(À Marc Simard) — Au-delà de la prétention et du mépris qui teintent les propos de votre article du 7 novembre 2007, intitulé [«Rabaska : 1000 mauvaises raisons de s'opposer»->10161], il est manifeste, M. Simard, vous n'avez pas eu la sagesse de vérifier au préalable à qui, au fond, vous vous attaquiez ainsi.
Référez-vous à cette science maintenant universellement reconnue du développement durable, issue de la nécessaire recherche d'un avenir viable -— pour ne pas dire vivable — pour notre planète : vous y trouverez une formidable équipe de spécialistes et de penseurs bien documentés, doués de vision, intègres de surcroit.
Songez ensuite que derrière chacune des cinq opinions que vous croyez avoir démoli dans votre écrit du 7 novembre dernier s'imposent de respectables réflexions signées par des éminences québécoises du nom de Grey, Dupuis, Reeves, Dery, Francoeur, Neuman, Junius, Lessard, Mercier, etc.
Auriez-vous été adéquatement documenté sur Rabaska de même que sur les débats environnementaux de l'heure, vous auriez facilement trouvé un niveau de réflexion nettement supérieur sur ces questions : oui, le gouvernement a ouvertement bafoué l'esprit de, non pas une, mais de plusieurs lois québécoises; oui, il dévie gravement de ses engagements envers Kyoto, en misant notamment sur une hypothétique conversion des Québécois au gaz naturel tel un vil parieur, pour couvrir de privilèges un projet privé de la manière la plus interventionniste qui soit, tout cela en spoliant une portion significative de la Capitale nationale au détriment de son intérêt patrimonial mondial.
Vous avez attaqué mon opinion sur les risques pour la sécurité d'un projet de port méthanier implanté dans l'étroit chenal maritime près de Québec, en bordure de milieux habités? Du coup, vous vous opposez à des expertises de haut niveau sur le sujet, produites par les Latrimouille, Lasserre, Havens, Fay, Venart et autres spécialistes reconnus. Mais même sans ces études, le simple bon sens populaire vous aurait indiqué que le projet est imprudent, que les 126 enfants de l'école primaire de Saint-Laurent I.O., par exemple, dont vous vous souciez par ailleurs de la bonne alimentation, n'ont pas à risquer leur vie en jouant dans une cour de récréation aussi près que 600 mètres du passage prévu des méthaniers de Rabaska, une distance presque trois fois moindre que la norme américaine. D'ailleurs, le Canada est fermement résolu à bloquer le passage de méthaniers dans la baie de Passamaquody au N.B. pour exactement les mêmes raisons.
La vérité dont vous vous réclamez, M. Simard, dans le dossier Rabaska ne me semble ni crédible, ni attrayante. Elle m'apparait même tout à fait déconnectée de l'opinion publique québécoise à laquelle vous prétendez appartenir : dans une perspective historique, nos aspirations au Québec s'inscrivent bien plus dans les grands courants avant-gardistes mondiaux proches du développement durable, en s'éloignant résolument des préceptes bassement capitalistes qui ont perverti notre développement dans le passé.
Pour rassurer cette «opinion publique» sur la capacité des enseignants à produire des analyses éclairées, je référerais bien plus à l'excellente réflexion intitulée [«Une vache laitière dans le salon…»->9575] du professeur de théologie Louis O'Neill, publiée dans ce même quotidien le 14 octobre dernier.
Anna Bradl
Enseignante au secondaire
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