Comme on s'y attendait, une bonne partie des futurs hôpitaux universitaires montréalais sera construite en partenariat public-privé (PPP). Nous avons souvent exprimé nos réserves face à l'utilisation de ce modèle, mais au moins, Québec semble s'être gardé une marge de manoeuvre.
D'abord, les hôpitaux lui appartiendront dès leur inauguration. Et s'il veut faire des réaménagements durant la période où il est lié par contrat au groupe qui construit et entretient l'édifice, il pourra faire appel à d'autres soumissionnaires.
Quoi qu'il en soit, l'heure n'est plus aux atermoiements. Ces projets piétinent depuis trop longtemps, il est temps de les faire lever de terre.
Les maîtres d'oeuvre n'étant pas encore choisis, il faudra attendre encore deux ans avant que les chantiers se mettent en branle. D'ici là, ce n'est pas le boulot qui manque.
Québec, Montréal et les directions des hôpitaux ont tout un travail de vente à faire auprès de la population. Ce ne sera pas évident. En huit ans, on a vu tant de volte-face et de pelletées de terre sans lendemain que le scepticisme est devenu la norme dans presque tous les milieux. Mais des institutions publiques de cette envergure se doivent d'être rassembleuses.
Il faut arrêter de parler du béton. Les milliards consacrés à la construction de ces grands hôpitaux ne sont pas des saignées dans le budget de la santé, mais des investissements dans la science et l'innovation. Ils permettront de former, de retenir et d'attirer des spécialistes de grande qualité qui offriront des soins à l'ensemble des Québécois. Les recherches qu'ils mèneront pourraient même donner un second souffle au secteur des biotechnologies, qui en a grand besoin.
D'accord, la construction ne sera pas de tout repos. Il y aura du bruit, de la poussière et même, oui oui, des bouchons de circulation. Le centre-ville n'est pas l'endroit idéal pour construire le CHUM, mais les deux autres emplacements étudiés ne l'étaient pas non plus. Les Montréalais devront faire contre mauvaise fortune bon coeur. Si on aime voir des grues dans le ciel, il faut accepter que des orteils soient écrasés au passage.
Quant à la communauté d'affaires, il est temps qu'elle enterre ses vieilles rancunes, aussi justifiées soient-elles, au sujet du site d'Outremont. La Fondation du CHUM, qui doit récolter 300 millions pour son futur hôpital, n'a même pas réussi à trouver de président pour sa a campagne de financement. Une telle frilosité étonne de la part de notre élite économique, réputée pour son esprit d'entreprise et son goût du risque. N'y a-t-il vraiment personne pour relever le défi?
L'heure n'est plus aux récriminations, mais à la mobilisation. La plus grande responsabilité, à cet égard, reposera sur les gouvernements qui seront en poste à Québec au cours des prochaines années: garder le cap. Il a déjà fallu augmenter les budgets de plusieurs dizaines de millions de dollars pour tenir compte de l'inflation. Tout délai supplémentaire ne fera que gonfler la facture. L'attente a assez duré, il est temps d'opérer.
akrol@lapresse.ca
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