COMMÉMORATION DE LA BATAILLE DES PLAINES D’ABRAHAM

Rappeler quoi au juste!

1759-2009 : la résistance



La Commission des champs de batailles nationaux, un organisme fédéral que
le peuple du Québec ne contrôle pas, a décidé de mettre argent et beaux
efforts pour commémorer la bataille des Plaines d’Abraham, dans un esprit
festif et familial.
« Le gros voisin d’en face », comme disait Félix Leclerc, va venir chez
nous. Après être venu pour battre notre fils, il vient nous faire une fête
… Il va nous raconter « notre » histoire à sa manière.
Il va gommer l’horreur de cette guerre d’une grande violence qui a vu la
destruction de tous les villages acadiens du golfe du Saint-Laurent, de
toutes les fermes de la côte sud du fleuve, du bombardement quasi complet
des habitations de la ville de Québec. Une guerre ethnocide commandée et
planifiée froidement, efficacement mise à exécution par James Wolfe comme
en témoignent des lettres de ce triste général.
Un de ses fiers soldats a écrit dans son journal : « Nous avons brûlé et
détruit jusqu'à quatorze cents belles fermes, car, pendant le siège, nous
étions les maîtres de leur pays, le long de la rive, et nous envoyions
presque continuellement des groupes pour ravager la campagne, si bien que
cela leur prendra un demi-siècle pour réparer les dégâts ».
La conquête britannique a été un anéantissement de zones civiles qui n’a
rien à envier en horreur aux guerres modernes que nous dénonçons
périodiquement dans les rues. Encore aujourd’hui, on nous rappelle le
statut de conquis de notre peuple. Certes, il y a la présence de nombre de
rues ou de lieux nommés en l’honneur des conquérants qui, de nos jours,
pour plusieurs, seraient condamnés pour crimes de guerre. Mais, le plus
insidieux sont les serments des députés ou des nouveaux arrivants à une
royauté qui ne s’est jamais excusée des horreurs et des injustices qu’elle
a fait subir au cours des siècles.
Il n’y a pas ici matière à fêter, ni à banaliser. Des faits sont à
rétablir. Le Canada et le Québec doivent assumer les horreurs subies par
les ancêtres d’une partie importante notre population, lors de la conquête.
Ces horreurs et les injustices qui ont suivi dans le temps doivent être
formellement reconnues et ne plus être occultées. Nos pratiques
institutionnelles devraient être révisées dans un esprit de réconciliation
et de respect.
Peu importe l’avenir constitutionnel du Québec, c’est à ce prix et à ce
prix seulement qu’un rapport égalitaire, et sans sous-entendu, peut être
fondé entre nos peuples. Pour le moment, rien n’est encore réglé.
Maria Mourani
Députée d’Ahuntsic
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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