattus durant la campagne électorale qui s'amorce. Les partis doivent s'engager à améliorer le fonctionnement de la Ville. L'équipe choisie pour diriger Montréal le 1er novembre prochain pourra s'appuyer sur les conclusions du groupe de travail pour apporter des changements.
Louise Harel disait récemment qu'elle avait «mal à sa ville». Elle n'est pas la seule. Bon nombre de Montréalais ont l'impression de ne plus comprendre leur ville. Il est temps de se mettre à la tâche.
nathalie.collard@lapresse.ca


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé