Gaz de schiste (2)

Renverser la vapeur

Gaz de schiste


Nous vous présentons le dernier de deux éditoriaux sur l'exploitation du gaz de schiste.
Le gaz de schiste peut rapporter beaucoup, tant d'un point de vue économique qu'environnemental. Mais cela ne doit pas se faire à n'importe quel prix.
Le gouvernement Charest, hélas, est de l'avis contraire. Il a dit non à un moratoire, non à une évaluation stratégique, non à un mandat prolongé du BAPE, non à un véritable rapport préalable à la consultation.
Bref, il a mis de côté son rôle de gardien du bien commun, optant pour un empressement d'autant plus suspect que de nombreux membres de la famille libérale s'installaient au même moment aux premières loges de l'exploitation...
La colère étant à son comble, le gouvernement doit mettre une croix sur l'exploitation, ou renverser la vapeur. Comment faire? En comblant le déficit de consultation en amont, dont il est responsable, par un système d'encadrement solide et crédible en aval.
Cela implique deux choses, en plus d'une réglementation technique sévère. L'abolition de l'article 246 de la Loi sur l'aménagement, qui permet aux minières de sévir sans transiger avec la municipalité ni même le propriétaire du terrain. Et la mise sur pied d'un processus d'autorisation crédible qui réunit villes et citoyens.
Rien ne justifie, en effet, que chaque parc éolien, bout de gazoduc et dépotoir fasse l'objet d'une consultation, mais pas le forage du sous-sol québécois en pleine zone habitée... En même temps, il faut éviter de multiplier par 100 le nombre d'audiences du BAPE dans la province.
Il faut donc une formule souple et rigoureuse. On pourrait, par exemple, exiger du promoteur la tenue d'une consultation publique selon des paramètres précis. De celle-ci découlerait des directives claires, élaborées par la direction régionale du ministère de l'Environnement, afin de préciser les balises de l'étude d'impact.
Le promoteur aurait ensuite à produire une telle étude, en faisant preuve de transparence, laquelle serait soumise à la ville pour consultation et au ministère de l'Environnement pour approbation et enfin, le cas échéant, autorisation. Une fois le forage entamé, le Ministère s'assurerait ensuite d'un suivi serré afin que les écosystèmes et milieux de vie soient protégés.
Plus encore qu'une participation de tous les acteurs, il faut surtout que les Québécois y trouvent leur compte. Cela veut dire que les riverains soient justement compensés, qu'un généreux barème de redevances sur l'eau et le gaz soit appliqué et qu'un fonds pour les générations soit créé. Et enfin, que le gouvernement élabore une politique incitative musclée garantissant la substitution à grande échelle du mazout par le gaz.
Le cas de la Norvège montre qu'il est possible d'extraire une ressource en respectant l'environnement, les collectivités et les générations futures. Avec des normes exigeantes et respectueuses des populations, le Québec peut certainement, lui aussi, faire fructifier ses richesses dans une optique de développement durable.


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