Rabaska: Québec appuie sur la pédale de gaz

En levant le dernier obstacle au projet, le ministre Claude Béchard a mis la table pour la réalisation du port méthanier Rabaska.

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Rabaska


(Photo Le Soleil)

Malorie Beauchemin - Le gouvernement de Jean Charest a levé, hier, le dernier obstacle au controversé projet de port méthanier Rabaska, en retirant le dossier des mains de la Commission de protection du territoire agricole.


De nouveaux délais dans l'analyse de ce dossier pourraient entraîner la mort du projet, a soutenu hier le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard. «Dans trois mois, dans six mois, peut-être qu'il va être trop tard, qu'il n'y aura plus de source d'approvisionnement en gaz naturel. Ceux qui ont ce gaz-là, en Russie, en Algérie, sont présentement dans une période où ils négocient, où ils signent, et il y a beaucoup de demandes.»
Le 19 septembre, la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) a refusé de modifier le zonage des terres agricoles sur lesquelles les promoteurs veulent construire le projet, jugeant que la ville de Lévis n'avait pas fait la preuve que le terminal méthanier ne pouvait s'installer ailleurs que sur les terrains convoités.
La Commission donnait alors 30 jours à la municipalité pour répondre aux exigences. Selon le ministre Béchard, le processus à la CPTAQ aurait pris un minimum de trois mois et aurait pu s'éterniser bien davantage, retardant d'aussi longtemps la décision gouvernementale.
La Loi sur la protection du territoire agricole lui permet, par un avis écrit, de dessaisir la Commission du dossier. Ainsi, il ne manque plus qu'un décret ministériel pour autoriser le terminal méthanier, qui doit être construit sur la rive sud du fleuve, en face de Québec.
Mais le ministre Béchard se défend bien d'officialiser l'approbation du gouvernement, dont la décision finale devrait survenir d'ici deux semaines. Concernant la CPTAQ, la décision, qui a reçu l'aval du Conseil des ministres, permet à Québec d'éviter de nouveaux délais et d'envoyer un signal clair aux promoteurs du projet.
«On a respecté toutes les étapes, on a respecté tout le processus d'audiences publiques en environnement et, à un moment donné, il faut envoyer des signaux de la part du gouvernement si oui ou non on est pour le développement économique, le développement énergétique, et si l'on veut de l'activité économique sur notre territoire», a dit M. Béchard.
Plusieurs ministres du gouvernement Charest se sont prononcés en faveur du projet dans les dernières semaines. «Notre stratégie énergétique vise à diversifier notre portefeuille et raffermir et assurer nos approvisionnements en gaz naturel, a expliqué le ministre des Ressources naturelles. S'il n'y a pas de projet au Québec, c'est sûr qu'on n'a pas de gaz naturel. Notre dépendance énergétique sera plus grande.»
Le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) s'est déjà prononcé en faveur du projet de 840 millions, malgré qu'un port méthanier soit réputé pour produire des gaz à effet de serre.
Plusieurs groupes environnementalistes militent depuis des années contre la construction d'une telle infrastructure, qui accueillerait les bateaux transportant du gaz naturel liquéfié. Un projet similaire de port méthanier, à Gros-Cacouna, a déjà reçu l'aval du gouvernement.
Pour le critique de l'opposition officielle adéquiste en matière d'énergie, Richard Merlini, la décision de retirer le dossier à la CPTAQ démontre «à quel point le gouvernement gère mal ses projets de développement économique».
«Ça fait trois ans que Rabaska est dans les cartes. Pourquoi, à minuit moins une minute, le gouvernement se réveille et décide d'agir», a souligné le député de Chambly, dont le parti s'est prononcé en faveur du port méthanier, mais dans le respect des organismes de surveillance en place, comme la CPTAQ. Or, M. Merlini estime que de «faire fi de l'opinion de sa propre agence» minera la crédibilité du Québec sur la scène internationale.
Le Parti québécois trouve pour sa part inacceptable la décision du gouvernement Charest. Quelques heures avant la sortie du ministre Béchard, la chef péquiste Pauline Marois a affirmé que son parti serait favorable au projet Rabaska «si et seulement si» le processus devant la CPTAQ était respecté et si la Régie de l'énergie avait évalué les besoins en gaz naturel du Québec pour vérifier la nécessité d'un port méthanier. La porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a estimé que le gouvernement Charest faisait preuve, dans ce dossier, «d'un autoritarisme digne d'un autre âge».
Avec la collaboration de Tommy Chouinard
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